Acte IV, scène 1.

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Morran et Diril.


Morran se rend devant la geôle de son quatrième frère. Celui-ci est assis en tailleur et semble être resté digne malgré la disgrâce qu'il connaît. Sa cellule est remplie de paille, ce qui n'est pas donné à tous.

MORRAN Je constate que vous n'avez pas si mal terminé. Même avec votre odieuse trahison, vous êtes toujours privilégié.

DIRIL, pouffe Pensez-vous que cette prison soit confortable ? Je peux vous assurer que non. Depuis hier, j'ai eu le temps de réfléchir. Beaucoup. J'en viens presque à regretter d'avoir envoyé des criminels ici. Cet endroit est tout bonnement atroce.

MORRAN, railleur Effectivement, c'est honteux. On ne devrait pas y laisser un Prince ! Est-ce à ce genre de chose que vous pensez ?

DIRIL A ce que je comprends, vous n'êtes pas venu pour prendre de mes nouvelles. Je savais qu'on ne me plaindrait point, mais vous êtes-vous au moins interrogés sur ma culpabilité dans cette histoire ?

MORRAN Je ne serais pas face à vous, si je ne m'étais pas questionné, mon frère.

DIRIL Vous et votre sens du devoir. Vous feriez un Roi juste. Dommage que cela ne suffise pas pour se retrouver sur le trône.

MORRAN Devrais-je être un Roi comme vous, alors ?

DIRIL Comme moi ? (rit nerveusement) Ah ! j'aurais apprécié vous ouvrir la voie, me vanter d'être le plus intelligent de nous deux, de vous rabaisser à votre véritable place, qui est en dessous de moi. Seulement, je ne pourrai plus désormais. Je n'aspire à plus rien. Je ne suis plus rien. Un Prince déchu dont la pendaison est prévue pour bientôt.

MORRAN Et vous savez quoi ? Personne ne vous pleurera, très cher frère.

DIRIL  Vous avez sans doute raison. Mais pourquoi ?! Qu'ai-je fait de si mal pour que le monde me rejette ainsi ?

MORRAN Par où dois-je commencer ? Peut-être est-ce parce que vous vous vantiez sans cesse d'être le plus intelligent, que vous rabaissiez les autres à une place qui ne représentait en rien leur grandeur d'âme. Dois-je continuer ?

DIRIL Non, cela suffit. Je vais mourir dans peu de temps. Épargnez-moi votre vue et allez-vous en !... Quel frère turpide vous êtes !

MORRAN Moi ? Je suppose, oui. Mais on ne peut m'en vouloir. La famille et moi sommes deux notions trop différentes.

DIRIL Vous me voyez obligé de confirmer. Il me faut savoir ; êtes-vous de mon côté ? Si vous êtes venu ici, c'est que vous me pensez innocent, n'est-ce pas ?

MORRAN Je ne pourrais être plus certain de votre culpabilité. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si vous aviez des complices. Un coup d'état ne s'effectue pas seul. D'autres vous suivaient dans vos complots, j'en suis persuadé.

DIRIL Ah. Que faire ? Me croiriez-vous si je vous disais que je n'ai jamais tenté un coup d'état ?

MORRAN Non.

DIRIL Pourtant, je n'ai jamais tenté un coup d'état. Je n'en ai pas besoin. Notre père ne tiendra pas éternellement sur ce trône. Notre premier frère se fera rapidement destituer pour son incompétence à gouverner. Le second Prince se préoccupe bien trop de la perte de sa femme pour entrevoir quoi que ce soit d'autre. Et Tyvan est totalement effacé. Le peuple ne voudra pas d'un monarque tel que lui. Le trône serait venu à moi.



Ethrian IV - LilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant