Acte IV, scène 2.

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Morran, Diril, un garde et le Roi.


Un garde suivi du Roi les rejoignent. Morran s'incline respectueusement devant son père, mais Diril n'esquisse aucun mouvement. Le Roi l'observe sévèrement.

ROI Vous me fixez comme si je vous avais mis dans cette geôle.

DIRIL N'est-ce pas le cas ?

ROI Vous êtes ici à cause de vos choix, mon fils. Vous voir aussi misérable me brise le cœur.

DIRIL En effet, vous êtes à pleurer !

MORRAN Mon frère ! Allons ! Au lieu de nourrir votre colère, essayez plutôt de vous racheter. Donnez-nous le nom de vos complices.

DIRIL Je le répète, bien que l'on ne m'écoute guère, je n'ai pas voulu un coup d'état. Vous me condamnez pour un crime que je n'ai pas commis. J'espère - non, je prie - pour que vous en ayez un jour conscience et que la culpabilité vous ronge.

GARDE Votre Majesté, le peuple dehors s'impatiente. Beaucoup de villageois se sont déplacés pour assister à l'exécution du quatrième Prince.

DIRIL Que disions-nous à l'instant ?! Je suis détesté.

ROI Vous ne parlerez pas, fils. Alors, je ne peux plus rien. Gardes, emmenez-le.

MORRAN Père, attendez !

Le cinquième frère parait précipité, pris de court.

MORRAN Diril, parlez sans tarder ! Expiez vos fautes et soyez pardonné.

DIRIL Pourrais-je l'être ?

MORRAN Uniquement si vous nous donnez le nom de vos complices ! Maintenant, il s'agit de votre dernière chance. Avouez ou mourrez.

DIRIL, narquois Devrais-je donc mourir ?

MORRAN Diril, cessez vos plaisanteries ! Ne jouez pas avec votre vie, s'il vous plaît.

Diril se lève et vient contre les barreaux de sa cellule, au plus près de son frère.

DIRIL Regardez-le s'inquiéter pour moi. Vous m'épatez !

MORRAN Diril !

ROI Assez ! J'en ai assez ! Ne remarquez-vous pas le mal que vous me faites ? N'est-ce pas suffisamment dur de devoir tuer son fils pour qu'en plus vous m'infligiez vos railleries ?

Diril baisse la tête.

MORRAN Avouez, mon frère. S'il vous plaît.

DIRIL Je vous l'ai dit. Je suis innocent du crime dont je suis accusé. Néanmoins, je suis bien coupable de quelque chose.

MORRAN De quoi s'agit-il ?

DIRIL J'ai bel et bien incendié le domaine de Tasar avec mes hommes. Cependant, ce n'était pas pour le faire taire. Nous agissions de connivence.

ROI Jusqu'au bout vous m'aurez désappointé, fils.

DIRIL Voyez ! Vous ne me croyez pas ! C'est la vérité que je vous livre. Tasar était avide d'or et moi, je n'en aurais pas refusé. Nous avons œuvré ensemble.

Le visage de Morran s'illumine.

MORRAN Il vous a vendu pour récupérer tout l'or !

DIRIL Pas exactement. Il était en colère que sa femme ai été touchée dans l'attaque. Ce n'est pas ma faute si mes hommes sont des animaux et qu'ils n'ont pu se retenir !

ROI Tout ceci pour m'escroquer. Vous alliez mourir pour quelques pièces.

DIRIL J'ai parlé, mon complice est livré. Laissez-moi la vie sauve.

Le cinquième Prince s'éloigne de la geôle avec son père, ils parlent tout bas.

MORRAN Diril est toujours coupable de trahison, une moindre peut-être, mais c'en est une quand même. Qu'allez-vous décider ?

ROI Il est le sang de ma chair. Je ne me résoudrais à le tuer.

Ils se retournent face à Diril.

ROI Pour votre trahison envers la Couronne d'Ethrian, quatrième Prince Diril, je vous destitue de votre titre et vous condamne à l'exil solitaire. Partez où vous le désirez, mais soyez seul. Menez une vie droite et surtout, ne péchez pas davantage.

DIRIL Des adieux ?

ROI, peiné Vous ne m'en avez pas laissé le choix. Adieu.

Sa Majesté se tourne sous le regard désenchanté de ses fils et quitte les prisons.

MORRAN Gardes, vous l'escorterez jusqu'à nos frontières. Le peuple est hargneux, faites attention à eux.

DIRIL Si j'avais su, Tasar serait mort dans ce maudit château.

MORRAN, surpris Le château, a-t-il vraiment existé ? Je pensais que c'était une invention de votre part.

DIRIL Tout dans son discours était vrai. Même son mauvais traitement. Il fallait que ce soit réaliste.

MORRAN Et est-ce que la servante qui l'a soit disant libéré existe ? Il nous faudrait une preuve, autre que vous, pour attraper Tasar.

DIRIL Cette femme l'a véritablement libéré et il l'a assassiné pour cela. Son évasion devait se dérouler deux jours plus tard. Il n'était pas content qu'elle ait bousculée nos plans.

MORRAN Y a-t-il autre chose qui pourrait le condamner ? Nous ne pouvons agir contre lui. Le peuple l'aime beaucoup trop. Nous ne pouvons l'accuser sans preuve.

DIRIL Vous m'avez été loyal jusqu'à la fin, malgré notre haine mutuelle... (rit nerveusement) Pour cela, je me dois de vous aider. Tasar et moi échangions des lettres, vous les trouverez dans mon bureau à mon domaine. Hâtez-vous, mon frère, car Tasar pourrait bien disparaître.

MORRAN Merci, Diril ! Puisse votre vie être meilleure hors de cette Capitale damnée.

Le cinquième Prince s'en va à toute allure, tandis que les gardes emmènent Diril à son exil.

Ethrian IV - LilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant