L'enlèvement de Lily L. Potter

Chapitre 13 : La Fureur du Survivant

Depuis qu'elle était rentrée, Lily s'était vraiment sentie chez elle. Entourée de sa famille, sa si grande et si aimante famille. Malheureusement ce bonheur avait été de courte durée. La rousse ne pouvait s'empêcher de penser à ce que lui avait dit Nott au sujet de son médaillon. Elle se repassait en boucle ces paroles permettant ainsi au Mangemort d'habiter ou plutôt d'envahir son esprit tout entier et elle détestait cela. Mais il y avait aussi les cauchemars la nuit devenant de plus en plus fréquents, les flashes se répétants incessamment dans sa tête, les questions qu'elle se posait à longueur de journée sans jamais trouver de réponses satisfaisantes et ses efforts pour convaincre son père des véritables intentions du Mangemort, en vain. Celui-ci était beaucoup trop occupé à la couver comme un oisillon tombé du nid. Non pas qu'elle n'appréciait pas son attitude, au contraire elle était reconnaissante de la manière dont il prenait soin d'elle. Le brun faisait en sorte de rentrer très tôt et son premier réflexe était toujours d'aller voir si Lily allait bien. Tout le temps libre qu'Harry possédait, il le consacrait à sa fille. Ils allaient se promener tous ensemble sur la place devant chez eux et également sur le chemin de traverse, comme avant, profitant des derniers jours avec Albus et James avant qu'ils ne repartent pour Poudlard. C'était la première fois que les garçons rechignaient à l'idée de retourner à l'école, quitter Lily leur faisaient peur à tous les deux. Ils s'inquiétaient de la perdre une seconde fois c'est pourquoi eux aussi faisaient leur maximum pour passer du temps avec leur unique petite soeur. Cependant, les journalistes et leurs fichues questions (comme si Lily n'en avait pas déjà assez) se précipitaient sur elle dès que l'occasion se présentait, à la recherche d'informations à propos de l'enlèvement de la dernière des Potter qui semblait grandement les intéresser. Le monde était bien évidemment au courant de ce qui lui était arrivée grâce à la déclaration que sa chère tante avait faite. Or la rousse n'en voulait pas à Hermione ; ils étaient tous désespérés et cette décision paraissait plus que judicieuse en ces moments intenses.
La vie avait du reprendre son cours normal pour tout le monde, sauf pour Lily. Elle ne supportait plus de se retrouver seule à la maison, rares étaient les nuits ou elle parvenait à dormir tranquillement sans la présence de son père ou sa mère. Elle sursautait chaque fois qu'une porte claquait ou frémissait à l'entente d'un bruit suspect qui s'avérait en fait, la plupart du temps n'être que Kréattur, l'elfe de maison entièrement dévoué à Harry. Un guérisseur venait régulièrement pour ses quelques blessures restantes et sa cicatrice impossible, malgré eux, à soigner complètement. Les aiguilles utilisées dans le but de lui faire cette marque sinistre étaient imprégnées de magie noir. Elle pouvait la sentir lui picoter la peau et ne supportait pas de savoir que l'empreinte d'une telle forme de magie, même infime, allait rester gravée sur une partie de son corps. Des bandages, des potions à boire matin, midi et soir, des prescriptions défilantes devant ses yeux, mais rien pour se débarrasser de cette peur, cette obsession qui la hantait jour après jour. Les médicomages affirmaient à ses parents inquiets, qu'elle se rétablissait peu à peu. Elle aurait tant aimé que ce soit vrai, seulement la vérité était dans un tout autre monde, un monde impossible d'accès à ses parents. "On ne voit que ce qui nous arrange". Ils vivaient dans cet idéal : tout finissait par s'arranger, par se réparer un jour ou l'autre. Lily était la preuve du contraire, pour elle, jamais elle ne parviendrait à se reconstruire totalement. Il y aurait toujours quelque chose pour lui rappeler ces tristes épreuves même des années plus tard. Quoiqu'elle fasse, Nott serait toujours derrière elle, caché dans les profondeurs de la nuit. Près à surgir à n'importe quel moment de sa vie. Alors, non, Lily ne se rétablissait pas, elle en était même très loin. Elle ne faisait que s'enfoncer un peu plus chaque jour dans l'immense trou noir que représentait le néant. Celui qu'elle avait vu dans un de ses nombreux cauchemars, lorsque ses parents et leurs amis n'étaient pas arrivés à temps pour la sortir de cet enfer.
Pourtant, malgré l'atroce vide présent en elle, Lily possédait cette petite flamme douce et chaude qui coulait dans ses veines et que son père avait réussit à rallumer. Celle qui brûlait autrefois en elle, lui donnant ainsi l'envie de se battre sans relâche contre le Nott qui lui transperçait l'esprit, tel un virus. Cette force puissante et abondante qu'elle sentait affronter chacune de ses mauvaises pensées ainsi que les particules de magie noir imprégnées en elle. Lily avait bien l'intention retrouver son esprit d'origine, maintenant pollué par la présence malsaine du Mangemort. Elle cherchait la guérison, la guérison de son âme et une seule chose pouvait la lui apporter ; la vérité. C'est pourquoi il fallait qu'elle la dise quoiqu'il lui en coûte, pour se libérer, pour enfin respirer. Mais c'était aussi pour son père, frustré de ne pas savoir ce qui était arrivé à sa fille en détails et ne sachant pas trouver les mots adaptés à ses souffrances. Lily le voyait bien, après tout les efforts qu'il avait mis en oeuvre pour tenter de l'aider, il méritait de savoir ce qui s'était passé dans l'antre du monstre que définissait Nott. Il méritait de connaître la vérité aussi dure qu'elle puisse être pour le sorcier au si grand coeur.
L'occasion se présenta enfin, un Vendredi, en fin de matinée. Comme d'habitude, le temps était au rendez-vous avec une pluie fraîche et claire, une caractéristique du printemps mais aussi de l'état morose de Lily. Elle se trouvait seule dans sa chambre, assise sur le confortable fauteuil bleu ciel, elle observait les gouttes de pluie s'écraser contre le verre de sa fenêtre, d'un air las. La rousse entendit soudain trois petits coups bien audibles à sa porte, puis vit entrer la silhouette musclée par les entraînements difficiles de son père. Il avait les yeux toujours aussi brillants de bonheur, le bonheur d'avoir retrouvé sa fille saine et sauve, le bonheur d'avoir sa famille réunie à nouveau. Ils étaient mystérieusement semblables à ceux de la vieille femme de ses souvenirs et de ses rêves, ainsi qu'un petit sourire accroché à ses lèvres :