Appuyée de mon bras bronzé et tatoué sur le bar, les pieds traînant dans le sable si chaud, où tapaient les rayons de soleil en cette journée d'été, je languissais les cocktails que je nous avait commandé, à Mary et à moi. Ce cocktail si doux et une fois après l'avoir goûté, tu ne peux plus t'en passer, une fois l'avoir bu tu en veux encore plus. Mon regard s'appuyait sur le magnifique paysage devant moi, l'horizon de la mer où les vagues tapaient contre les rochers. Je n'entendais pas ce son si apaisant, mais je l'imaginais au loin, me faisant rêvasser dans mes souvenirs les plus fous, dans mes rêves les plus inattendus.
Les vacances que l'on s'apprêtait à passer allaient être les meilleures depuis très longtemps. J'avais une joie de vivre qui faisait rire Mary. J'étais l'opposé de cette fille. J'étais ce genre de fille qui partait à l'aventure, alors qu'elle était sérieuse à ne jamais sortir de son lit douillet, la tête plongée dans ses bouquins d'études. Elle aspirait les pages, les lisait à une vitesse folle alors que j'étais plutôt du genre a vouloir profiter de ma vie et de ma jeunesse. C'était pas le genre de jeunesse folle composée d'alcool et de clopes mais plutôt celle de vouloir vivre. S'éclater. S'amuser. Rire. J'étais d'une folie inexplicable. J'étais joyeuse, heureuse d'être sur terre.
Parce qu'on peut être sur terre aujourd'hui mais pas demain, on peut mourir du jour au lendemain, parce qu'il faut laisser une trace de notre vivant, parce qu'on est seulement éphémères, parce qu'on ne représente qu'une infime partie de l'univers.
C'était mon père qui m'avait transmis cette pensée qui reflétait tant la réalité. Tant qu'on avait compris cela, on pouvait commencer à vivre de manière folle, sans penser aux autres, à ce qu'ils pourraient dire. On balaie les regards et à partir de cet instant où on comprend ce message, alors on vit, de manière plus gaie. Rien ne pouvait m'arrêter dans ma joie ni dans ma bonne humeur. Nous étions sur la plage de l'hôtel où nous avions réservé nos vacances, installées sur les transat face à ce gigantesque océan.
L'hôtel, si luxueux, était digne d'un quatre étoiles. Lorsque l'on y était entrées quelques heures auparavant, on avait été surprise et étonnée de la splendeur de ce bâtiment décoré de façon très professionnelle.
La mer, d'où s'agitait une montagne d'enfants joyeux, d'où s'échappaient des rires heureux, des familles passant leurs plus belles vacances, était calme, hormis quelques vagues, ce qui, pourtant, avait tout pour amuser ces enfants, perdus dans leur folie, dans leur innocence et leur envie de vivre. Le regard penché sur les petites vagues, la légèreté du vent faisait voler mes cheveux d'une grande délicatesse. Mes pieds, pourtant bien enfoncés dans le sable, me paraissaient si lourds alors que mon corps aurait pu s'envoler à cause de son poids léger et sa silhouette qui était d'une telle finesse.
J'étais prise de souvenirs enfantins où je passais ces étés avec mes parents et mon frère. Je pourrais vous raconter plus tard, peut-être. Quand j'irai mieux et que j'aurai effacé ce souvenir atroce de mon esprit. Mais je le sais. C'est impossible, invraisemblable et inimaginable que je puisse oublier cet épisode de ma vie. Alors j'essaierai de balbutier ces mots pour raconter mon histoire. Mais ce n'est pas le sujet principal.
Mon frère était donc celui qui m'avait tout donné mais aussi tout reprit. Et je vous expliquerai la raison, un jour ou l'autre, quand la deuxième épreuve que j'aurai à traverser sera terminée.
Je ne le savais pas encore, de manière naïve et inconsciente, mais j'allais encore vivre un drame, une situation qui pénètrerait dans mes pensées les plus noires m'empêchant de m'endormir le soir. J'enchaînerai les insomnies, à cause de la peur qui m'envahirait. J'étais dépassée par ces pensées et était si fragile par ces moments douloureux, par cette période qui fût la pire de ma vie.
Je fût prise de céphalées, puis une cacophonie s'ajouta à tout cela. Alors qu'il ne se passait rien de dramatique. Rien de déplaisant, du moins jusque-là. J'étais juste une fille, un peu déjantée, qui pensait à sa famille, qui pensait à une partie d'elle et qui était détruite. J'étais alors allongée sur le sable et quand j'ouvris les yeux, je remarquais un beau brun ainsi que d'autres personnes qui m'entouraient et tous ces regards d'inquiétude étaient braqués sur moi, dans ma direction.
J'essayais de me relever d'un geste brusque. C'est alors que le beau brun m'arrêta dans mon élan pour m'empêcher de me lever.
-« Tu as fait un malaise.»
« Je ne serais pas surpris que ce soit à cause de la chaleur. », ajoutait-il d'une voix rassurante.
-« Oui, sûrement. Je peux y aller? Mon amie m'attend. », répondis-je, d'un rire nerveux.
Il me laissa partir, en me poursuivant du regard. Un regard si doux et si prenant à la fois. Le genre de regard qu'on n'oublie pas tout de suite, celui qu'on met du temps à oublier tellement il nous a envoûtée et captivée. J'étais éprise de son amour pourtant si aveugle et si rude à la fois.
« Merci. », dis-je en prenant les cocktails que me tendait la serveuse.
J'étais gênée et mal à l'aise, car je savais ce qui m'avait amenée à cela. Une simple pensée noire qui m'avait encore joué des tours. Une pensée si horrible qui m'avait encore traversé l'esprit.
Alors que j'avançais vers la plage pour rejoindre Mary, essayant de faire fuir mes idées de la tête, le sable me brûlant les pieds, j'essayais d'oublier ce sarcasme.
À vue d'œil, on pourrait dire que j'avais une vie parfaite, sans défaut ni aucune faille. Pourtant, il fallait creuser cette âme, car au fond elle était détruite. Quand on cherche bien, on y voit un trou noir infini tel un long tunnel dont on ne peut apercevoir le bout.
Mais alors que je pressais le pas pour arriver au plus vite sur le transat si chaud et rassurant, le bonheur absolu que j'avais vécu il y a seulement cinq secondes allait tourner au drame. Pas tout de suite ni à l'instant où je vous parle. Je ne le savais pas encore, mais à ce moment-là, ma vie allait prendre un nouveau tournant. Un nouveau départ pour une nouvelle vie, qui, pourtant, serait pire que celle que j'avais vécue jusqu'à présent.
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Un amour si dur qu'il est si facile à oublier
RomanceC'était un amour éparpillé, un amour condamné, un peu vécu à la légère, avec quelques étoiles au dessus de nos têtes, face à la mer, un beau soir d'été. C'était un endroit de rêve paraît-il. Un endroit qui avait vite tourné au cauchemar, un endroit...