Un soir comme les autres, l'esprit dans les étoiles

29 4 0
                                    

Il avait perdu tout contrôle. Il s'était déchaîné sur eux. Sur ceux qui m'avaient donné la vie. Il avait retiré la vie de ceux qui me l'avaient donnée. Et il avait emporté la mienne au passage. Il s'était perdu, ses esprits l'avaient tourmenté. Louis, cet homme qu'était mon frère, était bipolaire. Il croyait être menacé par mes parents suite à une grosse dispute avant de s'endormir. Et sa mauvaise phase l'avait poussé à passer à l'acte. Selon les médecins, il n'y pouvait rien. Selon eux, il faudrait lui pardonner. Mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi il est malade. Pourquoi mon frère? Je n'accepte pas ce qu'il a fait et je me demande sans cesse depuis ce jour, ce qu'il lui est passé par la tête. Depuis ce jour, ma vie s'est détruite.
On arrivait à destination, à Blois, dans notre appartement.
La fatigue se faisait ressentir. Nous avions roulé pendant plus de quatorze longues heures en seulement deux jours. Nos yeux étaient rouges de fatigue et nos paupières se refermaient seules. Nous avions décidé de se reposer.
« Je ne veux pas être seule, Mary. Pas ce soir », dis-je.
Il était vingt heures. Mary s'était arrêtée sur la route, pour faire des pauses. C'était plus prudent. Surtout que les évènements ne simplifiant pas les choses. Tandis qu'elle avalait son thé, son rituel du soir, qui selon elle fait maigrir, je me changeais pour me mettre en pyjama, avec sa texture si douce et si agréable à porter.
Jamais nous ne nous étions couchées aussi tôt, mais il le fallait pour toutes les deux. Pour essayer de se remettre de la journée.
Très vite, Mary s'était assoupie. C'était elle qui avait conduit durant les sept heures. Elle m'avait laissée m'endormir sur le siège passager.
Alors, je prit mes clés et mon téléphone et je sortis de l'appartement. Je dévalais les escaliers, à cause de l'ascenseur toujours en panne. Quatre étages, c'est beaucoup. Mais je fais du sport chaque jour.
Je sortis de l'immeuble pour marcher dans la rue. Le soleil qui se couchait à l'horizon me faisait ressentir un émoi de bien-être. Paradoxalement, mes membres grelotaient par le froid qui errait, donnant une atmosphère aberrante. Il pleuvait, et regarder le ciel me donnait le sentiment que je n'étais plus seule à pleurer. J'étais allongée sur le sol, et je contemplais la voie lactée. Une étoile brillait de mille feux et bien plus que les autres. J'essayais de délibérer mes pensées, mais un tourbillon de tristesse les absorbaient, créant un accablement. Je pensais à vous, à ceux qu'il me manquait dans la vie, pour que je sois à nouveau heureuse. Lorsque vous étiez à mes côtés, je me sentais libre, aimée et mieux encore, j'étais d'une aise bénéfique. Je regardais toujours cette nuit étoilée et en fermant les yeux, je chuchotais, comme s'ils allaient m'entendre: «vous me manquez, papa et maman, revenez auprès de moi», puis je sentis une averse de larmes couler sur ma joue.
Dans ma pochette à paillettes noires, j'avais glissé un bloc notes et un stylo. Parce que j'ai une passion. Quand j'écris, mes pensées se font légères. Ma tête se vide.
« J'écris pour toi, j'écris pour eux,
pour le monde et ainsi,
Je placerai les mots justes,
Pour faire comprendre que c'est injuste,
de ne plus avoir de parents,
ça me rend triste,
c'est désolant,
même pire; la vie,
C'est acharnant,
Pourquoi vous êtes partis?
C'est pas marrant,
De vivre seule,
Sans parents.
j'écris des mots,
je ravale mes flots,
Les flots de larmes,
j'veux recommencer à zéro,
Avoir une belle vie,
Mais pourtant,
J'ai pas de parents,
Je meurs petit à petit,
De leur absence,
Mon indépendance,
Ma défaillance,
Tout cela est trop dure,
Je fonce dans le mur,
Chaque jour est une épreuve,
J'me sens terriblement seule. »
Alors que j'avais terminé d'écrire, je remballais mes affaires, contempla une dernière fois le ciel en envoyant un signe de baiser vers les étoiles.
J'errais dans les rues sombre dans ce début de nuit chaude d'été. Mon pull fin laissait paraître ma peau frêle. Sous ors yeux bleus océan coulait un liquide noir, qui était mon mascara dégoulinant sous mon visage à cause de mes pleurs fréquents que je gémissais. Je traînais les pieds ayant l'air fatiguée et reniflais bruyamment créant des échos. J'avais l'impression de ne pas avoir dormi depuis des années, tant mes cernes se montraient. La lumière des lampadaires éblouissait ma silhouette et ma chevelure blonde volait sous ce vent doux de juillet. Ce qui se cachait derrière ma tristesse était le souvenir de la mort de mes proches, que j'aimais tellement, à se demander si ce n'était pas de ma faute, je criais à pleins poumons qu'il me manquaient. C'était à cause de moi. Si je n'étais pas encore entrain de dormir, cette nuit là, ils seraient encore là.
Si le vent était composé de particules de bonheur j'aimerai qu'une tornade m'envahisse le cœur. J'étais dépourvue de sens. J'étais prise de nausées. Je pensais alors que c'était les émotions qui me prenaient à la gorge. Je décidais de rentrer rejoindre Mary à l'appartement. J'avais des difficultés à monter les marches. Elles étaient plus dures à monter qu'à descendre. Je rigolais de moi-même. Je me moquais du niveau sportif que j'avais. Et je souriais. Enfin. Ce n'était pas arrivé depuis si longtemps.

Un amour si dur qu'il est si facile à oublier Où les histoires vivent. Découvrez maintenant