« Je ne veux pas. Je ne rentre pas à l'hôtel. S'il était là et qu'il essayait de recommencer? » demandais-je.
Mary répliqua:
« Il ne tentera rien. Je suis là maintenant. Et s'il t'approche, il aura affaire à moi. Il vaudrait mieux pour lui que je ne le croise pas et qu'il soit parti si loin qu'il soit sorti du pays. »
J'étais abasourdie à l'idée qu'il puisse être encore dans la ville. Même si Marseille est grand, le monde était petit.
J'étais rassurée par les mots de Mary. Mais j'avais encore horriblement peur. Tout tourne autour de moi comme un tourbillon,
C'est les débris de mon cœur qui s'envolent.
Il a manipulé mes sentiments, a joué avec mon cœur, a chamboulé ma vie quand il y est entré. J'étais aveuglée par ses mots doux, par ses regards de braise, j'étais persuadée qu'on serait heureux, que ma vie aurait un sens à nouveau. Quand il me prenait dans ses bras, des frissons me parcouraient le corps et ma façon de le regarder était bien différente des autres. Quand on s'est rencontrés, pour moi, il était celui qui allait me relever, mais quand tu as commencé à poser tes mains sur moi, j'ai compris qui tu étais et je me suis retrouver anéantie, encore plus bas que terre.
Quelques minutes plus tard, nous étions arrivées à l'hôtel. Je prit mon courage à deux mains et parcourais les couloirs et l'ascenseur avec Mary.
2ème étage. L'ascenseur s'arrête. Chambre 22.
On y entrons. Nous faisions notre valise et jamais nous n'avions été aussi vite. Aucun vêtement n'était plié, alors que Mary était maniaque. Pour une fois, elle allait faire autrement. Pour la première fois, elle allait contre ses principes. Mais il était déjà environ dix heures du matin et nous avions sept heures de trajet pour rentrer, ce qui nous ferait rentrer vers dix-sept heures. Mais Mary adorait prendre son temps, boire un café toutes les deux heures et ne pas rouler à une vitesse excessive. Et c'était pourtant bien elle qui avait raison. Elle reprit ses affaires, je repris les miennes. La femme de ménage aurait du travail car nous avions tout laissé traîner, et nous n'avions pas rangé les draps et les coussins. Nous retournions à l'accueil, expliquant que nous devions repartir en urgence. L'hôtesse d'accueil, d'un regard inquiet et curieux, se demandait pourquoi nous repartions. Mais nous ne pouvions pas dire qu'un incident s'était produit dans leur hôtel. Je n'appellerai pas cela un « incident ». C'était un mot bien plus fort. Bien plus désagréable. C'était une peine immense qui avait troué mon cœur. Mon regard se dirigeait partout. Dans tous les sens. J'étais comme une petite fille sans ses parents, comme un adolescent sans son téléphone. J'étais vide. Vide de tout.
J'attendais Mary qui discutait, accoudée sur le rebord.
Elle faisait des gestes et je ne saurai dire de quoi elles discutaient. Ça aurait dû aller beaucoup plus vite. Plus rapide que ça.
« Allez, on est parties pour quelques heures de trajet! L'hôtel va nous rembourser nos vacances. Ce n'est pas une bonne nouvelle ça? »
J'étais outrée par sa façon d'être. Mais c'était sa façon à elle de me remonter le moral et de faire en sorte que j'aille mieux.
Je pensais encore à ma famille, car de toute évidence, je pense à eux tous les jours. Particulièrement à mes parents. Ils m'ont quittée. Mais ils ne le voulaient pas. Ce n'était pas volontaire. Ils ne m'ont pas abandonnée de leur plein gré. Ils pensaient vivre encore longtemps, au moins encore une trentaine d'années. Ils auraient aimé être encore parmi nous. Mon frère, ce destructeur. Ce n'était pas de sa faute, selon les médecins. Il n'y est pour rien. Pourtant je lui en veux. Parce qu'à cause de lui mon état s'est dégradé. Pire même, il m'a rendue si fragile. Mary était présente pour moi, pendant toutes ces années où elle m'avait fait remonter la pente.
C'était il y a sept ans. Mais j'aurais pu raconter cette histoire déchirante comme si elle avait existé hier. Comme si que ça s'était passé il y a si peu de temps. Ces souvenirs étaient si frais dans ma mémoire qu'ils continuaient à me détruire. Surtout dans un moment comme celui-ci où j'aurai eu besoin de leur aide. Mais ce qu'on ne savait pas c'est qu'à l'époque mon frère avait besoin d'aide. Vraiment. Il aurait fallut l'aider et rien de tout cela se serait déroulé. D'après les médecins toujours. Il n'aurait pas commit cet acte et ce monstrueux souvenir n'aurait jamais existé.
Mes parents avaient quitté ce monde par sa faute. Nous étions partis dormir. Tous, assoupis par le sommeil. Tous les trois. Sauf lui. Sauf ce frère, qui aujourd'hui ne l'est plus. Il m'a tout retiré. Ma joie de vivre. Il s'est réveillé en pleine nuit. Somnambule, il avait marché. Sur la pointe de pieds je ne sais pas. Mais il n'avait fait aucun bruit. Pourtant mon ouïe est très fragile. J'entendais chaque bruit, chaque son. Et un homme, du poids de Louis, se faisait craquer sur le parquet. Mais ce soir là, je devais être bien enfoui dans mon sommeil, comme si que j'avais prit un médicament pour me faire dormir. Comme s'il m'avait mit ce médicament dans mon verre avant d'aller dormir. Mais il était malade. Il avait une maladie. Et on ne le savait pas. Il avait une maladie mentale. Ça a été très dur à comprendre et à accepter. Et mes parents ne le sauront jamais. Car on a découvert tout ça après leur mort. Après que Louis, de sang froid les ait tués. Il était malade, il était trop malade. Et il avait détruit nos vies.
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Un amour si dur qu'il est si facile à oublier
RomanceC'était un amour éparpillé, un amour condamné, un peu vécu à la légère, avec quelques étoiles au dessus de nos têtes, face à la mer, un beau soir d'été. C'était un endroit de rêve paraît-il. Un endroit qui avait vite tourné au cauchemar, un endroit...