Amour naissant ou pulsion de sentiments?

72 6 2
                                    

Mary rigole toujours excessivement à l'effet que l'alcool a sur moi, un effet rapide qui m'ensorcelle et me laisse dans les mirages, dans une chimère inexplicable.
Après un deuxième verre, mon cerveau était ailleurs, dans un autre monde. Ce n'était que deux verres mais je ne tenais pas si bien l'alcool. C'était trop fort pour moi mais quand je buvais quelques verre je me sentais à l'aise. Je rigolais pour rien, je chantais à tue-tête malgré mes cordes vocales qui sortaient des sons biscornus lorsque je poussais ma voix plus haut. Ce serait un chant qui briserait les oreilles et les ferait siffler. Je chantais réellement « comme une casserole », aurait dit ma mère sans hésitation.
Nous n'avions pas vu le temps qui avait défilé à une vitesse effroyable.
Le soleil commençait à s'apercevoir à l'horizon pour que le début de soirée puisse commencer.
« Alors, les filles, vous me donnez toujours un refus pour ce soir? », demanda-t-il, comme s'il voulait vraiment que l'on aille chez lui, comme accueil pour les nouveaux arrivants.
« Qu'en dis-tu? Je suis d'accord avec Harry, je ne voudrais pas blesser un homme si charmant et d'une si délicate gentillesse. », dis-je en me retournant vers Mary.
Avant que Mary ne puisse dire un mot, alors qu'elle s'apprêtait à me répondre, Harry, d'un enthousiasme enjoué nous indiqua qu'il nous attendrait aux alentours de vingt heures.
-« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Mia, on verra plutôt pour demain soir, je pense que ce serait plus raisonnable. »
-« Mary, arrête d'être toujours droite, carrée et de ne jamais vouloir t'amuser. Notre jeunesse est bientôt terminée alors il faut en profiter. »
Elle me répondît qu'elle ne viendrait pas ce soir, mais que je pouvais la rejoindre dans la chambre après la soirée.
Elle me faisait confiance, d'une aveuglante décision elle me laissait avec cette homme dont je ne connaissais seulement le prénom: Harry. Un prénom qui me retournait le cerveau et me prenait à la gorge.
Je trouvais que c'était un beau prénom, l'un de ceux que j'aurai pu penser à donner à mon enfant plus tard. Alors je rentrais avec elle dans l'hôtel afin de me préparer à cette soirée qui serait la plus belle de ma vie depuis si longtemps.
Il est clair qu'une soirée avec sa meilleure amie ne vaut pas l'or du monde et que chaque soir passé avec elle était magique, mais ce soir-là serait différent, parce que je me sentirais à nouveau joyeuse, à nouveau moi-même.
Un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis tellement d'année.
Je n'avais pas fréquenté de garçon depuis un moment déjà et me retrouver seule avec lui cette soirée là, m'avait arrangée. Le refus de Mary aurait donné un véritable sens à cette histoire.
Je le savais, il ressentait la même chose que moi, c'était réciproque et rien ni personne n'aurait pu me faire croire l'inverse.
En rentrant à l'hôtel et dans l'ascenseur pour monter les étages, je riais aux éclats, si fort que j'en aurai réveillé les morts. Il était plus de dix-neuf heures quand je m'apprêtais à aller sous la douche. Ce sentiment de légèreté me faisait du bien. Ce soulagement avec l'eau de la douche qui coule sur mon corps me rendait encore plus souriante.
Je réfléchissais à la vie et cette envie de parcourir le monde, avec un partenaire, me réjouissait davantage.
Mais ce n'était que les simples idéaux de mon imagination, c'était des choses irréalisables. J'entendais un bruit derrière la porte de douche où la buée s'était installée tranquillement, alors j'appelais Mary, la peur me traversant la colonne vertébrale. Elle arriva et me rassura qu'il n'y avait personne.
Il faut dire que j'avais été terrorisée dans mon adolescence et par le moindre petit bruit qui se faisait entendre, je sursautais. Mary, habituée, ne se lassait pas de ma peur.
Elle était au contraire compréhensive et m'aidait à franchir ma peur et à m'en délivrer. Tout allait bien.
J'étais en vacances, dans le Sud de la France, accompagnée de ma meilleure amie et j'avais fait la rencontre d'un homme qui semblait extraordinaire, dont Mary n'était pas tombée amoureuse aussi.
Parce qu'il était déjà arrivé de nous disputer pour un garçon nommé Jules, quelques années auparavant. Puis nous avions décidé de rompre tout contact avec lui, car on préférait notre amitié à l'amour de Jules.
Je m'apprêtais, enfilait ma plus belle robe. J'étais prête à conquérir son cœur si ce n'était pas encore fait.
Nous nous étions parlé qu'au début de la journée et c'est comme si que je le connaissais depuis autant de temps que Mary.
Les aiguilles de ma montre tournaient et plus l'heure avançait et plus mon cœur se mettait à battre, de plus en plus vite et à tambouriner, si fort qu'il aurait pu sortir de mon corps.
J'étais comme une gamine qui attendait ses cadeaux de Noël, comme un chien qui réclamait son os.
Il était l'heure d'aller rejoindre Harry.
-« Fais attention à toi, ma petite sœur, et reviens vite. Réveille-moi quand tu seras rentrée si je ne t'entends pas. »
Elle se prenait toujours pour ma grande sœur, celle qui devait veiller sur moi et me protéger. Mais c'est ce que j'aimais aussi dans sa façon d'être. Elle était d'une adorable sympathie et jamais je n'aurai pu la laisser tomber et l'abandonner.
Je me posais des questions et me faisait le scénario de la soirée dans la tête depuis que j'avais accepté la proposition.
Est-ce qu'il va me trouver jolie? Ou au contraire, il va faire semblant, ce qui est courant chez les hommes de notre âge, surtout à l'époque d'aujourd'hui?
Je déambulais et je chavirais en parcourant les couloirs de l'hôtel puis j'arrivais doucement au numéro de chambre que m'avait communiquée Harry. D'une hésitation, je sonnais. Quelques secondes plus tard, il n'y avait toujours personne au seuil de la porte pour me faire entrer dans la chambre dont j'avais escaladé les marches à toute vitesse. J'ai pour habitude de les compter car je trouve ça marrant. Mais ce soir-là le stress me changeait totalement.
Tout à coup, la porte s'ouvrit après que le beau brun ait déverrouillé la porte.
« Salut Mia. Mary n'a pas changé d'avis ? C'est dommage, j'aurai aimé vous faire visiter mon palace à toutes les deux. », dit-il en rigolant.
Son humour et sa bonne humeur me faisaient rire.
J'étais naturelle et à ma place, comme si nous étions amis depuis tant d'années.
On se racontait nos vies, tout en dégustant le verre d'alcool que m'avait servie Harry.
Il était attentionné et j'étais littéralement tombée sous son charme, tellement que nous n'avions pas vu l'heure passer.
Il me prenait la main, d'un regard insistant, d'une façon inoubliable. J'étais face à lui dans le fauteuil, avec mon regard plongé dans le sien durant quelques secondes.
Il s'avançait vers moi. Je commençais à avoir peur, parce que malgré mon âge, je n'avais jamais fait ma première fois.
« Il vaut mieux la faire plus tard avec le bon que très tôt avec le mauvais », m'a toujours dit Mary.
Je le croyais. Je pensais avoir attendu pour de bon. Il avait l'air de s'intéresser à moi de plus près.
Il complimentait mon corps et essayait de se rapprocher de plus en plus. Je me reculais car ma première fois ne devait pas se faire à la légère, avec un homme que je ne connaissais pas suffisamment, bien que mon envie de le prendre dans mes bras ne s'était pas estompée. J'étais fébrile et je voulais que Mary soit là, à cet instant précis pour me guider comme elle l'avait toujours fait. Mais elle avait décidé de ne pas venir et j'en avais été ravie, seulement pendant quelques heures. À présent, j'avais besoin d'elle, de ses conseils de grande sœur et de meilleure amie.
Elle était tout pour moi et ça m'aurait fait du bien qu'elle soit là à cet instant précis de ma vie.
Ce soir-là encore, j'aurais aimé qu'elle soit à mes côtés, comme elle l'avait toujours fait. Je réfléchissais mais mon cœur avait raison. Je ne le connaissais que si peu, et je voulais faire les choses dans les temps, étape par étape.
Je voulais d'abord apprendre à le connaître bien que depuis le début de la soirée nous parlions de tout et de rien.
J'étais hésitante entre rester ou partir. Me sauver ou continuer à frémir ?
Il s'imposait de plus en plus avec son corps baraqué, ses yeux verts et ses cheveux bruns. Il m'encerclait et me retenait de force comme pour me prendre dans ses bras.
Je restais pour qu'il me fasse un dernier câlin puis je lui chuchotais à l'oreille:
-« Il se fait tard, je vais aller rejoindre Mary, elle va s'inquiéter pour moi.»
-« Non, reste encore un peu » dit-il fermement.
« Je suis bien avec toi, entouré de tes bras » ajouta-t-il de manière apaisante.
Je voulais partir, arrêter cette histoire idiote. J'étais en colère contre moi-même, surtout quand ses mains commençaient à se balader le long de mon corps.
« Je m'en vais! », criais-je pour que l'hôtel complet m'entende.
Mais je remarquais que personne n'aurait pu venir m'aider car lorsque je courrais pour m'échapper, je compris qu'il était trop tard.
Malin, il avait pensé à verrouiller la porte.

Un amour si dur qu'il est si facile à oublier Où les histoires vivent. Découvrez maintenant