Une amitié sans faille

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L'esprit ailleurs, les pupilles de mes yeux bleus parcouraient la surface de l'eau, où les enfants s'éclaboussaient et gloussaient. J'observais ces jolies montagnes qui dépassaient derrière ce vaste espace bleu. Elles étaient reflétées par les rayons du soleil, je trouvais que c'était magnifique. Bien trop magnifique pour mes yeux.
Divaguant, je n'avais pas vu que j'étais passée à côté de Mary, qui était debout à côté des transat.
« Mia? », m'interpellait-elle. Elle se tenait debout, couverte uniquement par son maillot de bain deux pièces tendance, et elle avait enfilé son paréo par dessus. Elle se trouvait un poil trop grosse et ne voulait pas s'assumer en maillot de bain. Je la trouvais parfaite et avec une corpulence qui lui allait divinement bien. J'étais très maigre, trop maigre au goût de Mary. Je me contemplais durant des heures devant le miroir pour regarder si j'avais prit un peu de graisse. De temps à autre, Mary glissait dans ses phrases que j'étais une anorexique. Mais elle ne connaissait pas la maladie. La réelle maladie. Moi non plus, je ne l'avais jamais vécue. Mais ce que je savais c'est que ça ne devait pas être prit à la légère. Ces personnes-là ne comprennent jamais pourquoi elles sont dites « malades » et pourtant lorsqu'on voit les os d'une femme, c'est pas si joli. Il vaut mieux avoir de belles formes, que d'être si fine.
Je me retournais accompagné d'un sursaut. Elle m'avait sortie de ce tourment. Il faut dire que Mary était ma meilleure amie depuis tant d'années que nous ne les comptions plus. Elle était dans mon école depuis la maternelle, et bien que nous n'étions que de petites filles inconscientes de la vie, nous nous étions promises d'être amies pour toujours.
Les années passaient et nous étions toujours dans la même classe. Nous n'avions pas les mêmes ambitions ni les mêmes projets pour l'avenir et bien que nos études étaient différentes, nous n'avions jamais cessé de nous quitter. Elle était toujours à mes côtés, surtout le jour où tout a basculé, lorsque ma famille a explosé. Elle m'avait aidée à remonter la pente, à continuer à aimer la vie.
« Oui? », répondis-je.
«Tu as mis beaucoup de temps pour aller nous prendre deux cocktails. »
« Autant de temps pour le boire en quelques minutes. » dit-elle en rigolant montrant son sourire dont j'étais jalouse.
L'alignement blanc de ses dents était ce que j'aimais le plus chez elle. La voir sourire était mon plus grand bonheur. Participer à ses rires l'était encore plus. Elle dégageait un charme, auquel succomberaient tous les garçons de la terre.
-« J'étais accoudée au bar quand j'ai repensé aux souvenirs avec... »
-« Ne dis rien, tu vas te faire du mal, Mia. Que s'est-il passé? », me coupa-t-elle.
D'un air triste, et passant mes fins doigts dans mes cheveux blonds bouclés, mon regard était fixé sur le sol.
-« Je suis tombée dans les pommes d'après un beau brun qui me l'a dit quand j'ai ouvert les yeux, quelques minutes plus tard. »
-« Est-ce qu'il est baraqué, avec un regard charmeur? »
Je n'avais pas le temps de lui répondre que le beau brun était derrière moi, prêt à prendre la parole.
-« Salut, les filles. On s'est vus tout à l'heure et tu ne m'as pas dit ton prénom. » dit-il le regard plongé dans le miens.
Mia:
-« Elle s'appelle Mary. Et moi, c'est Mia. », répondis-je, d'une hésitation incertaine.
-« Enchanté, je m'appelle Harry. »
Un petit sourire se dessinait sur le coin de mes lèvres et je regardais discrètement Mary, lui faisant un signe pour lui faire comprendre qu'il me plaisait.
« Est-ce que vous êtes disponibles toutes les deux, ce soir? J'aimerais vous inviter pour fêter votre arrivée dans l'hôtel, parce que je ne vous ai jamais vues avant. Des filles comme vous, on ne les oublie pas. Je me trompe? », questionna-t-il.
-« C'est vrai qu'on est arrivées hier soir mais on aimerait profiter de notre début de vacances toutes les deux, Harry. Ta gentillesse t'épargnera mais le voyage nous a fatiguées et on aimerait déguster nos cocktails qui nous attendent. », répondît Mary, d'une méfiance arrogante.
-« Mary a raison, on se verra peut être un autre jour, quand on sera reposées. », poursuivais-je.
Il n'insistait pas et comprenait notre refus pour ce soir-là.
Nous nous mettions sur notre transat, face aux oiseaux qui survolaient nos têtes.
Nous prenions notre boisson pour trinquer ce souvenir, ces vacances qui resteraient inoubliables, celles que je passerais auprès de ce beau garçon, qui n'était peut-être rien d'autre que le futur homme de ma vie. J'avais succombé à son charme, dès l'instant où j'avais ouvert mes yeux après le malaise sur la plage, dès l'instant où nos regards s'étaient croisés et que mon cœur s'était mit à battre subitement, sans que je n'en comprenne la raison. La boisson était si fraîche, que la température de mon corps dégringolait à la seconde où la gorgée avait traversé mon œsophage.
Nous nous détendions et mes membres se relâchaient et nos rires auraient pu déconcentrer ces lecteurs qui dévoraient les pages une à une. La pression redescendait après une année d'examens pour obtenir mon diplôme. Le stress avait envahit mon année et je relâchais tout ce qu'il m'était arrivé. Je ne voulais plus penser à aucun mauvais rêve, vivre mes vacances auprès de ma meilleure amie. Je voulais profiter de ma jeunesse, du haut de mes vingt-deux ans.
J'avais pour but durant ce voyage, de rentrer la tête vide et les idées claires, pour recommencer sereinement l'année qui allait suivre. J'étudiais dans le domaine du social et quant à Mary, elle faisait des études de droit. J'éprouvais une grande admiration pour elle, car la longévité des études me démoralisait dès que l'on en parlait. Mais Mary était la fille qui ne baissait jamais les bras, celle qui avait le caractère dur et fort, ce qui était à l'opposé de son cœur. Elle donnerait tout pour ceux qu'elle aime, surtout pour sa famille. Mary et moi, nous étions en colocation depuis deux belles années.
Ce projet nous motivaient pour continuer nos études et réussir dans la vie.
Nous passions notre quotidien ensemble, et jamais rien ne nous séparerait, pas même un garçon. Elle et moi, c'était une amitié solide, c'était pas de celles qui n'étaient pas sincères. C'était une amitié dont le fil qui nous reliaient ne se détruirait jamais.
Alors que je terminais doucement et lentement la fin de mon verre, je m'empressais de demander à Mary pour aller en chercher un deuxième.
Pleine de folie, elle était aussi ravie que moi par cette idée.
Je prit de la monnaie dans mon portefeuille marron que m'avait offert Mary à mon anniversaire.
-« Je t'accompagne, cette fois-ci. », m'annonça-t-elle, d'un regard inquiet et rassurant à la fois.
Arrivées au bar, on reprit la même chose chacune: un rhum pour moi et une vodka pour Mary.
Tout se passait comme il le fallait. J'étais heureuse pour la première fois depuis longtemps. Vraiment heureuse. Ce n'était pas une feinte, contrairement à mes habitudes.
J'étais obnubilée par le cocktail que je tenais à la main et que j'allais absorber dans la minute qui suivait mais aussi par Harry, qui m'avait envoûtée dès le premier regard.
Nous avions terminé le deuxième verre au goût succulent, quand Harry était de retour.
J'étais joyeuse et le sourire sur mon visage était si grand qu'il aurait fait rire les personnes les plus tristes de ce monde.
Mary me regardait et je sentis un frisson me parcourir l'échine.
Que voulait-il? Je me sentais comme une adolescente qui voulait conquérir le cœur d'un garçon. J'étais gênée de l'effet qu'il procurait sur moi-même.
Je ne pouvais plus me contrôler et l'envie de parcourir mes bras sur son torse nu se faisait de plus en plus présente. Ce bel inconnu m'avait intriguée et il s'était fait sa place dans mon cœur. Était-il l'homme rêvé et idéal ou un simple amour de vacances qui aurait pu commencer ?

Un amour si dur qu'il est si facile à oublier Où les histoires vivent. Découvrez maintenant