Le cœur brisé

74 4 1
                                    

Je faisais les mille pas, voulant à tout prix partir de son emprise.
Il me faisait peur, j'avais du mal à respirer car je comprenais son enjeu. Je réalisais pourquoi il m'avait invitée ce soir. Il avait dû voir dans mes yeux que j'étais une fille naïve. Qui se ferait avoir. Il m'avait vue dès le début et il avait voulu jouer avec moi. Mais je ne le laisserais pas faire. J'étais prête à le frapper s'il le fallait. Je voulais me battre. Réussir à m'en sortir seule. Sans aucune aide de personne.
« Je ne veux pas, laisse-moi. », hurlais-je au travers de la pièce.
Furieux, il s'élança vers moi, de manière décidée. Je commençais à frémir, à avoir peur, à trembler. J'avais tellement besoin que Mary vienne m'aider. Si elle avait été là, si elle était venue rien de tout cela ne serait passé. Je n'ai pas insisté qu'elle vienne. Et maintenant, je suis seule. Seule face à lui, à cet homme que j'avais tant idéalisé. Je l'avais imaginé être celui qui me ferait vivre, et qui accompagnerait mes rires et serait la source de mon sourire. Je n'avais jamais eu de relation concrète, où l'on  ressent un sentiment de félicité, une conspiration de béatitude qui t'envahissent le corps chaque fois que son bras se pose sur tes clavicules, ou que tes yeux se dirigent vers lui ou encore quand tu me montres ta passion à l'embrasser langoureusement. Je n'avais jamais connu le réel amour, celui qui te rend heureuse. Et si je ne l'avais pas connu ce matin sur la plage, mes vacances auraient eu un autre tournant. Mais lui il les avait détruites, comme il m'avait brisée. Je mourrais d'amour platonique pour lui, jusqu'à ce qu'il passe sa main sur mon cou, là descendant de manière insistante le long de ma poitrine. Je sursautais, n'ayant pas l'habitude ni l'envie. Il continuait à descendre vers mes fesses et commençait à caresser mon sexe, me demandant de faire la même chose avec le sien. Évidement, je refusais. Mais ce que je ne savais pas et n'avais pas compris, c'est que je n'avais pas le choix. Il m'y obligeait, j'avais envie d'exploser en larmes, de crier, et de m'enfuir. Je voulais juste partir et qu'il me laisse tranquille. Ayant toutes ses forces qui mobilisaient mon corps, il pensait être assuré de l'impunité. Je ne pouvais plus bouger, il me tenait contre lui me lançant des injures qui me rabaissaient et des regards perspicaces qui me rendaient faible. Je fis ce qu'il me demandait, ne pensant qu'au moment où il me libérerait et où je pourrais m'en aller, loin de tout ces ennuis, loin de cet horrible cauchemar. Mes yeux se dirigeaient ailleurs, je ne pouvais le regarder, impuissante face à la situation. Puis le moment tant redouté de ce moment arriva, ce qui était passé à une vitesse très lente, il termina par la pénétration. Contre mon gré. Contre toute envie de faire tout ça. Il m'avait forcée à tout. J'étais vide. Mon corps se sentait léger, retiré de tous sentiment. Je ne pensais plus à rien. J'étais presque déjà morte. Il aurait pu me tuer, rien n'y avait changé, puisqu'il venait de le faire. J'étais encore vivante, mais mon âme quant à elle était meurtrie. Dans mon cœur, c'est le néant à présent, on pourrait y voir un creux comme une anfractuosité. Ma vie s'écroule à ce moment-là, alors qu'il m'a abandonnée sur le fauteuil rouge en matière velours. Le canapé sur lequel nous avions fait connaissance en ce début de soirée si magique et sur lequel elle s'était terminée de cette façon-là, si tragique. Je suis la mauvaise page du roman, les jours deviennent un tourment, je veux m'en sortir mais je ne sais pas comment. Je ne peux décrire la déchirure qui a traversé mon âme. Elle était si puissante face à mon impuissance, je me sens totalement vulnérable et sans défense.
Et si on regardait dans le fond de mon cœur, on n'y verrait que le néant, qui m'étreint et me serre les poumons. C'est une douleur immuable dont je ne contrôle plus mes sentiments, je me sens vide. Ma vie est consternée, je ne ressens plus d'amour, ni aucun autre émoi.
Le véritable amour m'est inconnu, la joie m'est inaccessible et toi tu restes celui que j'ai aimé durant quelques secondes, aujourd'hui mais tu es surtout celui qui m'a fait perdre toute envie d'aimer. Celui qui me laissera horrifiée face à chaque homme qui s'approchera de moi, face à chaque homme qui me parlera. Et je n'ai personne pour m'aider, ni personne pour m'en sortir. Car même Mary ne pourrait rien y faire ni me sortir cet accablement.
Aujourd'hui, j'ai appris une leçon.
Non, pas l'une de celles qu'on apprend machinalement à l'école. Ce n'est pas non plus de celles qu'on écoute sans vraiment comprendre son sens, sa signification. Aujourd'hui, j'ai compris une chose que je n'oublierai jamais. Une vraie, pas non plus l'une qui rentre par une oreille pour en ressortir de l'autre. Ce que j'ai assimilé aujourd'hui dans mes pensées les plus vagues, c'est que l'on doit faire attention à la vie. Elle est si précieuse et on peut la détruire en une journée, en une soirée. J'ai apprit qu'il ne faut pas faire confiance à un inconnu et apprendre à le connaître avant toute chose.
Tout cela va me hanter, c'est macabre. Mon corps meurt à l'intérieur de moi-même, qui, aujourd'hui n'est plus le mien.
Je me rappelerais toujours de ce jour, celui où il m'a tuée.
Ces mots chuchotés à l'oreille, apeurée et mes larmes coulant de tristesse.
J'étais profanée à l'instant même où il a posé délicatement ses fins doigts sur ma peau frêle, il a fracturé tous mes membres tels que je les sentais partir au plus les secondes défilaient.
Quand je voulais crier, l'air de mes poumons se bloquait et les mots ne parvenaient pas à s'échapper de mes lèvres.
Il m'a salie. Un inconnu m'a anéantie. Seule sur le canapé, j'étais à l'agonie. Mon corps périssait, il ne m'appartenait plus dès cet instant où il m'a détruite, dès cet instant où cet étranger m'a violée.
J'étais vivante physiquement, mais mon corps lui, était mort.
J'errai les rues après m'être enfuie de cette chambre d'hôtel, cet endroit qui me faisait pleurait et rougir de honte. Je culpabilisais de ce qu'il m'était arrivé, ressentant l'exécration de mon corps. Quant à mon cœur, il était brisé en mille morceaux. J'aurai donné la terre entière pour remonter le temps, et que cet homme m'ait laissée vivre plutôt que de me tuer sur ce canapé rempli de souvenirs insondables.
J'étais dans les rues de Marseille, cette ville magnifique pour passer des vacances qui s'était résumée en un fardeau. Je marchais, ayant du noir dégoulinant de mes yeux causé par le mascara, à cause de mes pleurs. Je ne sais pas où j'allais mais je voulais partir très loin pour tout oublier. Je voulais m'en aller et ne plus jamais revenir.

Un amour si dur qu'il est si facile à oublier Où les histoires vivent. Découvrez maintenant