J'étais encore allongée sur le banc et je réfléchissais, le regard posé sur le ciel,
« Pourquoi ne sommes-nous pas éternels?Pourquoi ne sommes-nous pas immortels?
Pourquoi devons-nous perdre ceux que l'on aime? Parfois sans pouvoir même leur dire « adieu », sans pouvoir leur dire un dernier « je t'aime»».
A l'aube, j'avais rencontré une fille qui m'avait donné énormément d'espoir et avait réchauffé mon petit bout de cœur qu'il me restait.
Ses cheveux brillaient de mille feux éclairés par les lampadaires de la ville. Elle était si radieuse, on n'aurait dit qu'elle aimait la vie. Elle accrochait toujours sur ses lèvres, un sourire m'avait-elle dit. Qu'il soit faux ou réaliste, elle n'était pas défaitiste. Elle montrait toujours sa joie de vivre, elle était heureuse de rire. Pourtant, si on creusait au fond de son âme, on ne verrait aucune raison de ces sourires. Au fond de son âme, on sentait la misère qu'elle portait sur ses épaules et que rien n'allait autour d'elle. Alors je lui ai demandé comment elle supportait ce poids lourd et atroce et elle m'a répondu: « il faut apprendre à sourire, peu importe si on va mal, peu importe les épreuves car rien ne vaut un sourire auprès des gens qui t'aiment».
Mais personne ne m'aimait. A part Mary, je n'avais plus personne. Pas même une famille. Plus de parents. Plus de frère.
J'ouvrais les yeux pour contempler l'endroit où je m'étais réveillée. Il y avait cet homme aux cheveux gris assis sur l'autre banc, il y avait cette jeune fille qui sourit inconsciemment, il y a ce groupe d'amis qui rit tout le temps, les membres d'une famille qui ont l'air d'être heureux ensemble. Il y a ce garçon qui caresse son chien, cette petite fille qui a l'air d'aller bien, il y a cette jolie femme enceinte, il y a deux hommes qui courent dans le chemin. Il y a beaucoup de monde dans cette ville, tellement de personnes qui pourraient me rendre heureuse, et pourtant je me sens seule. Il y a une foule d'être humains, pourtant je suis seule, au milieu du chemin.
Sortie de mes pensées, je voulais rejoindre Mary et ses bras protecteurs. Elle était mon pilier.
Tout à coup, je prit mon téléphone, de manière très rapide et tapotait un message pour Mary, la suppliant de me pardonner pour l'erreur que j'avais faite et lui demandant de venir me chercher. Je courrais dans tous les sens pour parvenir à trouver un panneau sur lequel serait écrit une rue. Je décrivais l'endroit où j'étais, sur une place. J'en trouvais enfin un, indiquant le boulevard Alméras. Je lui fit part de mes peines et de mon histoire. Elle ne comprenait rien, je balbutiais des mots incompréhensibles. Mes paroles étaient abstrus et inarticulées du fait de la répétition de mes pleurs qui se faisaient à nouveau entendre. Il avait littéralement foutu ma vie en l'air. A cause de ses pulsions incontrôlées. Mary raccrochait. J'avais attendu quelques temps, mais cela me paraissait long, si long que j'avais faillit m'évanouir encore. Le soleil s'était levé, les passants rêvassaient, rigolaient et bronzaient. Ils passaient leurs vacances, tentant d'oublier les minimes problèmes du quotidien, essayant d'échapper aux mésaventures de la vie.
J'espérais qu'Harry regrettait amèrement son erreur. Qu'il se rendrait compte de son attitude bien plus que déplaisante. Je voulais à tout prit et au plus vite rentrer à Blois. Cette ville où nous vivions avec Mary. Cette ville sans problème et si magnifique. Je voulais retrouver notre appartement de colocation. Je vis au loin la voiture de Mary qui arriva comme une furie.
« Dépêche toi, rentre ! Raconte moi tout, Mia. », criait-elle le carreau baissé.
Je me faufila dans la voiture et fondis encore en larmes en essayant de lui expliquer ce drame.
Nous étions à l'arrêt et elle me prit dans ses bras.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé? Pourquoi tu n'es pas rentrée hier soir? Harry t'a fait du mal? C'est de sa faute? »
Face à mon silence, elle poursuivit:
« Je le trouvais bizarre. À mon goût, on n'aurait jamais du le fréquenter. Il était si arrogant, si hautain. »
Il était loin d'être celui que j'avais imaginé comme quelque d'ahurissant. Elle avait évidemment raison et avait eu le bon flair.
Je subis une véritable souffrance, une réelle amertume qui m'enferme dans un chagrin profond. J'ai besoin d'évacuer cet éreintement, de déverser ces peines qui m'abîment le cœur depuis trop longtemps. Chaque fois que le soleil a disparu, au bord des champs enjolivés, que je contemple sur le rebord de ma fenêtre, je crie pour relâcher cette anxiété qui se pose comme carapace autour de mon corps si ébranlé. Souvent même, je m'assois sur le toit, et je me fait le scénario de ma vie, celle que j'aurai aimé vivre, celle que j'ai manqué. Et je me rappelle à quel point la mienne est devenue si invivable et si déplorable. Alors sans hésitation, sans question qui se traînent, mes larmes se déversent sur mon visage une fois de plus. Ma vie est devenue un film continu de pleurs. C'est le fardeau de ma vie, celui que je porte sur les épaules depuis le début de mes soucis.
J'étais assaillie par le doute, « vais-je vivre un jour? », me demandais-je.
« Vais-je vivre vraiment? J'observe des milliers de sourires, et la plupart sont des sourires cachés par la tristesse, des rires envahis par la peine. Le mien est reflété par ces faux sourires bafoués. Ce mensonge me fait tourner en dérision. », pensais-je.
C'est un sourire de désespoir, un appel à l'aide. J'ai tellement envie d'y croire,
mais la vie n'est belle que dans les rêves, j'ai encore de l'espoir, mais aujourd'hui mon cœur crève.
«Oui.... » hésitais-je.
« C'est lui.. C'est Harry. Il m'a fait énormément de mal. Il m'a trahie, manipulée. J'ai jamais vécu une chose pareille. Je ne m'en remettrai jamais. Je ne ferais plus jamais confiance à un homme. Il m'a abattue émotionnellement à jamais. Je ne ressortirais plus jamais la tête de l'eau. C'est comme si que les problèmes étaient au fond de la mer et qu'il m'attiraient tels des aimants. », dis-je à Mary, qui me regardait d'une manière triste, pendant que je déballais ma colère.
On avait une petite heure devant nous pour que je puisse lui raconter la soirée en détails. Alors je lui expliquais tout. Le début de soirée, qui se passait à merveille. Le verre d'alcool qu'il m'avait servie. Puis le deuxième. Puis le premier bisou sur mes lèvres. Je lui disais qu'il me prenait par la taille et me chuchotait des mots doux. Puis je lui raconta la suite, ce qui m'avait rendue aussi brisée. Je racontais qu'il m'avait touchée. Elle croyait ne pas avoir bien entendu ces mots. Ce dernier mot. « Viol », que j'avais eu du mal à prononcé.
« Attends, je ne peux pas y croire. Qu'est-ce qu'il a fait? », dit-elle, la larme à l'œil.
Prise de colère, de honte et de culpabilité, ma voix s'éleva.
« Il m'a violée, Mary, tu ne te fait pas d'illusion. C'est la vérité et crois-moi que je n'en suis pas fière. Ce n'est pas de ma ..... », hurlais-je.
« Chut, calme-toi, Mia. Bien-sûr que non, ce n'est pas de ta faute. Tu as fait ce qu'il fallait. »
« J'ai voulu m'enfuir, lui échapper, mais il avait verrouillé la porte et je n'y avais pas prêté attention tellement j'étais absorbée par sa silhouette, par ses yeux si profonds. Je regrette Mary, j'en peux plus. Je suis idiote.»
« On va rentrer à l'hôtel. On va faire nos affaires, nos valises et on va rentrer à Blois. On va profiter de nos vacances en rentrant à l'appartement. C'est pas grave, Mia. Tu vas te reconstruire. T'es forte. Après ce que tu as déjà subis, je sais à quel point t'es forte. », essayait-elle de me rassurer. Mais ce qu'elle n'avait pas encore suffisamment compris, c'est qu'à l'intérieur de moi-même, j'étais morte. Je n'avais plus de vie. Je ne pourrais jamais me reconstruire après tout cela.
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Un amour si dur qu'il est si facile à oublier
RomanceC'était un amour éparpillé, un amour condamné, un peu vécu à la légère, avec quelques étoiles au dessus de nos têtes, face à la mer, un beau soir d'été. C'était un endroit de rêve paraît-il. Un endroit qui avait vite tourné au cauchemar, un endroit...