Valentine's Day.

· Hallucinations ·

         Charles fronce les sourcils et plaque ses mains sur ses cuisses. Il fixe une feuille perdue sur la terrasse et essaye d'être basé que sur cette présence.
Ça ne peut pas être lui.

- Bonsoir mon vieil ami.

C'est lui, ce timbre de voix, le professeur peut le reconnaître entre tous. Cette manière d'enchaîner les mots comme des pions d'échecs, d'enchaîner les actes comme sur un plateau de bois.  Charles serait le joker ? Un cheval cassé et quand même laissé dans la boîte de jeu, par pitié. Le seul pion vierge dans une partie de Scrabble ? Il est à la fois tout et rien. La peluche abandonnée sur une plage, et recousue à la va vite ?

- Je vois que tu as commencé sans moi.

Charles sourit contre son gré, il hésite, tremble, se plie et finit par lever le yeux de son pantalon. Erik sursaute par le bleu perçant dont il fait face, après une dizaine d'années.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Coupe maladroitement le professeur.

- Tu m'as invité à manger, donc je viens.

- Mais je n'ai..

- Tu quoi Charles ?

Le professeur rougit subitement avant de rigoler librement, il s'était fait avoir, par Hank, par ce fauve si discret quand il mange des gâteaux la nuit, par ce Logan également discret comme avec sa dernière victime ( un lapin ) qui avait été retrouvée sous le tapis de la salle de bain. Et puis par Raven qui dit ne pas avoir prit la place de Charles pour passer plus rapidement à la caisse du supermarché.

- Charles ? Tu es sûr que ça va ?

- Je vais bien, très bien.

- Arrête, Hank me l'a dit.

- Il t'a dit ..?

- Que.. enfin.. tu n'en avais plus pour longtemps, avant que.. la mort de rattrape. Je ne sais pas comment le dire, excuse-moi.

- Il dramatise, je vais bien, je ne suis pas malade c'est ce qui compte.

- Tu ne l'es pas ?

- À moins qu'un handicap soit une maladie.

Les deux hommes se regardent dans les yeux, Erik se mord les lèvres et pose son chapeau sur le coin de la table.
Cette table est au fond du restaurant, là où il n'y a pas foule, dans l'angle de la véranda.
La serveuse maladroite revient, un grand plateau dans les bras, elle le pose délicatement, surveille l'emplacement de ses pieds pour ne pas pousser le châtain, puis elle pose le plat brûlant.
De petits piques posés sur le côté, une jolie présentation avec du pain, des crudités, ils faisaient face à une fondue quatres étoiles.