· Émotions ·

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         Le professeur attrape l'assiette brûlante et la pose face à lui. Il coupe maladroitement la part de gâteau au chocolat, il l'approche de sa bouche et voit en arrière plan Erik, les yeux plissés et des mots piqués au bout des lèvres.

- Tu es toujours aussi gourmand.

Charles se stoppe, et tend au contrôleur de métal le morceau, d'un geste brutalement enfantin il lui demande de le prendre. Erik s'appuie sur la table et croque la part, encore entre les doigts ornés de tâches de rousseur. Cette fois-ci le professeur ne peut s'empêcher de rougir. C'est trop pour lui, trop vite ? Ou ça a été trop long ? Un mélange des deux, comme le nom qu'il avait donné à Erik, ennemis-amis. Les autres ne comprennent pas, mais dans sa tête tout est clair.

Il a l'impression d'être enfermé dans une bulle de savon, avec son amant, tout les deux, sans prendre en compte les regards perçants, mais ils ne pourront plus jamais éclater cette bulle.

- Un peu de champagne ? Demande Erik timidement.

Ils sont comme une bulle de champagne, là pour plaire aux gens même si certains les déteste, néanmoins ils ne meurent pas à la surface, ils s'envolent.

- Avec plaisir.

         Les verres terminés, Erik plaque sa main contre celle de son vis-à-vis. Il pose son chapeau sur ses cheveux courts et se lève.

- Tu pars déjà ? S'exclame Charles.

- Non, nous partons.

Les billets se posent sur la petite plaquette de plastique, le contrôleur de métal attrape les poignées du fauteuil de son amant. Ils arrivent à l'entrée, Erik s'arrête et retire sa veste. Il la pose doucement sur les genoux du professeur avant de retirer son chapeau et de couvrir les cheveux châtains qui vagabondent derrière les oreilles. Le couvre-chef est certes trop grand, mais Charles n'est pas gêné de le porter.

Erik se précipite dehors et roule dans les flaques, les éclairs animent le tout. La pluie et l'orage s'abattent devant deux amoureux. Le grand brun a lutté tellement longtemps contre ce sentiment.

Le soleil et la pluie, c'est les sensations d'Erik qui ne peuvent pas se cacher, la joie et la tristesse, la colère est le tonnerre. Mais il vient Charles, l'arc-en-ciel, qui calme le tout, qui émerveille le monde. Il n'est pas là souvent, il apparaît très rarement, mais quand il est présent, il faut en profiter.

Erik attrape son camarade et le prend sur son dos, Charles tremble et soulève le chapeau qui cache ses yeux.

- Tu es aussi léger qu'une plume ma parole !

“ Qu'une plume. ” c'est bien la plus belle comparaison qu'a eu le professeur. Cette petite plume blanche et douce, comme la peau du châtain.

- Charles.

Valentine's Day. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant