Fallen Angel

Chapitre 18 - Photo souvenir

 Quelques jours après la fête d'anniversaire de Naomi, la vie avait reprit son train-train habituel. La petite bande de cinq ne se séparait plus que rarement, ils étaient tous devenus de proches amis, et ce rapidement en fin de compte. Les retraités de Bourg-Lumière les regardaient passer dans les rues en disant 《 vous voyez, c'est ça la jeunesse ! Qu'ils en profitent, on est jeune qu'une seule fois ! 》. Ce jour là, les trois filles avaient leur cours de musique hebdomadaire. Cet élément, aussi anecdotique soit-il, prenait soudain de l'importance, contrairement aux autres. Pour ce  jour, un mercredi pour être plus précis, cela marquait un tournant dans leur histoire.

Even et Tristan traînait ensemble dans la ville. Ils se baladaient, en direction du grand parc. Avec un soleil aussi brillant, un air chaud mais pas étouffant, c'était un jour à ne rien faire. Ils allèrent se poser à l'ombre d'un cerisier, Tristan s'assit calmement. Even quant à lui, avait remarqué le marchant de glace. Ce à quoi cet éternel enfant il ne put résister. Malheureusement pour lui et son estomac, il avait déjà utilisé ça monnaie pour une barre de chocolat... Il ne lui restait alors plus qu'une solution.

- Dis moi mon Titi, commença-t-il avec une voix mielleuse, tu n'aurais pas quelques sous à me prêter... ?

Tristan tourna la tête et soupira.

- Parce que tu comptes me les rendre un jour ?

Even répondit en souriant, et Tristan craqua.

- Je suppose que ça veut dire non ?

Il soupira

- C'est bon, t'as gagné. Mais si tu en prends une pour toi, je...

- Tu en voudras une aussi, cornet double parfum vanille chocolat ! Je sais ! Ne sois pas si étonné,  je te connais par coeur !

Even partit comme une flèche. Dans ce genre de cas, il ne réfléchissait qu'avec son estomac. En l'attendant, notre ami resté sous l'arbre sortit de sa poche son téléphone flambant neuf. Il avait été offert par les trois filles récemment. Il tomba de sa poche deux papiers pliés et un peu froissés. Il s'agissait de deux vielles photos. Sur l'une d'entre elles, on pouvait apercevoir les parents de Tristan. Il avait conservé cette ultime image, afin de toujours avoir un souvenir net d'eux.

Sur la seconde photo, il y avait encore un couple de deux personnes, mais ils étaient radicalement différents. La femme avait de longs cheveux bruns, de jolis yeux verts et une silhouette fine dessinée par sa robe. Elle semblait vraiment heureuse. L'homme à sa droite était casiment inexistant. La photo était déchirée, et ce intentionnellement. Il ne restait de lui qu'un morceau de ses vêtements et un morceau de son bras. Tristan était si absorbé par son observation de ces photos qu'il ne vit pas Even arriver. 

- Tient ! Ta super glace !

Even tendit la glace que Tristan saisit. Le jeune blondinet aperçu brièvement la photo, avant que Tristan ne commence à la ranger.

- Attends ! Tu regardes quoi là ?

Il se saisit de la petite image, et s'assit à côté de Tristan. Il avait reconnu la femme se trouvant dessus, et il devina sans peine qui se trouvait auparavant à ses côtés.

- Tu as fait disparaître Huo de la photo. Maintenant, Sophia est toute seule.

Tristan mit du temps à réagir.

- C'est peut être mieux comme ça, tu ne trouves pas ?

- Arrête. Tu ne peux pas dire ça.

- Huo était un connard, point final.

Even fronça les sourcils.

- Je n'aime pas t'entendre parler comme ça. Je n'aime pas ce Tristan là. Je préfère le vrai.

Even reprit son entrain habituel.

- Ce qui est amusant avec le vrai, c'est que je peux l'appeler Titi ! Ce surnom te va comme un gant ! D'ailleurs, pourquoi je n'ai pas de diminutif moi ?

Tristan réfléchit et lui répondit en souriant.

- Comment veux-tu diminuer un prénom de quatres lettres !

- Hmm... souffla Even. Tu pourrais quand même essayer de me trouver un p'tit nom sympa...

Il se mit à regarder à nouveau la photo, et cette fois-ci, il eut comme un déclic.

- J'ai comme l'impression d'avoir vu presque le même visage quelque part. Aaah ! Je n'arrive pas à me souvenir où !

Tristan ne dit rien. Il attendait.

- Hey ! Mais attends ! Je sais ! J'hallucine ! Sophia ressemble vachement à...

- Oui, je sais, le coupa Tristan.

- Mais ça voudrait dire que ... !

- Oui.

- Tu savais ?!

- Oui.

- Tu sais dire autre chose ?

Tristan tourna la tête du côté de son blondinet. Il avait un étrange sourire, comme si cela semblait l'amuser. Il se mit même à rire un peu en voyant la tête d'Even, qui lui avait totalement buggué.

- Depuis combien de temps tu le sais ? Depuis combien de temps sais-tu que tu l'as finalement retrouver ?

Un léger courant d'air vînt meubler le silence. L'ancien ange regardait les hautes branches de l'arbre en dessous duquel ils étaient assis. Il souriait.

- Je le savais, depuis le début, ou presque. A la base je n'avais que des soupçons. Mais ils sont rapidement confirmés.

Even était autant sous le choc que dans l'incompréhension. Il ne comprenait pas pourquoi il n'était au courant que ce jour là, et pas avant.

- C'est vraiment pas cool de ne m'avoir rien dit. Je pensais que depuis le temps, tu me faisais plus confiance que ça.

Even était vraiment vexé, il se leva mais il fut retenu par le bras.

- Il faut que tu comprennes quelque chose. Je ne pouvais pas te le dire. Sinon, déjà, toi tu aurais eu fini ta mission ici, et tu aurais du partir. Dans un premier temps, j'ai voulu que tu restes. Ensuite, dans un deuxième temps, l'autre aurait pu l'entendre. Et il l'aurait tuée, car souvient toi, il veut se venger. Tu sais parfaitement pourquoi.

Even ne savait plus quoi répondre.

- Tu voulais que je reste... mais, je serais rester avec toi quand même ! Et, comment tu peux être sûr des intentions de l'autre ?

Résigné, Tristan finit par avouer.

- Il voulait que je m'en occupe moi même, il y a 18 ans. J'ai refusé. Mais en 18 ans, il a eu le temps de trouver comment s'évader de sa prison. Aujourd'hui il ne doit rien savoir. Je ne sais pas comment tout ça va finir, mais toi et moi, on doit garder le secret. Personne ne doit savoir.