Chapitre 3

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Le lendemain, alors que Augustin sortait de la maison de son maitre, une voix l'interpella :

- Puis-je venir avec vous ?

Le moment de stupeur passé, Augustin reconnut la cuisinière .

- Bi... Bien sûr, répondit celui-ci.

Ils se dirigèrent vers le parc.

- Augustin... pardon, me permettez-vous de vous appeler Augustin ?

- Oui, répondit-il.

Que pouvait bien lui vouloir cette vieille femme ?

- Je ne me suis pas présentée,  dit- elle en lui tendant la main, Élisabeth Lejaune.

Augustin serra brièvement cette main fripée.

- Que pensez-vous de votre travail ? Et de Monsieur Terrier ?

Augustin trouva la question quelque peu abrupte, et ne répondit qu'après un regard bienveillant lancé par Élisabeth :

- J'aime beaucoup mon travail, même si je me demande si je devrais vraiment apporter tous ces verres de whisky à M. Terrier. quand à lui, je me pose plein de questions à son sujet.

- Quel genre de questions ? demanda Élisabeth.

Voyant qu'Augustin n'osait pas répondre, elle déclara :

- Je me doute que vous vous méfiez, mais sachez que vous pouvez me faire  confiance, je ne suis pas envoyée par monsieur,comme ce que vous semblez penser. j'ai moi même des doutes à son sujet ; pourquoi reste-il seul et enfermé toute la journée ? Pourquoi demande-t-il une double ration de nourriture ?

Les confessions de la vieille femme mirent Augustin en confiance, et il dit :

- Et bien voilà, l'autre jour, je rentrai un peu plus tôt d'ordinaire de ma sortie de l'après-midi, quand j'entendis monsieur parler avec, je pense, une femme. Qui était-elle ? Une amante ? Une suspecte ? La voit-il tous les jours à ces heures ?

Élisabeth regarda le jeune homme en souriant et dit :

- Ce sont, les questions que je me pose. Et auxquelles je n'ai pas de réponse. Mais est-ce là tout ce que vous vous demandez Augustin ?

- Euh... non, effectivement, il m'a donné ce jour de congé en me disant qu'il allait sur le terrain d'un crime, mais cela veut dire deux choses : soit qu'il savait qu'un meurtre allait avoir lieu, ce qui est fort étrange, soit il est allé voir une ancienne scène de crime, ce qui est peu probable.

- En effet, cela est étrange. A votre avis, quelle serait la solution la plus plausible ?

- La première je pense. Mais comment cela est-il possible ?

Les yeux de la vieille femme se plissèrent et une étincelle de malice s'alluma dans son regard.

- Réfléchissez, dit celle-ci, qui, avant un crime, est au courant qu'il va avoir lieu ?

- Le meurtrier ! Insinuez-vous que monsieur soit le coupable ?

- Non, mais... avouez que c'est une coïncidence à ne pas négliger.

- Sauf votre respect, madame, essayez-vous de me faire avoir des soupçons envers monsieur ?

Augustin ne savait plus que penser. Qui était vraiment cette vieille femme ? Pourquoi toutes ces questions ?

- Absolument pas, Augustin. Bon, je dois aller voir ma sœur. Au revoir !

Élisabeth se leva et partit, laissant Augustin seul.


Augustin Du MelonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant