Chapitre 8

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Quand ils eussent fini leur drôle de manège, ils s'élancèrent sur une danse au rythme endiablé. Laure était magnifique, elle riait, sa chevelure virevoltant autour de son beau visage. Elle était rayonnante, et Augustin voulut que cet instant dure à jamais. Il voulait la garder serrée contre lui, sentir son parfum fleuri et admirer la peau blanche de son cou à son aise. Il suait à grosse gouttes, ce qui fit rire de plus belle Laure. Elle le trouvait si drôle avec son corps rond et son monocle, à cela s'ajoutant la fausse moustache.

Au beau milieu de ce joyeux bal, un sifflement se fit entendre, d'abord très faible, puis de plus en fort. L'orchestre s'arrêta, les danseurs de même, et ils commencèrent à avoir peur. D'un bond, Augustin avait sauté sur une chaise et cria pour que tout le monde l'entende :

- Calmez-vous le sifflement que vous entendez est celui de bombes fumigènes placées dans les pots de fleurs.

Des cris retentirent, des femmes et des hommes s'évanouirent, un élan de panique secoua la foule. Augustin reprit, le plus calmement possible :

- Vous allez sortir calmement par les portes.

Les messieurs et dames se massèrent près des portes pour les ouvrir, mais n'y parvinrent pas.

- Elles sont fermés ! Malheur ! cria quelqu'un.

- Je ne veux pas mourir ! s'écria une grosse dame au fond.

Augustin blêmit :

- Restez calme !

- Augustin, vous ne pouvez rien empêcher.

Un homme était monté sur une autre chaise de l'autre côté de la salle ; Charles Lejaune. Il tenait d'une main un revolver, et de l'autre, fermement le bras de Jeanne.

- Si vous tentez quoi que ce soit, je tire, dit-il, les portes sont fermées, et vous allez mourir !

Il descendit de sa chaise, rictus mauvais sur les lèvres.

- Il ne le fera pas, répondit Augustin, c'est sa complice ! Attrapez-le !

C'était trop tard, il s'était déjà enfui par une porte dérobée qu'il avait pris soin de refermer. Augustin descendit de sa chaise, et essaya, avec celle- ci de fracasser une porte, mais l'air devenait lourd et il ne parvenait pas respirer. Ses muscles s'engourdissaient, ses yeux se fermaient. Les gens autour s'effondraient comme des mouches. Quand il tomba, il ferma les yeux et pensa à Laure, et à Élisabeth se maudissant de n'avoir pas réussi à sauver tous ces gens.


Augustin Du MelonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant