Chapitre 2

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Le lendemain Augustin quitta la demeure de son maitre à deux moins le quart. Le parc se situait à dix minutes de là, au bord de la Seine. A l'entrée du parc, Augustin compta deux réverbères, puis trois bancs, et s'assit sur celui-ci. En face de lui, il y avait un grand chêne, sur lequel un couple de merles faisait son nid. Augustin les regarda longtemps, Le parc était fleuri. Il attendit. Personne ne vint. Deux heures et demi sonnèrent. Il s'apprêta à partir, quand une jeune femme s'assit à côté de lui. Elle était brune, les cheveux ramenés en un chignon serré. Elle était petite et mince. Augustin n'apercevait pas son visage, mais il devinait qu'elle était belle. Au bout d'un moment, elle se leva et partit. A sa place, il restait juste une paire de gants blancs. Augustin s'en saisit et courut après la jeune femme, mais il ne parvint pas à la rattraper. Il regarda les gants, ils devaient appartenir à une personne avec de petites et fines mains. Il les glissa dans sa poche, se promettant de retrouver la jeune femme. Il rentra chez lui, fort déçu de ne pas avoir vu Élisabeth, et à la fois en colère que celle-ci ne soit pas venue. Il reprit donc le chemin de la maison, ne sachant que faire de ce jour de congé.

Augustin se coucha de bonne heure ce jour-là. En sortant les gants de sa poche, il sentit quelque chose à l'intérieur de ceux-ci. Il en tira un papier plié en deux. Il était écrit dessus :

Vous retrouverez la jeune femme

sur ce même banc, ce soir, à

minuit.

Et c'était signé ; E. Lejaune. Augustin s'informa de l'heure, il était onze heures un quart. Il ne travaillait pas la nuit, sauf urgence, il ne jugea donc pas utile de prévenir monsieur De La Jardinière. A onze heures et demi, il ferma sa logette. Il avait pris les gants pour les rendre à la jeune femme. Au parc, celle-ci l'attendait sur le banc convenu. Elle lui sourit. Bien que que la nuit soit fort avancée, il vit qu'elle était très belle, avec son visage aux pommettes saillantes, ses yeux d'un bleu profond et ses lèvres fines, encadrées de petites fossettes. Elle se présenta sous le nom de Laure Bouquet.  Elle lui dit d'une voix claire qu'elle devait l'emmener voir Élisabeth Lejaune, qui était immobilisée. Augustin la suivit donc après s'être présenté à elle.     

Augustin Du MelonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant