Chapitre 9 : Éclaircissement

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Nous nous enfonçâmes dans les profondeurs de la grotte. Je ne parvenais pas à concevoir que des hommes puissent se cacher au fin fond de cette caverne froide et humide. Comment Paxe en était arrivé là  ? Je me posais tellement de questions... Sven était silencieux. Bientôt, la lumière apparut au bout du tunnel. Jack se tourna vers nous, il arborait un sourire rayonnant.

— Nous y sommes.

J'avançai prudemment jusqu'à la lumière en clignant des paupières. La grotte débouchait sur une clairière parsemée de fleurs blanches. Il y faisait particulièrement doux et une légère brise caressait nos visages. À quelques mètres se tenait un troupeau de petites maisons blanches. Des rires s'en échappaient. Le soleil arrosait cette clairière secrète où je me sentais déjà chez moi. Sven laissa filer un sifflement d'admiration entre ses lèvres qui, jusque là, étaient restées soudées l'une contre l'autre.

— Un repère suspendu... C'est la première fois que j'en vois un, dit-il impressionné.

— Il a été découvert il y a des milliers d'années puis oublié de tous.

Nous avançâmes vers le regroupement de maisons et nous fûmes dévisagés par tous ceux que nous croisâmes. Jack nous conduisît jusqu'à une maison plus imposante que les autres. Les portes battantes étaient grandes ouvertes. Six personnes s'affairaient dans la grande pièce où nous débarquâmes. C'était un immense bureau. Une grande table ronde en chêne trônait en son centre et était recouverte d'un tas de paperasses. Jack se racla la gorge. Une femme nous remarqua enfin. Elle se figea.

— Nous avons de la visite, dit-elle à l'adresse de ses collègues.

Ces derniers s'arrêtèrent un à un de travailler. La femme qui devait frôler la cinquantaine s'avança vers nous. Je m'apprêtai à la saluer, mais elle nous contourna sans ménagement. Sven se moqua discrètement de moi. Je tournai la tête afin de voir ce qu'elle faisait. Jack m'imita et soupira. En découvrant la scène derrière moi, je sursautai. Une foule se pressait silencieusement à l'entrée de la porte et nous observait les yeux emplis de curiosité. La femme souleva les pilons de bois qui retenaient les portes battantes et les ferma sans rien dire. Je l'observai quelques instants. Elle était vêtue étrangement. C'était la première fois que je voyais une femme porter un pantalon. Elle était tout bonnement déguisée en homme. Ses cheveux bruns striés de mèches blanches étaient rassemblés en un chignon haut maladroit. Quand les portes furent bien fermées, elle se tourna vers Jack.

— Qu'est-ce que tu nous rapportes  ?

— Des non marqués, répondit-il en nous faisant signe de dévoiler nos poignets.

Elle écarquilla ses petits yeux noirs et nous invita à nous asseoir à la table où ses compagnons avaient déjà pris place. J'étais terriblement gênée. Je m'assis à la place que m'indiqua un vieil homme. Il me sourit ce qui me rassura quelque peu.

— Je suis Marta, se présenta la femme en prenant place. Bienvenue au refuge. Qui êtes-vous  ?

— Je m'appelle Anne et voici Sylvain mon frère ainé, nous venons de Lastrée, répondis-je le plus calmement possible.

Elle regarda Jack.

— Je confirme, dit-il avec décontraction.

Un homme barbu prit la parole.

— Savez-vous que vous êtes dans un pays en guerre  ?

— Nous l'avons appris ce matin dit Sven. Nous pensions que Paxe était endeuillé, surement pas en guerre.

Marta fronça les sourcils.

— Il n'y a que deux royaumes qui savent que notre princesse est morte : Paxe et Esperanza. Surement pas Lastrée.

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