Chapitre 4 : L'ange blond

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J'essuyai mon visage du revers de la main. J'entendais sa respiration calme derrière moi.

— Tu ne dis rien  ? murmurai-je.

— Je devais me marier hier soir... Dans la matinée, j'ai ressenti le besoin de sortir pour réfléchir à ce mariage arrangé, à cette princesse que je n'avais jamais vue... J'ai erré plusieurs heures jusqu'à me perdre, un de mes valets m'a retrouvé. Nous avons beaucoup parlé, des heures sans doute, en marchant sans but précis. C'est comme ça que je suis arrivé jusqu'à Esperanza. Je ne peux te dire qu'une chose, bien que ce soit mes blasons que j'aie vus sur place, je n'ai reconnu personne... Ce n'était pas mes hommes.

Je tournai mon visage vers lui. Il se leva.

— Quelque chose nous échappe à tous les deux, je crois.

Un bruit de pas pressés nous interrompit. J'essuyai rapidement mon visage et me relevai.

— Dans toutes situations reste une reine, murmurai-je en m'avançant vers la grille du cachot.

Sven m'attrapa par le bras et me retint derrière lui. Je n'eus pas le temps de protester. Une fillette se tenait derrière les grilles et nous observait. Nous étions tous trois figés. Elle devait avoir six ou sept ans et malgré la candeur qui filtrait à travers son regard d'émeraude, avait l'allure d'une reine. Elle était vêtue d'une chemise de nuit de flanelle rose et ses cheveux d'un blond presque blanc retombaient en désordre autour de son visage de porcelaine.

Je me dégageai de l'emprise de Sven et tendis à la petite fille ma main. Elle s'en saisit aussitôt.

— Je m'appelle Iris, murmura-t-elle. Je suis désolée.

— Tu vis ici ? Où est-ce qu'on est ma puce ? lui demandai-je en m'agenouillant de l'autre côté de la grille.

Un claquement de porte nous fit tous les trois sursauter. Iris arracha précipitamment sa main de la mienne.

— L'ancien four des cuisines, murmura-t-elle. Le puits, revenez... Faites-le pour ma maman.

Je voulus rattraper son bras, la presser de question, la rassurer, mais elle avait déjà disparu, avalée par l'obscurité humide. Sans bruit, comme un fantôme. Mon esprit était vide, je n'entendais plus rien. Cette enfant m'avait bouleversé pour je ne sais quelle raison. Je fus vite ramenée à la réalité par les fracas d'armureries qui résonnaient au bout du couloir. Je repliai mon bras à l'intérieur de la cellule. C'est alors que je perçus au creux de ma main quelque chose de froid et lisse. C'était une clef. Les bruits de pas s'intensifiaient. Sans réfléchir, je l'enfouis dans mon corset. Quatre hommes arrivèrent à la grille.

— Que nous vaut cet honneur ? leur demanda Sven sarcastique.

Sans répondre, ils ouvrirent la porte, et pénétrèrent dans notre cellule. Je reculai jusqu'à sentir la présence de Sven derrière moi. Il attrapa mon poignet. Sa paume était moite et glacée. Les soldats s'arrêtèrent juste devant moi. L'un deux me toisa d'un air indescriptible. Je sentis mes poils se hérisser sur tout mon corps. Sven me tira derrière lui.

— Votre majesté, nous sommes infiniment navrés de ce malentendu nous allons tout de suite vous conduire dans vos appartements et vous débarrasser de cette vermine.

— Qui êtes-vous ? demanda sèchement Sven.

À ses mots, tous les hommes présents dans la cellule posèrent un genou au sol. Celui qui venait d'apostropher Sven prit solennellement son autre main.

— Bienvenue au royaume de Paxe Votre Altesse. Nous vous présentons nos plus plates excuses quant à ce regrettable incident et espérons que la fréquentation de cette vipère ne vous aura point trop importuné.

ALLIANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant