Chapitre 10 : Le calme avant la tempête

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Nous sortîmes de la pièce sans un mot. J'avais la gorge sèche et les mains moites.

— Je n'arrive pas à croire tout ce que je viens d'entendre. Tu imagines si nos parents savaient cela ? Ils pourraient désamorcer la bombe si vite...

— Crois bien qu'ils feront tout pour que nous ne rentrions jamais leur raconter, dit Sven doucement.

Je n'arrivais toujours pas à y croire. J'avais besoin d'un instant seule pour bien saisir ce qu'il venait de se passer. Sven posa son bras autour de mes épaules et se pencha au-dessus de mon oreille. 

— On va ouvrir ce carnet dès ce soir et on aura nos réponses.

Il accompagna ses paroles d'un petit coup discret contre ses abdominaux. Un bruit sec retentit me rappelant qu'il y conservait toujours le journal de Céleste. La nuit était tombée et la place où nous étions arrivés était déserte. L'intérieur des logis était faiblement éclairé. Quelques rideaux étaient soulevés laissant apparaitre des visages perplexes nous épiant.

— Vous êtes les amis de Jack  ? nous apostropha une douce voix.

Je me retournai entrainant Sven dans mon mouvement. Une femme aux cheveux blancs se tenait derrière nous, elle souriait. Je jetai un coup d'œil aux alentours. Jack avait disparu.

— C'est ça, lui répondit Sven. Vous êtes...

— Moena, je suis chargée de vous montrer vos chambres pour ce soir.

Elle sortit un trousseau de clefs de son tablier et nous fit signe de la suivre.

Au fur et à mesure que nous traversions le camp, les rideaux se soulevaient.

— Ne faites pas attention, les nouveaux venus sont rares et souvent source d'excitation générale. C'est ici.

Une petite maison semblable aux autres nous faisait face. Moena tira sur une cordelette dans l'entrée et une faible lumière éclaira le perron. Les clefs tintèrent lorsqu'elle les manipula pour ouvrir la porte. Nous pénétrâmes tous trois dans la maison, elle tira sur une autre cordelette et la pièce s'éclaira. C'était une grande chambre, le lit emplissait presque toute la surface de la pièce. Un feu crépitait près d'une petite fenêtre et offrait au lieu une douce chaleur. Sur le parquet vieilli, un tapis duveteux s'étendait jusqu'à une petite table cernée par deux chaises. Quelques livres étaient éparpillés sur des étagères. Moena se dirigea vers un petit placard près de la table et en sortit une panière de fruits.

— Je vous ai apporté cela de chez moi, je ne savais pas si vous aviez diné, mais je ne pense pas...

À la mention du dîner, je sentis mon ventre se tordre. Nous n'avions rien mangé de la journée. Notre état de stresse avait été si intense que j'en avais oublié de ressentir la faim. Mais à présent j'étais affamée. Un long gargouillis s'échappa alors de mon ventre. Je rougis aussitôt. Moena se mit à rire et Sven me lança un regard compatissant, il devait lui aussi réaliser son besoin urgent de manger quelque chose.

— Ah, donc vous n'avez pas mangé... Votre salle de toilette est ici.

Elle désigna une porte.

— Détendez-vous, je vais vous apporter un diner et...

Elle détailla nos tenues défraîchies.

— Et des vêtements pour cette nuit, vous me laisserez les vôtres sur le perron et je vous les rendrai propres demain.

— Vous êtes bien trop bonne, lui dit Sven, ne vous préoccupez pas de nous, allez rejoindre votre famille.

— Taratata, le coupa Moena. Ici, c'est moi qui commande. Demain vous aurez une journée compliquée, alors laissez-moi vous adoucir la soirée.

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