《 le prénom ester vient du perse ester "étoile" ou de l'hébreu ester "étoile" également. 》
ester écrivait bon nombre de théories banales sur le ciel, avant. comme tous, elle le trouvait fascinant. elle le voyait comme un gros oeil indécis, qui parfois pleurait et changeait de couleur toutes les heures. ou alors, c'était une bouche fatiguée qui hurlait à la mort ou souriait jusqu'à en éblouir la totalité de la terre. il aurait pu tout autant s'agir d'un gigantesque miroir qui reflétait tous les états d'âmes des humains en s'accordant sur leurs peines, leurs larmes, leurs haines, leurs nuages noirs, et bien sûr, leur bleuté infinie. là était le plus important. la robe favorite du ciel était bleu ciel et ester ne sentait plus que du bleu à l'intérieur. elle aurait presque pu s'en vêtir comme le faisaient les cieux.
mais ester avait peu à peu perdu espoir en cette voûte céleste presque infinie. car ester commençait à fatiguer de chercher sans trouver. elle ravalait sa folie toutes les nuits afin de gagner du temps pour trouver la solution à sa vie. mais sa folie se faisait maintenant aussi grosse que le système solaire et ester doutait de ses capacités à ensevelir bientôt la voie lactée dans sa gorge, juste à côté de ses larmes qui prenaient tout autant de place. ester trébuchait sur chaque page de chaque livre et sur chaque mot de chaque article. les représentations de molécules de carbone et les gravures antiques ne lui faisaient plus aucun chatouilli à l'âme et elle ne tirait plus rien des connaissances qu'elle absorbait, elle les vomissait et les réduisait en poussière de colère en leur jetant son coeur, devenu si lourd, à la figure. le ciel qui jadis lui réchauffait les maux se faisait un peu trop silencieux et immobile à son goût.
alors ester ne voulut plus croire en rien. elle découvrit que le ciel n'était qu'un immense tableau, immobile, calme, plein de vide, passif, inutile. il lui avait offert des tonnes de faux espoirs mais maintenant, ester savait que la poussière d'étoile était légende. elle était sur le point de croire que les planètes n'existaient pas. rien dans ce vaste et nauséeux univers ne pouvait l'aider et elle le maudit donc de lui avoir donné la vie. que pouvait-elle en faire à présent qu'elle chutait pour l'éternité, poussée dans ce vide silencieux d'espoir par l'affirmation que son existence est privée de sens, de but, d'intérêt, de justice, de repos, de clémence ?
ester devenait aveugle de tout ce qui tentait encore de la convaincre que vivre sa vie pleinement était chose à faire. elle ne voyait plus la lumière du jour, elle ne voyait plus la clarté de la lune, elle ne réalisait pas l'obscurité de son esprit. elle subissait de moins en moins bien ses pensées qui lui asséchaient l'espoir sans cesse puisqu'ester ne pouvait plus s'empêcher de penser qu'elle était coincée : pas assez résignée pour mourir, pas assez saine d'esprit pour contrer sa certitude de vivre la plus longue et douloureuse vie créée, vécue dans la certitude de vivre malheureuse, dans l'attente d'une inexistante raison de continuer si ce n'est la peur de la fin. elle ne cessait de lacérer tout ce qui restait de positivité humaine sur son visage en se répétant, entre deux larmes glissantes, qu'elle était fichue, qu'elle allait vivre des dizaines d'années sans l'envie de quoi que ce soit, abattue par son insignifiance qui lui avait retiré toute chaleur, tout sourire, tout combat contre le malheur. elle ne ferait plus que détester la vie tout en s'y réfugiant.
ester en voulait au ciel, qui, lui, vivrait pour toujours, aurait en perspective de très nombreuses années qui lui permettraient sûrement de trouver un sens à sa présence pour finalement l'apprécier, ce qui ne serait jamais le cas d'ester. et elle en voulait en ciel de lui avoir pendant si longtemps projeté des couleurs, des lumières, qui lui apportaient l'illusion que le monde était beau. le ciel n'était plus qu'un menteur, un arnaqueur, qui narguait sans arrêt les humains avec son bonheur inévitable, son rôle et son existence essentielle au tout du tout, trop immense pour que qui que ce soit sur cette planète apparemment vivante puisse rivaliser.
et si on avait voulu, à sa naissance, qu'ester soit une étoile, aujourd'hui, ester ne voyait qu'un échec dans le reflet de son prénom. elle n'avait rien de lumineux, au contraire, une bataille quotidienne contre la dépression lui retirait toute la lumière qu'elle aurait pu abriter. ester ne réchauffait rien ni personne comme une étoile aurait pu le faire. à vrai dire, personne n'aurait voulu de sa chaleur. personne n'approchait plus ester car elle perdait les autres en évoluant elle même de façon aussi incertaine. la seule possibilité qu'ester avait de réaliser le destin de son prénom était de finir en explosant. elle était persuadée que ce destin l'atteindrait sans tarder. elle éclaterait bientôt aussi violemment qu'une étoile qui a le tournis de milliards d'années à se faire encercler par de petites sphères prétentieuses. mais d'ailleurs, ester n'avait pas non plus de petites sphères ou autre en orbite autour d'elle. elle était définitivement bien trop seule pour être une étoile.
ester était victime d'une dépression céleste incurable.
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ester carboxylique
Short Storyen son intérieur physique, elle en est certaine, ester possède des atomes de carbone. malheureusement se supposer une ester carboxylique ne lui est d'aucune aide dans sa quête de l'âme. 《 l'ester est un composé organique résultant de la condensation...