Chapitre 27

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Katsuki

C'est bon, j'en avais assez d'attendre !
Je poirauteais depuis au moins un quart d'heure pour que mon sympathique prof gnocchi veuille bien se montrer ! Qu'est ce qui lui prenait autant de temps comme ça ?
Je pourrais peut être me rendormir pour continuer mon rêve avec Deku... Même si je faisais rarement deux fois de suite le même rêve. Non ça ne servirait à rien, je ne ressentais pas de la fatigue mais de l'ennui profond.

Deku ne m'avait pas repoussé... Est ce que cela voulait dire qu'il ressentait la même chose que moi ?
Je devais vraiment être épuisé moralement pour confondre rêve avec réalité. Je passais une main sur mon visage en soupirant. Il me haïssait, je l'avais clairement compris. C'est pour ça que mon coeur me faisait mal.

Izuku

J'avais sauté sans réfléchir mais l'atterrissage allait être un peu plus complexe. Je me suis étalé de tout mon long sur le sol en trébuchant sur une pierre. Ce jour-là, il faisait beau, j'avais eu de la chance. En regardant autour de moi, je vis ma mère qui souriait à pleines dents. Elle avait eu l'idée d'organiser mon anniversaire dans ce parc. Mon coeur se serra. C'était le parc où Kacchan m'avait appelé Deku pour la première fois. En parlant de ce dernier, je le vis courir vers le moi du passé.

- Hé Deku ! Ma maman m'a dit que je devais te donner ça.

Il lui tendait un petit paquet enrubané.

- Ah ? M-merci Kacchan !

- Il vient pas de moi, c'est ma maman qui me l'a donné !

Et il repartait en sens inverse. Je ne pus m'empêcher de sourire. C'était bien sûr un mensonge vu que je savais que c'était lui qui avait choisi le cadeau, la fameuse peluche All Might qu'il lui avait prêté à l'hôpital. Les yeux brillants, le petit garçon que j'étais, se précipitait vers ma mère, tout émoustillé.

- Maman, maman ! Regarde ce que la maman de Kacchan m'a offert !

- Ouah ! C'est génial, mon chéri, tu l'aimes bien ?

- C'est le meilleur cadeau que j'ai jamais eu.

- J'ai une surprise pour toi !

Je froncais les sourcils, je ne me souvenais pas de ce moment...

- Vraiment ?

Un homme surgit par derrière.

- Surprise !

En tant que spectateur, je pus voir que ce souvenir prenait une tournure inquiétante. Je ne voyais pas la tête de l'homme qui était camouflé par des gribouillages noirs. Sa voix était coupée, modifiée comme si quelqu'un s'amusait à mixer dessus. Ça me faisait peur. Soudain, mon moi du passé bondit en hurlant comme un forcené.

- PAPA !

Quoi ? C'était mon père ?

Pourquoi je ne me souvenais pas qu'il était là ? Pourquoi... Je ne me souvenais pas de mon père ? Mon nez me piquait, je sentais les larmes venir quand je sentais qu'on tirait mon pantalon. J'ouvrais mes yeux flous à cause des larmes mais je vis clairement que c'était moi-même.

- Pourquoi tu pleures ?

Le souvenir commençait à prendre des allures de films d'horreur. Les têtes que je voyais se tournaient vers moi, couvertes des mêmes gribouillages que sur mon père.

- Tu veux revoir Papa ?

C'était étrange de parler à mon moi de cinq ans. En regardant sa tête, je vis que ce n'était pas moi, en tout cas, pas le vrai moi.

- Tu peux mais il va falloir que tu restes ici avec nous.

C'était tentant. Une part de moi avait envie d'écouter le petit innocent juste à mes pieds et l'autre était méfiante et me demandait de prendre mes jambes à mon coup. Je finis par choisir ma réponse.

- J-Je ne peux pas, j'ai des amis qui m'attendent à l'extérieur.

Le petit me sourit.

- Je vois. On va devoir t'y forcer alors.

Quoi ? Je reculais lentement en entendant mon moi du passé rire aux éclats, un rire enfantin qui me faisait froid dans le dos. Je commençais à courir pour sortir de là où j'étais rentré mais tout se modifiait autour de moi. Le paysage aussi me mettait des bâtons dans les roues en déplaçant le portail d'un bout à l'autre de mon souvenir qui n'en était plus un. Je n'avais plus le temps de me demander si je devais rester ou non. Je devais survivre et sortir d'ici. Je répétais inlassablement dans ma tête que ce n'était pas réel pour me rassurer. Comment mon souvenir avait-il pu se modifier ? Pourquoi j'étais arrivé ici ?

Qu'est ce qu'il se passait à la fin ?

Le petit continuait à me parler alors je mis mes mains sur mes oreilles pour ne plus l'entendre.

- Tu ne veux plus voir Papa, c'est ça ? Tu ne l'aimes plus ?

Bien sûr que si, je ne demande que ça...

- Pourquoi tu le fuis ? Il te fait peur ? Tu te demandes à quoi il ressemble, hein ? Tu ne pourras le savoir que si tu restes avec nous. On est bien, tu sais. Quand on est un souvenir, on a besoin de rien !

- Alors, pourquoi j'ai l'impression que tu ne t'y plais pas ?

Touché. Le sourire disparut de son visage avant de reprendre, le regard sombre.

- Je veux prendre ta place et tout les moyens sont bons pour y arriver.

OK, c'est bon, j'avais bugué. Prendre ma place ? Et puis quoi encore ?

- Cours toujours !

- Oh mais je ne fais que ça.

Je commençais à m'inquiéter pour ma santé mentale. Depuis quand un souvenir pouvait agresser votre esprit tout entier ? Est ce que j'étais aussi affolant à cinq ans ? Je commençais vraiment à me poser la question. Soudain, une hypothèse germa dans mon cerveau.

- Quand j'étais dans les vapes la première fois... Les mains qui m'agrippaient, c'était toi ?

- Moi mais pas que. Je ne suis pas le seul à en avoir marre de vivre la même scène chaque jour. Jamais je n'aurais cru que mon propre anniversaire devienne barbant un jour. Tu ne peux pas m'en vouloir, mets toi une seconde à ma place. Tu aimerais vivre ici ?

- À ton avis, pourquoi je fuis ?

Je me jettais sur la gauche au moment où la sortie passait devant moi. J'atterris en une roulade avant de me retrouver sur le dos, bras et jambes écartés. Le trou que j'avais formé s'était refermé derrière moi. Note à moi-même : ne plus jamais consulter mes souvenirs concernant mon enfance.

Alone but not lonelyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant