13. Guérison

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C H A P I T R E 1 3 : Guérison

'' Il est trop certain que la vie n'a pas de but et que l'homme a pourtant besoin de poursuivre un rêve.''  -  Maurice Barrés

Infirmerie: 8 janvier, 10h48.

Je revins à moi en sursautant, les muscles tendus. Mes mouvements étaient toujours contraints par des menottes qui me gardaient couché sur une table dont le métal froid semblait me transpercer la peau. Cette dernière était hérissée, secoué des frissonnements.

J'ouvris les yeux. Cette fois-ci, je parvins à distinguer des formes floues et des tâches de couleurs. 

Je me sentais étourdi, engourdi. J'étais également confus. Que se passait-il?

Je tournais la tête de gauche à droite, tentant de trouver des repères dans cette salle qui me semblait inconnue. L'air ne sentait pas l'humidité comme dans les cachots. J'humais plutôt l'odeur de désinfectant et de caoutchouc. Je devinais me trouver dans un hôpital ou même une infirmerie, étant donné que je doutais fortement du fait que des Mages auraient pris la peine d'envoyer un Loup à un hôpital. Gaspillage, diraient-ils. 

Je ne leur en voulais pas, j'aurais fait de même, si la situation avait été inversée. 

Une porte s'ouvrit, laissant entrer une femme vêtue d'un sarrau blanc. Ses cheveux bruns étaient coiffées en chignon et des lunettes rondes encadraient son visage fin. Un mince sourire étira ses lèvres et elle m'adressa un hochement de tête imperceptible comme salutation. 

J'eus de la difficulté à faire le focus sur la dame, ma vision s'accoutumant toutefois rapidement. La terre sembla se stabiliser peu à peu.

Dans un silence complet, elle s'affaira à préparer une injection, avant de me l'administrer. Je me crispai un moment en l'observant, méfiant. L'infirmière s'assura ensuite que la perfusion intraveineuse était encore bien installée, avant de s'effacer pour laisser place à l'ambassadeur, Lukas. 

Un sourire mauvais fendait son visage en deux. Je plissais les yeux, me demandant encore une fois ce qu'il pouvait bien manigancer. 

Lukas s'avança lentement, comme s'il paradait, sachant que le regard des personnes présentes était dirigé sur lui. Il fit une pause au pied du lit où j'étais couché sur le dos, dans une position vulnérable. Je m'assurai de l'avoir dans mon champ de vision, les muscles raidis. 

L'ambassadeur posa une main sur ma jambe, dans un essai - échoué - d'apparaître chaleureux. Sa poigne était forte autour de ma cheville et j'eus une envie irrépressible de lui donner un coup de pied.

- Sa fièvre est descendue? demanda-t-il à l'infirmière, toujours en retrait, sans toutefois la regarder. 

Ses yeux glacials me fixaient. 

- Il en fait encore, répondit-elle d'une petite voix.

Lukas explosa de rage. Ses traits angéliques se tordirent dans un rictus horrible alors que sa poigne se serra à l'extrême sur ma jambe, m'arrachant un grognement de douleur. La mâchoire serrée, je l'observai se retourner vers la mage, figée. Après de nombreuses secondes, sa colère se fit moindre, sans que sa poigne ne se fasse plus douce. Ma jambe m'élançait et m'envoyait des vagues de douleur. 

L'ambassadeur se retourna vers moi et reposa ses yeux sur moi, avant de s'adresser de nouveau à la femme d'une voix calme, terrifiante. 

- Il vous reste 37 heures pour remettre ce canin sur pieds ou bien vous aurez affaire à moi

- Cela ne me laisse pas assez de temps pour le guérir! Les pratiques que vous sous-entendez sont interdites par le Conseil! s'acclamât-elle.

- N'ai-je pas été assez clair la toute première fois? hurla-t-il avant de reprendre d'une voix posée, Faites votre devoir de citoyenne du clan Nord-Est, je me fiche bien de ce que le Conseil dira si vous vous faites prendre, notre avenir est en jeu. 

Un silence s'installa quelques secondes.

- Oui, pardon. Je ferai tout en mon pouvoir. 

- Espérant que cela soit assez, répliqua-t-il, cinglant. 

Il me relâcha enfin, laissant une empreinte rouge vif sur ma cheville, et quitta l'infirmerie à la hâte.

N'osant plus me regarder, la femme quitta la pièce elle aussi, me laissant seul de nouveau. 

. . .

Je somnolais lorsque l'infirmière entra de nouveau dans l'infirmerie. J'entendis la porte , puis elle tira le rideau blanc semi-opaque entourant la table où j'étais attaché. Dans ses mains, une petite fiole remplit d'un liquide rouge attira mon attention. 

Sans me jeter un seul regard, elle transféra le liquide dans la poche reliée à la perfusion intraveineuse et m'observa.

Mon regard suivi le liquide, devenu rosé, descendre lentement jusque dans mon bras. Au moment où il commença à parcourir mes veines, une douleur fulgurante me traversa. Retenant de peine et de misère un hurlement, je serrai les dents, momentanément aveuglé par la souffrance. Cette dernière ne fit qu'empirer, me donnant l'impression que du feu parcourait mes veines. Bientôt, les hurlements que je retenais s'échappèrent de ma gorge et, pour ce qui me sembla une éternité, j'endurais la douleur, impuissant. 

Puis, elle disparut soudainement. J'étais pantelant, la sueur perlait sur mon corps, coulait sur mon front. Mes poignets étaient meurtris, la peau arrachée à force d'avoir tirer sur les menottes. J'étais encore tremblant, le souffle court, quand l'ambassadeur refit son apparition, un sourire narquois aux lèvres. Il m'observa, notant ma silhouette encore tremblante d'une douleur passée. 

- Ah, je vois que tu as fais connaissance avec notre remède le plus efficace. Malheureusement pour toi, il me semble que les Loups ne le tolèrent pas très bien... Quelque chose à voir avec votre ADN de chien. Heureusement pour moi, ses effets ne sont pas diminués. Tu te sentiras comme neuf dans deux jours, pile à temps pour le grand jour.

Je ne répondis rien, incapable suite à ce que je venais d'endurer, ne faisant que le maudire encore plus mentalement. 

- Oh, et ne t'inquiète pas, ce remède neutralise tous les autres sorts qui faisaient effet sur toi, notamment ce que cette chipie t'as concocté.

Je fronçais les sourcils, confus. Puis, je me souvenus de ma perte de mémoire et de mon incapacité de ressentir des émotions. 

Lukas sourit, satisfait. 

-Je vois que tu sais très bien de quoi je parle... Je m'en chargerai personnellement, parole de pitou. 

Un ange passa.

-Bon, je te laisse te reposer, on se revoit dans deux jours, n'oublie pas.

Il s'éclipsa.

Comme si je le pouvais. 

Dans deux jours, c'était mourir  ou tuer

Dans les deux cas, je devais obéir aux règles que les Mages avaient instaurées. C'était contre ma nature.

Obéir à des Mages.

Mes pires ennemis, et tout ça pour quoi?

Survivre, dans l'espoir d'un jour réussir à me sauver de cet endroit?

Pour aller où?

Nul part.  


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Un autre chapitre court aujourd'hui! Peut-être un autre d'ici 15h...


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⏰ Dernière mise à jour : Feb 24, 2018 ⏰

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