Sur la voie de la réussite

Chapitre 4 Emily

Je roule doucement. Ma réticence à rentrer est de plus en plus forte. Je mets mon clignotant à droite et tourne dans la petite voix sans issue.

Arrivée devant la maison, je me gare.

Ma mère sort immédiatement pour m'attendre au pas de la porte. Bizarrement, elle sourit. Je sors, l'air penaud, prête à recevoir la foudre habituelle.

- Bonjour, dis-je en levant la main.

- Ou as-tu passé la nuit ? demande ma mère sans ménagement mais sans vraiment être en colère non plus.

Étonnée, je me demande ce qui se passe. Je balbutie quelques mots incompréhensifs.

- Bon ce n'est pas grave, reprend t'elle, j'ai une nouvelle à t'annoncer. Ma sœur, tu sais celle de région parisienne ?

Je hoche la tête tout en entrant dans la maison suivie de ma mère.

- Vaguement et ?

Je pose mes clefs dans la corbeille prévue a cet effet sur le meuble de l'entrée puis me dirige vers la cuisine. En effet, je ne la connais pas beaucoup. Je sais juste qu'avec son mari, ils tiennent un garage qui marche apparemment très bien. J'ai dû les rencontrer deux ou trois fois mais pas assez pour m'y intéresser vraiment.

- Ils commencent à être âgés et souhaitent prendre leur retraite dès que possible donc, ils cherchent quelqu'un pour s'occuper de tout ce qui est comptabilité et prise de rendez-vous pour reprendre la société avec leur mécanicien.

- Qu'est-ce que ça a voir avec moi ?

- Laisse-moi finir !

- Mais...

- J'ai pensé tout de suite à toi, poursuit-elle ne me laissant pas parler. Tu n'arrêtes pas de dire que tu en as marre et que tu voudrais partir d'ici, c'est une opportunité pour toi tu ne crois pas ?

Les bras m'en tombent, je reprends vite mes esprits.

- Partir oui mais pas à Paris !

J'en reviens pas, j'ai l'impression que ma mère essaie de se débarrasser de moi.

- Qu'est-ce que tu veux que j'aille faire là-bas.

- Changer de vie et gérer une société, tu te rends compte de ce que ma sœur et son mari t'offre ? de toute façon tu n'es jamais contente. Je me démène pour toi et ça ne te plaît toujours pas.

- Quoi ? mais tu ne me laisses même pas le temps de réfléchir à la proposition et mon travail, j'ai un préavis à faire et des choses a réglé !

- A réglé quoi ? demande ma mère en écartant les bras.

Je hausse les épaules et me met à faire les cents pas.

- Je ne sais pas moi des choses ! un départ ne se fait pas en quelques jours.

Cette conversation n'aboutira à rien et je le sais très bien. Ma mère s'est déjà presque engagée auprès de sa sœur en lui disant que j'allais forcément accepté. Une occasion pareille ne se laisse pas passer... Enfin, c'est l'avis de ma mère.

- Bon, reprend-elle, si tuacceptes tu peux partir quand tu veux, ils t'attendent.

Je souffle bruyamment et secoue la tête en levant les yeux au ciel.

- OK on verra, ça te va ?

Je ne l'écoute déjà plus, mon cerveau tourne à cent à l'heure. Après tout, qu'est ce qui me retiens ici ? ma mère à raison je veux partir. Ce n'est pas comme si je partais à l'aventure puisque j'aurais un point de chute et un emploi, et quel emploi !