On danse ? (suite)

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 Vers midi la porte de la maison s'ouvrit et Kayla sauta sur ses pieds.

-Grand-père !

La petite sauta,en riant, dans les bras du vieil homme qui venait d'entrer.

-Regarde grand-père j'ai un nouvel ami. Il peut manger à la maison ?

Le vieil homme regarda Jason surpris, puis sourit et hocha la tête.

-Si c'est ton ami bien sûr qu'il peut manger à la maison.

Jason ne voulut pas rester pour manger, mais le grand-père insista et, finalement, ils se retrouvèrent tous les trois assis autours de la table à discuter.

-Tu a l'air différent des autres gens que j'ai vus ici ; d'où viens-tu ? demanda grand-père à Jason.

-Je ne suis pas français. J'ai dû partir de mon pays d'origine quand j'avais trois ans, j'y ai laissé ma maison, mes amis et ma famille. Le dernier soir, ma sœur, et moi on a dansé comme ça, sans musique, juste nous deux. Après, en cadeau d'adieu je lui ai offert une paire de boucles d'oreilles bleues.

-Donc tu es seul.

-Oui et non. Ma famille me manque mais j'ai accepté le fait que je ne la reverrais plus. Et même si j'ai dû me battre pour ça, j'ai trouvé ma place dans ce monde.

-Tu as du traverser bien des épreuves...

-Peut être, mais j'ai l'impression que ce n'ait rien face à ce que beaucoup de gens ici on l'air d'avoir vécu.

Kayla suivait la discussion sans dire un mot, le nez dans son assiette ébréchée.

-Que disent les gens de nous ? demanda alors le vieil homme.

-Ils disent de vous que vous n'êtes pas civilisés, que vous êtes des sauvages.

-Est-ce que le fait que nous n'ayons pas la même façon de vivre que les autres fait de nous des sauvages ? Nous avons pourtant aussi du savoir, une histoire, des traditions. Nous avons seulement une façon différente d'appréhender la vie et les questions qu'elle soulève. Et puis, le fait qu'un être ne soit pas civilisé fait-il obligatoirement de lui un sauvage ? Les chiens ne sont pas sauvages puisque l'on peut prétendre qu'ils sont nos amis ; mais peut-on dire d'eux qu'ils sont civilisés ?

Le repas se termina sur cette tirade du grand-père et cette question au multiples réponses. Mais au fond de lui, Jason savait que grand-père avait raison : les gens les prenaient pour des sauvages car ils ne les comprenaient pas, et comme ils pensaient que c'étaient des sauvage, ils ne prenaient pas la peine d'essayer de les comprendre. Un cercle sans fin. Et pourtant, même s'ils ne vivaient pas de la même manière, grand-père, Kayla et les autre étais aussi civilisés que ses camarades de classe puisqu'ils laissaient une trace de leurs coutumes et se transmettaient des traditions par la parole ou l'art. C'est bien cela qui différencie les êtres sauvages des êtres civilisés non ? Le fait d'avoir, ou non, des traditions et une façon bien particulière de les partager avec les autres, de faire, ou ne pas faire de l'art, et toutes autres choses que l'on partage sans s'en rendre compte.

Après avoir rangé les affaires du déjeuner, Kayla prit Jason par la main et l'emmena une nouvelle fois a travers les abris des réfugiés. Le jeune homme se dit alors : Ici il n'y a pas de prédateur ou de proies, il y a juste des gens qui s'entraident et qui se battent pour vivre et voir le sourire des autres.

-On court ?

La question de Kayla le prit au dépourvu. Sa première pensée fut non, comme à chaque fois que quelqu'un lui proposait de courir. Puis Jason réalisa que malgré le fait qu'il soit asthmatique, il avait terriblement envie de se sentir libre. Alors sans prendre la peine de répondre à Kayla, il partit en courant, riant comme un enfant. Ils coururent une éternité et, quand ils furent incapables de respirer à force de trop rire, ils s'assirent par terre, sans se soucier de savoir s'ils dérangeaient qui que ce soit.

On ne nous avait pas menti sur tout, pensa Jason, la jungle ne se trouve peut être pas près de l'équateur, elle n'est peut être pas toute verte, mais elle est bien pleine d'êtres merveilleux et elle nous remplit les poumons d'air pur. Tout l'après-midi ils jouèrent en courant partout où leurs envies les portaient. Jamais Jason ne s'était senti aussi bien de toute sa vie. Il avait oublié tout ses problème avec ses camarades de classe, ses résultats, sa famille d'accueil...

N'ayant pas put profiter de la compagnie de sa sœur, les filles avaient toujours intimidées Jason, ne sachant pas comment se comporter avec elles, il préférait les éviter. Pourtant, Kayla était différente des autre. Certes son jeune age aidait, mais c'était sa façon de répondre aux questions avec une simplicité évidente, et pourtant avec une exactitude hors norme qui avait rendu les deux amis si proche en peu de temps. Jason avait l'impression d'avoir rencontré une petite fée, comme il y en a tellement dans les romans. Ces créatures qui on toutes, sans exception, un don pour illuminer la vie des gens qu'elles rencontre, même les vies les plus sombre, comme la sienne.

-Ce soir c'est la fête, tu viens ?

Mais la question de Kayla n'en était pas une, puisqu'elle emporta Jason vers le centre du camp sans lui laisser le choix. Des gens discutaient déjà autour d'un grand feu. Tout le monde semblait être là, grand-père et tant d'autre personne étais réunis à cet endroit.

Puis une jeune fille arriva devant Jason, un peu plus vieille que lui, la peau claire, une paire de boucle d'oreille bleues.

-On danse ?



*  *  *  *  *

Voilà, voilà... J'espère que cette première nouvelle vous a plu? Je l'ai écrite pour le concours Étonnants Voyageurs de l'année dernière. Le partie en gras au début n'a pas été écrite par moi mais par Marcus MALT, l'auteur qui a définit les sujets.

Le thème du concoure était la civilisation. Qu'est ce qu'être civilisé ? A partir de quel moment peut-on être considéré comme  sauvage.

Les candidats avaient le choix entre deux débuts, j'ai choisi celui qui parlait des migrants car quand on entends certaines personnes en parler on sent su'elles ne les considère pas comme des humains, mais comme des choses indésirables  qui viennent nous envahir. Alors que ces personnes sont aussi humaines que nous, voir même plus parfois.

Les Mots du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant