Quand il ouvre les yeux, il ne voit que les ténèbres. Sa poitrine se soulève et s'abaisse à un rythme frénétique. Un cauchemar, encore... Toutes les nuits c'est pareil, il revit la même scène, le même drame. Toutes les nuits, il se réveille en sursaut et se demande pourquoi. Pourquoi fallait-il qu'elle parte et pas lui ? Pourquoi l'a elle abandonné ? Pourquoi devrait-il maintenant vivre sans sa sœur ?
Il est perdu dans ses sombres pensés lorsque un bruit de verre brisé retenti en bas. Son sang se glace dans ses veines quand il l'entend. Il y a quelqu'un dans sa maison, quelqu'un qui n'a rien à faire là au milieu de la nuit. Sous l'effet de la peur il sent tous ses muscles se tendre, pourtant, courageusement, il repousse sa couette et se lève. Il saisit le gros livre posé sur sa table de chevet, tout en sachant que ce n'est qu'une bien frêle défense face à un revolver. Il descend les vieux escaliers le plus discrètement possible, mais il ne peut empêcher les marches de craquer sous son poids. En arrivant en bas il se plaque au mur et tends l'oreille, l'intrus ne semble pas l'avoir entendu.
Lentement il avance vers le couloir de l'entrée, là d'où venait le bruit. Quand il passe la tête dans le couloir, il aperçoit une silhouette familière. Son cœur manque un battement lorsqu'il la reconnait. C'est elle, pas de doute. Elle est revenue. Même si c'est impossible, qu'on ne peut revenir d'un lieu aussi éloigné que celui où elle est partie, il sait que c'est elle, qu'elle est là, devant lui, bien réelle.
Il s'avance d'un pas et sort de l'ombre du mur, c'est à ce moment qu'elle le remarque. Quand elle prend conscience qu'il est là, elle porte ses mains à sa bouche et se met à reculer.
- Qu'est ce qu'il y a ? C'est moi tu ne me reconnais pas ? dit-il en s'avançant.
Il remarque alors un éclat par terre et vois un cadre à photo brisé. Au milieu des éclats de verre, ils sont tous les deux au centre de l'image, main dans la main et heureux. Il ressent un pincement au cœur en voyant sa photo préférée ainsi. En face de lui, elle commence à pleurer et recule vers la porte. Sa main cherche la poignée, et quand elle la trouve enfin, elle s'enfuit en courant dans la rue.
-Non attends !! Ce n'est qu'une photo, ce n'est pas grave !!
Il crie, mais c'est inutile, elle continue de courir, loin de lui. Alors, même s'il a froid, même si l'obscurité le terrifie, il se lance à sa poursuite.
Les rayons de la lune éclairent faiblement la rue et il aperçoit la silhouette de celle qu'il pourchasse au loin. Il essaye de la rattraper, mais ses efforts sont vains. Elle est meilleure que lui à la course, de toute façon, elle a toujours été meilleure que lui en tout. C'est pour ça qu'elle aurait dû rester, que ce soit lui qui parte et non elle. Mais ils en ont décidé autrement, et l'ont choisi, elle.
Même s'il sait qu'il ne pourra pas la rattraper, il continue à courir, aussi vite que ses jambes le lui permettent. Concentré sur la douleur qui irradie dans ses cuisses et l'incendie qui ravage ses poumons, il ne fait plus attention au décor autour de lui.
Au loin, il la voit se faufiler dans une petite ruelle, il accélère encore, de peur de perdre sa trace et de se retrouver seul à nouveau. Quand il tourne à son tour, il la voit. Au milieu de la rue, elle lui tourne le dos et semble attendre quelque chose.
-Anna...
Il peine à prononcer son nom tant il est essoufflé. En l'entendant, elle se retourne, et c'est à ce moment là qu'il voit son visage. Les larmes qui envahissaient ses yeux dans le couloir de la maison ont disparu pour laisser place à un sourire. Un sourire cruel, malsain. Alors, lentement, elle lève le bras et claque des doigts. D'un coup la lune disparaît derrière les nuages et il se sent tomber. Sa panique est si grande qu'il n'entend même pas le cri qui jaillit de sa gorge.
Quand il ouvre les yeux, il sent quelque chose qui le dérange dans le dos. Il se lève péniblement et se rend compte qu'il est dans une forêt. Que fait-il ici ? Il se souvient de la poursuite dans la rue et son cœur fait un bond. Il faut qu'il la retrouve.
Il commence à errer au hasard entre les arbres qui tendent leurs racines au travers de sa route, comme pour lui faire comprendre qu'il n'est pas le bienvenu.
Il a l'impression d'avoir marché des heures quand il aperçoit une cabane aux fenêtres éclairées. À travers l'une d"elle, il voit une ombre. Il s'approche lentement de la cabane quand un croassement de corbeau le fait sursauter. Il cherche des yeux l'oiseau qui lui a fait peur et le trouve finalement perché dans un arbre à droite de la cabane.
Il pousse la porte et reconnait Anna, elle se tient dos à lui, les mains posées sur une table en bois.
- Où est ce qu'on est ?
Sa voix tremble quand il parle, reflétant son malaise. Alors elle se retourne, de la même façon qu'elle c'était retourné peu avant dans la rue, et affiche le même sourire peu rassurant qu'elle avait à ce moment. Encore une fois, elle lève la main, mais cette fois elle ne claque pas des doigts, elle tire simplement sur la peau de son cou qui s'allonge de façon inhumaine. Elle relève un peu plus la main et retire le masque qui cachait son visage jusque là. Il regarde sa sœur se transformer et changer d'identité devant lui, elle a maintenant laissé place à un homme qui le scrute de ses yeux cruels. L'inconnu tend son bras devant lui, dévoilant son arme et, avec un sourire assassin, il tire.
-NON !!!!
- Tout va bien... je suis là Jules, tout va bien.
Il ouvre les yeux et se retrouve dans son lit. Sa mère est assise sur le bord de son lit et lui caresse tendrement les cheveux.
- C'était un cauchemar, mais c'est fini, tout va bien...
Il rassemble toutes ses forces et articule difficilement :
-Pourquoi ? Pourquoi ils ont tiré sur elle et pas sur quelqu'un d'autre ? Pourquoi ? Pourquoi...
* * * * *
Voilà une deuxième histoire.
Celle ci, je ne l'ai pas écrite pour un concours, mais juste comme ça. En fait, quand j'ai lu un article sur les fusillades aux Etats Unis, ça m'a donner envie d'écrire quelque chose là dessus, et sur les attentats en général. Mais comme je ne suis pas très douée pour écrire des scène de violence,et que, je trouve, on en a pas besoins, j'ai juste essayé d'imaginer une des souffrances que l'on peut ressentir quand on vit un événement comme ça.

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Les Mots du Vent
Storie breviDes histoires comme des rêves. Des messages d'espoir ou des cris au secours. Entre réalité et magie. Comme un bouquet de fleurs que l'on offre, Un recueil de nouvelles.