Chapitre III

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Le reveil est difficile pour le jeune métis qui a passé une partie de la nuit à tourner et se retourner dans son lit, cherchant la meilleure manière de demander la main de Myriam. Il n'a pas droit à l'erreur, s'il fait mauvaise impression son père ne le loupera pas à leur retour. Il doit donc consciencieusement choisir ses mots, prouver à cet homme qu'il est digne de se marier avec sa fille. Par chance, les quatre heures de sommeil ne se voient pas sur son visage. Zayn semble comme inhumain parfois, tant la nature ne semble pas avoir d'effets sur lui. C'est ce qui fait son charme et aussi, rend jalouses ses soeurs qui cherchent désespérément ce secret. Sauf qu'il n'y en a pas. Il est simplement naturel.

Zayn est un beau garçon et possède un certain charme dont il aime user parfois, malheureusement il ne semble pas fonctionner lors d'entretiens d'embauche... Qu'importe, il doit être prêt à l'heure et donc, après une rapide douche il se rend à la cuisine où il boit une tasse de café noir, accompagnée par des toasts grillés recouverts de confiture à la fraise. Et tout en mangeant il consulte son fil d'actualité Twitter, aimant quelques photos ou statuts ou en retweetant d'autres.

Dans son esprit flotte aussi Liam qui la veille a semblé prendre plutôt bien la nouvelle. Du moins, c'est ce que le jeune homme pense. Le châtain pense qu'une solution est possible... À moins que Liam ne se fasse renier par son père, il n'y en a pas vraiment. C'est une sentence qu'à proclamé Yaser et personne n'a assez de cran, pour oser contredire l'homme de la maison. En Angleterre c'est monnaie courante de voir des jeunes filles jeunes, être mariées à des hommes plus ou moins plus vieux qu'elles. En fonction des cultures, milieux sociaux, etc. Il n'y a pas vraiment de distinctions.

Nombreux sont les garçons homosexuels à être mariés de force par leurs familles, simplement parce-que celles-ci n'acceptent pas leur orientation. Certains mettent leurs enfants dehors, estimant qu'ils sont un péché ou une erreur de la nature. D'autres les renvoient au pays où ils sont souvent gardés par la famille, puis mariés de force avec une fille du village. Et ceci est aussi valable pour les filles. En fait, il n'y a pas que l'orientation sexuelle qui joue dans la balance, parfois un adolescent un peu trop turbulent et que les parents ne parviennent plus à contrôler, peut être envoyé au pays.

Et Zayn s'estime heureux de ne pas avoir à se rendre au Pakistan, pays qu'il ne connaît absolument pas, pour en revenir des mois plus tard, marié et presque père. Ce dernier point concernant la paternité est quelque-chose auquel il n'a pas pensé réellement... Il va devoir fonder une famille avec Myriam, mais il n'en a pas envie. Oui, bien-sûr il veut des enfants, mais avec Liam. Pas avec elle. Ni avec personne d'autre d'ailleurs.

Sans s'en rendre compte, la matinée file à une allure folle et arrive déjà pour lui le moment de se préparer. Il prend donc une nouvelle douche et s'habille d'une chemise blanche et du costume gris qu'il garde soigneusement dans son armoire - et que sa mère a repassé la veille. Il coiffe ses cheveux avec un peu de cire puis met quelques gouttes de parfum, avant d'enfiler la chaîne qui ne le quitte jamais. Elle lui a été offerte par sa mère trois ans auparavant et représente un ange, Trisha dit que c'est comme si son ange gardien est prêt de lui à chaque instant.

Une fois prêt il se regarde une dernière fois dans le miroir et rejoint son père au salon, lui aussi habillé d'un costume mais de couleur noire. Il félicite son fils pour son allure sérieuse, puis tous les deux sortent pour se rendre à la voiture. Le trajet se passe dans un quasi silence, Yaser échange quelques mots avec lui, lui donnant des conseils et se rappelant la fois où il a demandé la main de sa femme. Zayn lui est stressé. Inutile de dire le contraire, son avenir va se jouer dans quelques minutes.

Après un court trajet d'environ dix minutes, le père et le fils arrivent à destination. Yaser sort de la voiture qu'il verrouille puis se rend jusqu'à l'entrée de la maison où vie Myriam, et sonne. C'est la mère de celle-ci qui leur ouvre, les accueillant avec un grand sourire et les invitant à entrer. Elle les emmènent au salon où se trouve le patriarche qui se lève de son fauteuil, vient serrer la main à son ami et à Zayn. Il sent dans son regard que le père le juge, et c'est totalement légitime ; s'il avait une fille il jugerait également le garçon venant demander sa main. L'homme les invitent à s'asseoir alors que sa femme amène un plateau avec du thé, et des petits gâteaux faits mains.

- Alors Yaser, qu'est-ce qui t'amènes? Demande-t-il l'air de rien.
- À vrai dire, c'est mon fils qui voulait te voir.
- Ah oui? Il se tourne vers le métis qui avale sa salive, avant de prendre la parole.
- Oui, je suis venu vous demander la main de votre fille Myriam.
- Oh, il fait faussement surprit, tu sais mon garçon, que tu dois me prouver pourquoi tu veux l'épouser.
- Oui, il hoche la tête, j'aime beaucoup votre fille, c'est quelqu'un qui a attiré mon attention dès la seconde où je l'ai vue. Zayn se surprend lui-même de mentir aussi bien, je suis certain qu'elle est ce que je veux le plus au monde.
- Vous avez le même âge, et vous êtes jeunes tous les deux. Es-tu certain de ton choix?
- Oui Monsieur. J'aime votre fille et je ferais tiut pour la rendre la plus heureuse possible.
- Que fais-tu dans la vie?
- Hum, actuellement je suis en recherche d'emploi, mais je devrais avoir un contrat en agence intérim d'ici quelques semaines. Cela me permettra de mettre de l'argent de côté en vu du logement que je suis également entrain de rechercher. Nous aurons comme cela une source financière et des économies, ainsi qu'un toit lors de notre mariage.
- Tu as un garçon très serieux Yaser. Tu peux en être fier, fait remarquer l'homme avant de retourner son attention vers Zayn. Et bien, mon garçon, j'accepte ta demande et te donne l'autorisation d'épouser ma fille Myriam.
- Merci, sourit grandement Zayn. Merci beaucoup, que Dieu vous garde, ajoute-t-il.

Les trois hommes boivent ensuite le thé en discutant, tandis que le père demande à sa femme d'aller chercher leur fille à l'étage. Là, ils commencent à parler sérieusement de l'organisation des fiançailles - qui sont prévues dans deux mois - et du mariage pour lequel il faut une date. De préférence pendant l'été. Le couple tombe alors d'accord sur celle du vingt-huit juillet deux-mille-dix-huit. Il leur faut maintenant prévenir leurs amis et proches invités et dresser une liste, qui servira ensuite à la réservation de la salle.

Au fond de lui Zayn meurt de jouer cette comédie. Il ne devrait pas être ici, mais devant les parents de Liam. C'est avec lui qu'il voudrait réaliser tout cela. Mais sa vie semble en avoir décidé autrement. Et même le retour à la maison vers dix-sept heures ne l'aide pas à se vider l'esprit, tant son père parle de tout cela, de la façon dont il voit se mariage qui sera grandiose selon lui. Évidemment, ce sera un mariage musulman, sujet sur lequel le métis ne connaît rien et devra se documenter une fois rentré. Tout ceci est un grand cirque. Sa vie est un cirque.

Contre mon gréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant