Faster and Faster - Tome 1

4 - I'm dying

Bob me suivait donc partout. Moi qui pensais qu'il était parti... Il avait pris le psychologue. Lui aussi était perdu.

C'est drôle, je n'arrêtais pas de parler de Bob. Mais qui est Bob ? L'assassin de Laura Palmer ? Pas assez terrifiant. Un psychopathe ? Il est bien plus atroce. La plus grande peur de tous ? C'était assez proche. Je continuais le fil de ce raisonnement tout tant racontant, inconsciemment, le défilement de mon étrange rêve. 

- I had a dream last night. I was in a red room and an owl was facing me. I repeated the same sentences that I said yesterday... And then I moved... I saw Laura in my place and the owl became a man without eyes. He was smiling...

Il notait. Il notait, notait et notait. Mon subconscient avait donc raison en créant "the man without eyes" : il ne voyait rien.

- And then she burst into fire forever...

- Is that all ? continuai-t-il.

- She had a green ring.

Il jeta subitement un regard à mes mains. Je jouai avec le feu et j'en était conscient : provoquer Bob est une dangerosité.

- Où avez-vous trouver cette bague ?

- Derrière le lit, ce matin.

Ce fut moi qui l'observa cette fois-ci. À qui étais-je en train de me confier ? Bob ? Le psychologue ?  Tout se mélangeait dans ma tête. Mais j'étais certain, oh oui, certain d'une chose : j'avais signé mon arrêt de mort, en enfilant cette bague au bout de mon annulaire.

C'était ce matin, où je m'était résigné à mourir. En avalant mon 456ème petit déjeuner dans cette usine à fous. À quoi servait ce combat contre moi-même ? Je pouvais en finir avec la vie. Chaque jour, j'avais refusé. Maintenant, je suppliais. Laura était morte en beauté. Pourquoi pas moi ? 

J'avais la sensation d'être tombé dans le grand Tout, où tous ont leurs raisons de tout détester autant que de tout adorer. Où tous, par un accord commun, ne portaient plus aucune attention sur aucune chose.

La vie n'était qu'un tissu, certes complexe, fabriqué grossièrement. Pleine de coïncidences inutiles. Pleine d'êtres cruels. Pleine de beautés inaccessibles. 

J'essayai de lui expliquer Bob avec le plus d'exactitude possible. Mais le ton sonnait faux : j'étais tombé dans le grand Tout.

Laura assistait. Je le sentais. Elle m'accompagna dans mon mouvement. Je m'approchai du psychologue. Je me baissai à son niveau :

- I'm dying, lui chuchotai-je.

Vous me demanderiez : Mais à qui disais-tu cela ? Je m'en fichais à vrai dire. Peut-être aux deux ?