Chapitre deux

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    ❝ Aucune raison d'être en colère : la colère ne fait que distraire la tristesse  ❞    

    Kurapika se sentait perdre la tête. Après avoir quitté la réunion, signé une clause de confidentialité auprès des Hunters, il dégaina son téléphone pour ne plus le lâcher durant les heures qui suivirent. Son premier réflexe, presque inconscient, fut d'appeler le numéro de Tsubasa. Entendre les sonneries indiquant que le cellulaire était toujours en service le réveilla de sa transe. Il réitéra l'action à plusieurs reprises mais n'obtint pas la moindre réponse.

La journée avança, comme un sablier d'où s'écoulaient les grains de sable un par un. Elle parut interminable au blond qui ne parvint pas à se concentrer sur autre chose que sa découverte matinale au siège. Il se souvenait du corps ensanglanté de la fille qu'il aimait, baignant dans une marre de liquide rouge. Il se voyait penché sur ce cadavre qui possédait une âme, une passion arrachée à sa propriétaire, gâchée par les couleurs de la mort. Le décès de Tsubasa avait laissé une trace indélébile, mais de la savoir revenue de l'au-delà sonnait comme une moitié de bonne nouvelle. Ce monstre, celui craint dans le pays entier depuis presque un mois, n'était autre qu'un fantôme du passé à forme humaine. Avait-on volé son corps, avait-elle perdu ses souvenirs ou n'était-ce que son double maléfique ? Toute théorie, plus farfelue l'une que l'autre, ressemblait à du poison pour l'esprit de Kurapika. Il ne réussit pas à aligner une pensée concrète pendant plusieurs heures.

Le soleil se couchait à nouveau. Ailleurs depuis la réunion, l'impression d'avoir été absent de son corps lors d'une journée entière le prit. Ses muscles connaissaient le protocole, branchés comme en mode auto-pilote, dissociant la conscience et l'enveloppe charnel pour encaisser le choc. Il ne se souvenait presque pas de la moitié de ses heures de travail. Alors, lassé de tout, le Kuruta quitta son poste. Il emprunta les escaliers et monta plusieurs marches interminables. Plongé dans l'obscurité, à l'exception de quelques lumières de secours, il finit par déboucher tout en haut de l'immeuble à plus d'une centaine d'étages. Le vent fit tout suite voler ses cheveux et ses yeux se plissèrent face au dernier sursaut que le soleil offrirait aujourd'hui. Il s'avança à pas lents, extirpa son téléphone de sa poche une dernière fois où aucune notification de la part de la Berisha ne figurait.

— Si tu es toujours en vie, il n'y a qu'un seul moyen de m'en assurer.

Une aura sortit de sa main, par filaments. Apaisé, le garçon approcha ses doigts de son cœur puis entra en contact avec sa poitrine. Le Judgement Chain, certes retiré depuis un long moment, était son dernier espoir de faire réagir la jeune femme présumée morte. Il devait se procurer une réponse, qu'importe le moyen. Si son appel pouvait refléter sa détermination, alors il possédait une infime chance de savoir si elle était toujours en vie ou pas. L'aura s'écoula de l'endroit touché quelques secondes avant. La douleur, certes supportable, le fit flancher lors des premières secondes. Mais rien ne se produisit. Pas un renvoi de son Hatsu, aucun signe d'elle. Désespéré, Kurapika se dit que s'il devait se pousser aux extrêmes, il n'aurait pas la moindre hésitation. Ainsi, d'une simple pulsion, le blond se mit à courir vers le rebord du toit. D'une assurance qu'on associerait à un fou, il sauta de l'immeuble et entama sa longue chute qui lui serait probablement mortelle. De dos au sol, il observa le ciel s'éloigner et sa traînée d'aura tracer la trajectoire de son soudain baptême de l'air. Proche de s'écraser, il ferma les yeux de toutes ses forces. S'il se rattrapait, elle ne viendrait peut-être pas. Encore un peu et il utiliserait ses chaînes.

Ses réflexions furent coupées par une pression autour de sa taille et derrière son dos. Il entrouvrit ses paupières afin de tomber face à deux iris rouges. Un sourire presque triste sur les lèvres, Kurapika observa cette fameuse fille pour qui il venait de risquer plus qu'une vie. Ses cheveux blonds, davantage clairs que ce dont il se souvenait, semblaient plaqués vers l'arrière à cause de la vitesse de leur chute.

{Hunter x Hunter} Effet Papillon [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant