Chapitre III.

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B O R D E R L I N E.

Chapitre III.

Ces dernières vingt-quatre heures furent horribles. En un si court laps de temps, ma vie fut bousculée aussi radicalement qu'un enfant qui perd ses parents dans une épicerie - et encore, cette comparaison est carrément neutre face à ce que je vis -. 

Pourtant, j'avais cette impression de déjà-vu qui me chamboulait l'esprit, que ce qui m'arrivait était écrit dans un livre ou encore même, prédit.

Or, mes parents ont peut-être gagné face à mon incarcération, mais leur plan de me détruire moralement a stupidement échoué. 

Pendant tout le trajet dans l'auto-patrouille, de l'endroit où m'avait trouvée la jeune femme policière jusqu'au poste de police de Londres, je me suis remise en question. 

Je me suis demandé si ce n'était pas mieux pour moi de vivre dans un endroit où je serais, pour une fois, traitée normalement. Peut-être me ferai-je de nouveaux amis qui, comme moi, ont eu la vie dure ?

Bref, je serai sans aucun doute plus acceptée dans cet internat que dans le village où je suis née et où j'ai malheureusement grandi.

[...]

Étant accompagnée par une travailleuse sociale et d'un policier - pour faire changement -, nous partîmes du poste de police et nous traversâmes la ville en route vers l'endroit où j'habiterai pour les prochaines années à suivre : l'internat d'Oxford.

Le trajet vers cet endroit durera à peine moins de deux heures. Ce qui est bien dans tout cela, c'est que je serai non seulement éloignée de cette famille de monstres qu'était la mienne, mais aussi, je serai dans un nouveau village, là où personne ne me connaîtra.

Je pourrai recommencer ma vie à zéro, oubliant mon passé...

« Pourquoi as-tu tenté de l'étrangler ? dit le policier, pourtant silencieux depuis un moment.

- Pardon ? lançai-je.

- Tu as essayé d'étrangler ta mère. Pourquoi ?

- En quoi ça vous regarde ? lâchai-je, mécontente.

- En quoi ça me regarde ? me sourit-il. Si tu ne me dis pas la raison de tes actes, ce n'est pas dans cet internat que tu seras envoyée, mais en prison.

- Vous ne pouvez pas m'envoyer en prison, car je ne suis pas majeure de un, et, de deux, je n'ai jamais essayé d'étrangler qui que ce soit. »

L'homme me regarda méchamment, puis regarda la femme à mes côtés, pour ensuite me fixer en nouveau.

« Très bien, dit-il. Nous en parlerons plus tard, alors. »

[...]

Lorsque nous arrivâmes à l'internat, je lâchai un gloussement. Le bâtiment était énorme ! Comment pouvons-nous nous y retrouver ? C'était un vrai château d'épouvante ! Il était si éloigné de tout contact humain qu'on se dirait perdu au beau milieu d'une île déserte.

« Avery, m'appelait la dame. Il est temps pour toi de te rendre dans ta nouvelle maison. »

Je sortis du véhicule et aperçu au loin le grand grillage de fer que nous avions dû traverser pour nous rendre ici-même.

« Tu vas devoir te changer et mettre l'uniforme. Pendant ce temps, j'irai porter tes quelques effets personnels dans ta cellule et..

- Uniforme ? Cellule ? Vous m'aviez dit que c'était un pensionnat, pas une prison !

- S'ils obligent leurs patients à porter un uniforme, c'est pour éviter les habits osés et les remarques désobligeantes sur le style vestimentaire de qui puisse se retrouver ici. Ce n'est pas un collège, tout de même. Aussi, les filles ont l'uniforme bleu pâle et, les garçons, eux, ont l'uniforme blanc. Ces couleurs sont pour mieux vous différencier les un des autres.

- D'accord, je pourrai vivre avec ça... Mais pourquoi des cellules ?

- C'est n'est que le nom dont ils donnent aux chambres de l'enceinte. Les cellules pour filles sont situées dans la partie ouest de l'endroit. Celles des garçons sont à l'est, puis la cafétéria, les toilettes et tout le reste se retrouvent soit au premier étage, soit au deuxième.

- Vous voulez dire que les filles et les gars sont sur le même palier ? Je ne veux pas me réveiller en pleine nuit et avoir un sale pédophile crasseux dans ma chambre, moi !

- Toutes les personnes incarcérées ici ont entre 15 et 21 ans. L'établissement accepte que les jeunes âgés de 21 ans moins un jour. Mais tu ne crains rien, il y a énormément de gardiens, puis, la nuit, toutes les portes sont verrouillées.

- Donc, lorsque j'aurai 21 ans, je serai libre ?

- Je ne peux te l'affirmer, car c'est ici que ton avenir se jouera. Si tu ne représentes aucune menace et que tu as été sage tout au long de ta sentence, ils te laisseront partir avec la surveillance d'une telle personne. Cependant, si tu fais quelque chose de mal ou peu importe, tu seras envoyée dans l'internat pour adultes, hors de la ville. »

Elle n'eut pas le temps de m'en dire davantage que la femme de l'accueil vint nous accueillir.

« Mademoiselle Collins ? »

Je souris faiblement tout en hochant la tête.

« Bien, suivez-moi. »

À peine ai-je mis un pied dans le vestibule que je fus bouche-bée. Putain, mais c'est plus immense que je l'aurais cru !

Suivant une courte visite des lieux, je dus aller me changer pour enfiler ce satané uniforme. Ensuite, je fis mes au revoir à la gentille travailleuse sociale et gagnais ma fameuse cellule.

Malgré le vaste endroit, les chambres étaient drôlement minuscules.

« Eh bien, bienvenue dans ta boite de conserve, Avery ! » riais-je moi-même de l'embarra dans lequel je m'étais mise.

Borderline |h.s.|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant