Chapitre VII

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B O R D E R L I N E.

Chapitre VII.

Point de vue omniscient.

Les trois camarades sortirent du dépôt à entretient ménager et partirent tous de leur côté, faisant comme si rien ne s'était produit.

Par contre, pour ce qui était d'Avery, elle semblait perdue dans ses pensées, voir même troublée par les quelques mystères que venaient d'introduire ses amis dans sa petite tête châtaigne.

Après ce qui, pour elle, était une heure de marche dans ces sinistres couloirs dépourvus de couleurs attrayantes, elle vit finalement l'inscription « DORTOIRS EST » peint d'un rouge vif sur les briques massives du bâtiment.

En avançant d'une cadence neutre vers son petit refuge personnel, du grabuge se fit entendre. Curieuse, elle suivit les sons que lui dictaient ses oreilles et tomba sur une querelle entre deux patientes de l'endroit.

« Rend-moi ce qui m'appartient, pauvre clocharde ! entendit-elle crier.

- C'est à moi, espèce de salo- »

Avant que la jeune fille puisse finir sa phrase, un coup de poing violant vint s'acharner contre sa petite mâchoire, ce qui la fit tomber droit sur le sol de ciment.

Point de vue d'Avery.

Je m'approchai de la scène qui se déroulait sous mes yeux et aperçus qu'aucune personne ne tentait quoi que ce soit pour séparer les deux folles alliées qui se criaient des noms en étant étendues par terre. Au contraire, toutes les patientes présentes ne faisaient qu'agrémenter cette dispute en  acclamant une quelconque bagarre.

Je traversai la foule, insouciante des remarques à mon égard, et mis ma main sur l'épaule de celle qui prenait le dessus de cette bataille, manquant de près de me faire asséner un coup de coude dans les côtes. 

Je tentai une deuxième approche en étant plus agressive cette fois-ci, sachant que si la folle furieuse continuait de tabasser l'autre fille inconsciente, elle finirait par la tuer, mais en vain.

L'adrénaline montant alors férocement du fin fond de mon estomac jusque dans mes nerfs, je poussais de toutes mes forces la costaude cinglée, ce qui la fit tomber vers l'arrière. Elle se releva d'une vitesse insensée avant de me jeter un regard noir tout en se dirigeant vers moi.

« Mais t'es qui toi, p'tite conne ! me cracha-t-elle.

- Je... tu allais la tuer !

- Et puis ? Ce n'est pas mon problème, elle n'avait qu'à pas me voler ce qui m'appartient ! »

Maintenant, c'était la rage qui fut éruption dans mon système.

« T'es vraiment déséquilibrée mentalement pour ne rien ressentir face au meurtre d'un être humain, toi, hein ! »

J'aurais tant dû me taire...

Une violente poussée me fit reculer jusqu'à m'en cogner durement la tête contre le mur derrière moi.

Soudainement, je sentis une sensation de chaleur couler contre ma nuque, comme si... comme si je m'étais ouvert le crâne.

Je passais d'une main tremblotante mes doigts derrière ma tête et les ramenais vers mon visage ; ma main était couverte de sang.

[...]

Lorsque je me réveillai, une forte odeur d'alcool envahit mes narines. 

Mais où étais-je ?

Je tentai de me relever pour explorer du regard l'endroit dans lequel j'étais, mais je fus maintenu de force par trois grandes ceintures en cuir beige : une en-dessous de ma poitrine, une sur mes hanches et sur une le bas de mes jambes. Je pouvais seulement lever ma tête.

« Y'a-t-il quelqu'un ? » marmonnai-je avec le peu d'énergie que mon corps contenait.

Des pas s'approchèrent et une porte qui me faisait dos s'ouvrit, laissant pénétrer une grande dame vêtu de blanc de la tête aux pieds.

« Mlle Collins, re-bienvenue parmi nous. »

Pardon ?

« Pourquoi me dites-vous ça ?

- Vous êtes tombé dans l'inconscience il y a de ça plus de vingt-quatre heures dû à une commotion cérébrale très sérieuse.

- Pourquoi suis-je attachée ainsi ?

- Vous êtes en isolement, Avery.

- En isolement ? Qu'ai-je fait ?

- Vous vous êtes drastiquement battue contre Mlle. Swanson ainsi que Mlle. Wellington. Ne vous en rappelez-vous pas ? 

- Non, non, non, vous faites erreur ! Je tentais de les séparer, elle allait la tuer sinon ! »

Elle soupira et sortit, me laissant là, seule, dans un silence à en donner la chair de poule.

Finalement, la pièce s'assombrit, ajoutant de la peur à mon système nerveux.

Étais-je délaissée ?

Les secondes se transformant en minutes et les minutes se transformant en heures, je finis par m'endormir sur cet abominable lit de pierre, attachée comme si on allait m'examiner tel un extraterrestre, dans une pièce sombre, là où la température n'était pas à son plus au point, dans un établissement dans lequel je ne devrais même pas être.

Borderline |h.s.|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant