Comment faire

Chapitre 10: L'abandon

"The fault in our stars" _ Troye Sivan

Chaque jour Isora avait le droit aux même railleries. Les gens ne s'arrêtaient plus aux messages, il venaient la voir en face pour lui cracher à la gueule, au sens propre comme au figuré. Seules ses amies, Aude, Mélodie et Oriane, étaient au courant de ce qui s'était réellement passé. Même Emily n'avait plus voulu entendre parler d'Isora. 

Plusieurs photos avaient circulées, toujours d'elle nue, toujours celle de Benjamin. Isora ne se sentait bien nul part, elle avait l'impression qu'elle allait étouffé à chaque fois qu'elle essayait de respirer et bientôt elle ne pu plus supporter ce poids sur son coeur, les insultes, les regards en biais, les moqueries. Elle n'en pouvait plus, elle était fatiguée de faire face. 

Alors un soir, ses parents étaient partis pour le week end et Isora avait prévu de se prendre un bain brûlant pour évacuer, lorsqu'elle tomba sur le nécessaire à rasage de son beau père. Elle ouvrit lentement la petite boîte et en sorti une lame de rasoir en métal. Isora s'assit dans son bain, le petit objet entre ses doigts. Elle le tourna dans tous les sens avant de le faire toucher sa peau. 

Isora se lacéra les bras, les côtes et les cuisses. A chaque marque sa bouche grimaçait mais le sentiment de libération devenait de plus en plus fort. Elle se punissait pour ses erreurs.

Erreur numéro 1: avoir fait confiance à Benjamin, s'être donnée à lui alors qu'il se foutait bien d'elle.

Erreur numéro 2: avoir couché avec Dylan, consciemment ou non, Isora ne savait même pas si elle avait émit le moindre signe de protestation, elle ne savait pas si elle en avait eu envie et qu'elle s'était laissé aller à cette envie ou bien si elle était trop sonnée pour le repousser. Et c'est bien cela qui la rongeai le plus.

Erreur numéro 3: Se laisser se faire traiter comme de la merde.

Cela faisait plusieurs semaines déjà qu'elle ne dormait que quelques heures par nuit, qu'elle ne mangeait toujours pas, qu'elle avait mal. Et Isora en avait marre de cette douleur, elle voulait que tout s'arrête, elle voulait se cacher sous ses draps, s'endormir et ne jamais se réveiller. Elle ne voulait plus avoir à se battre pour ne serais ce que sourire, elle ne voulait plus vivre.

Les bras en sang, elle avait prit quelques cachés d'aspirine pour atténuer la douleur. L'eau dans laquelle elle était plongée avait maintenant prit une couleur écarlate. Lorsque sa vue commença à se brouiller Isora ferma les yeux et pleura. C'était la dernière fois qu'elle pleurait, elle se le promettait, il n'y aurait plus de larmes désormais, plus jamais. 

***

A l'autre bout de la ville Oriane secoua son sac sur son lit, à la recherche de son livre de math. Elle avait un nombre d'exercices fous à faire pour lundi et aurait voulu s'en débarrasser le plus vite possible, mais impossible de mettre la main dessus. Oriane essaya de se rappeler la dernière fois qu'elle l'avait utiliser, en cours de math évidemment, mais qu'en avait elle fait?

Isora! C'était forcément elle qui l'avait embarqué!

Oriane saisi son portable et tenta d'appeler son amie, sans succès. Elle se dirigea donc vers le salon, à la recherche de sa mère, mais elle ne trouva que son beau père, affalé sur le canapé devant une émission de téléréalité bidon, une bière à la main et un joint dans l'autre. La baraque entière puait le canabis, mais ça Oriane s'y était faite. Elle piochait même dans la réserve du "bon à rien" les soirs de déprime. 

Oriane s'avança vers le légume qui lui servait de figure d'autorité et se planta devant la télé, lui bouchant ainsi la vue. 

"Où est maman?, demanda-t-elle les points sur les hanches.