Comment faire

Chapitre 13: comme au bon vieu temps

"I found"_ Amber Run

Ecouteurs vissés dans les oreilles, clope au bec, si Isora semblait sûre d'elle ce n'était absolument pas le cas. Elle ne pouvait empêcher ses mains de trembler ainsi que son cœur de battre la chamade.

A chaque pas Isora sentait la pression monter un peu plus.

Enfin, elle arriva devant le parc. Il était déjà là, assis sur le banc, ses cheveux blond coupé court, sa mâchoire bien dessinée, elle ne pouvait le raté, il était tellement beau dans la lumière de l'après midi.

Elle s'avança vers lui, à petits pas, il ne l'avait pas encore vu et elle voulait lui faire une petite surprise, comme lorsqu'ils se voyaient aux ruines.

Isora était maintenant à quelques centimètres de lui et posa ses mains sur les yeux de Benjamin.

« Isa !, fit il de sa voix roque.

- Bah ça alors, comment as-tu su ?, répondit elle ironiquement.

- Il n'y a que toi pour faire ce genre de chose, reprit-il en se levant pour l'embrasser sur la joue avant d'ajouter sur le ton de la confidence : Et puis il y a ton odeur qui te trahis.

- Tu veux dire que je pue c'est ça ?, sourit-elle au souvenir de ces phrases qu'ils s'étaient échangées des centaines de fois, elle connaissait déjà sa réponse.

- Je ne sais pas, j'ai le nez bouché en ce moment, mais, aux mouches qui te tournent autour, je suppose que c'est le cas.

- Idiot !, dit elle en lui assénant une coup de poing léger dans l'épaule, comme à leur habitude.

- Je vois que rien n'a changé, tout est comme au bon vieux temps, lança Benjamin, beaucoup plus sérieux cette fois.

- En effet.

- Comment ça va toi ?, demanda-t-il avec un regard profond, comme s'il essayait de lire en elle, et elle détestait ça.

- Comme un lundi.

- Mais on est mercredi ?

- Et alors ?

- D'accord, ria-t-il avant de se reprendre. Non en vrai Isa, je voulais discuter avec toi, ce n'est pas pour que tu me mentes.

- Et moi je voudrais avoir une somme à six zéros sur mon compte en banque, mais on a pas tout ce qu'on veut dans la vie, répliqua Isora, plus froide.

Benjamin resta les yeux plongés dans ceux de la jeune fille qui se contenait, sentant les émotions monter en elle. Quand Isora brisa le lien visuel pour regarder ses chaussures elle fu surprise de sentir les bras de Benjamin former un cocon autour d'elle, alors elle ferma les yeux.

Seulement une fois les paupières closes, ce contact physique avec le beau blond réveilla quelque chose en elle, quelque chose de noir. Puis une lumière rouge envahit la mémoire d'Isora. Des cadeaux échangés, des rires, de la fumée. Puis des escaliers, un lit, le noir à nouveau et surtout le silence.

Non. Non. NON. Pas maintenant, ça ne peu pas recommencer maintenant.

Des mains, de la chair nue, des couinements étouffés, un souffle.

Isora avait envie de pleurer, de crier, de s'enfuir en courant. Mais elle se contenta d'ouvrir les yeux, se raccrochant à l'odeur de Benjamin et les battements rapides de son cœur.