6-Rudy

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Rudy était assis dans son Messerschmitt Bf 109, il admirait la Manche depuis le ciel....

En cette nuit de mai, il ne faisait pas très chaud là-haut , mais Rudy assis dans son cockpit avec sa veste d'aviateur sur ses épaules ne pouvait pas se plaindre. Lui était bien à l'abri dans son avion quand d'autres se battaient à pied...

Depuis tout petit Rudy était, comme son père, un fou des avions. Il connaissait une grande partie des modèles existants, des dernières nouveautés jusqu'aux modèles antiques, qu'on ne produisaient plus depuis des années.

Le père du jeune Allemand avait fait la Grande Guerre en avions, à bord de son Gotha. Il en était devenu fou amoureux et, lorsque Rudy fut assez grand, c'est tout naturellement qu'il lui appris à voler.

Rudy se souvenait de tous ces moments passés avec sa sœur à l'arrière du cockpit à attendre d'être assez grand pour pouvoir piloter l'avion.

Qu'est ce qu'il avait été jaloux lorsque sa sœur avait pu le faire et pas lui. Maintenant, elle se trouvait en sécurité dans son appartement de Berlin.

Dans sa dernière lettre, Liesel lui avait appris la bonne nouvelle : elle attendait un bébé. C'était tellement incongru et miraculeux que Rudy n'y avait pas cru durant plusieurs minutes Elle lui avait aussi dit que la guerre commençait à lui peser sur le morale mais que malgré ça elle était en bonne santé et son fiancé, Lukas, aussi.

Rudy était pressé de rentrer chez lui pour les voir elle et le bébé qui devait naître dans quelques mois. Il ne voulait pas penser au fait qu'il se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres du sol et qu'il allait en Angleterre pour larguer des bombes.

Le jeune homme devait se concentrer, il devait oublier toutes les horreurs de la guerre. Il avait vu les cadavres (amis ou ennemis la mort ne faisait pas la différence) défigurés et abandonnés sur les côtés des routes.

En temps de guerre, beaucoup pense qu'une vie vaut bien moins qu'un bidon d'essence. Il avait l'impression d'être le seul à encore croire en l'humanité. Et ça, pensait-il, ça c'est l'horreur de la guerre dans toute sa splendeur.

Rudy, lui était plus que tout attaché à sa vie, du haut de ses 19 ans, il lui restait toute sa vie devant lui. Il ne voulait pas la gâcher en mourant bêtement pour la guerre comme des milliers d'autres garçons de son âge.

Le jeune homme voulait que la guerre se finisse, il voulait rentrer chez lui, que tout redevienne comme avant, quand son père était encore là. Il voulait se faire réveiller par sa sœur qui tambourinait sur sa porte pour qu'il se dépêche, il voulait prendre son petit déjeuner attablé devant son père déjà en tenue d'aviateur, il voulait ensuite monter dans l'avion et partir pour un vol à travers le ciel et les nuages. Il voulait rester dans ses souvenirs.

Il ne voulait pas revenir à la réalité, se retrouver seul, à bord de cet avion, au-dessus de la Manche à devoir tuer pour ne pas être tué.

Comme pour se rassurer, Rudy vérifia que les deux autres pilotes qui l'accompagnaient (l'un à bord d'un bombardier, l'autres d'un chasseur) était toujours là.

C'est alors que Rudy cru voir un autre avion, mais il devait rêver il n'y avait que la Manche à l'horizon. Il repéra, malheureusement, quelques instants plus tard un Spitfire et trois Hurricane qui arrivaient de l'Ouest.

Le jeune homme prononça seulement quelques mots avec ses coéquipiers avant d'engager le combat.

Les allemands, qui devaient protéger leur bombardier, étaient en position d'infériorité. Pas découragé par cela, Rudy voulait à tout prix gagner, ou plutôt ne pas mourir.

Un des Hurricanes passa dans la ligne de mire de sa mitraillette. Il essaya de tirer. Aucune balle n'en sortie, il réessaya, toujours pas, il réessaya avant d'abandonnée : cela ne menait à rien.

Rudy signifia son problème technique aux autres, le pilote du bombardier, aussi chef de l'escadrille, décida de battre en retraite.

Alors qu'il allait monter en altitude pour faire demi-tour, un des avions anglais se mit à le pourchasser. L'Hurricane cracha ses balles. L'Allemand d'un regard vers l'arrière regarda où était l'Anglais. Il vit alors une trainée de fumée. Cela devait être l'ennemi qui s'était fait abattre par un de ses compatriotes. Cela ne pouvait pas être son avion.

Rudy devait vivre.

Il ne pouvait pas mourir.

Il voulait revoir sa sœur et connaître le bébé.

Pourtant son avion commençait à tomber en piqué. Le jeune homme ne voulait pas y croire. Il avait pourtant les faits devant les yeux. Il essaya de relever l'avion, peine perdu.

Le jeune homme n'avait aucune chance car en plus de celui qui le poursuivait, deux autres avions britanniques étaient présents.

Avant que Rudy n'ait pu tenté la moindre riposte il su que c'était fini.

Il connaissait si bien les avions qu'il pouvait savoir quel était le problème rien qu'en entendant le son de l'avion.

Et celui qu'il faisait en ce moment était très mauvais signe, surtout au dessus de la Manche. Son avions commença à tomber en piquet, tout droit vers cette étendue d'eau immense et sans fin dans laquelle il reposerai à jamais.

Mais il ne voulait toujours pas y croire, il attendait un miracle, il essayait de repartir, de faire demi-tour, de retourner au pays. Tout sauf ça ! 

Le plus ironique dans tout ça c'est que Rudy avait toujours détesté l'eau.


Il ne lui restait que 6 secondes à vivre...

Ses dernières pensées furent pour sa sœur et son bébé qu'il ne connaîtrai jamais...

7 secondes de vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant