66.

7.1K 253 37
                                    




Charlotte



Devant la porte de mon immeuble, j'ai marché jusqu'à chez moi, du restaurant où j'étais avec Ken à ici.

Je sors mon cellulaire et je coupe ma musique.

Ma playlist de Rap féminin attendra.

Je retire mes écouteurs avant de remettre mon téléphone dans la poche de mon jean et de taper le code pour rentrer chez moi à l'interphone.

La porte émet une légère vibration, ce qui me permet de savoir que la porte est ouverte et que je peux pénétrer dans l'immeuble.

- Bonjour, monsieur, je salue à mon voisin d'un soixantaine d'années qui cherche son courrier.

- Bonjour, mademoiselle.

Je lui souris poliment avant de monter jusqu'à l'étage où se trouve mon appartement.

Je souffle doucement avant de rentrer chez moi.

- Maman ? j'appelle.

Je la trouve dans la cuisine, en train d'éplucher des pommes de terre.
Elle s'arrête quand elle me voit.

- Où tu étais ?

- Avec un ami.

- Juste un ami ?

Je lève péniblement les yeux aux ciel.

- Oui. À propos de ça, maman... je commence sans trop savoir comment m'exprimer.

- Qu'y-a-t-il ?

- Je ne serait pas là pendant une semaine à partir de jeudi.

Ma mère fronce les sourcils et pose sa patate sur le plan de travail.

Quand à moi, je mets mes bras contre ma poitrine.

- Et je peux savoir où tu seras, jeune fille ?

- À Nice, je murmure.

- À Nice ? répète-t-elle.

- Oui. Avec mes amis.


Elle semble se détendre.


- Pourquoi Nice ? Pourquoi pas autre part ?

- Nice est une ville comme une autre, dis-je en haussant les épaules, en croquant dans une pomme.

- N'en profite pas pour le voir.

Je me mords la lèvre inférieure.

Ma mère faisait référence à mon père.

- Il ne fait plus partie de ma vie, maintenant.

Ma mère poursuit le sujet, cessant de parler de mon géniteur.

- Tes amis, tu dis ?

- Oui.

- Manon sera là ?

- Non, pas elle.

Elle hausse un sourcil, mais ne cherche pas plus de détails.

- Tu n'as plus quinze ans, Charlotte, je ne peux pas refuser.

- Je te prévenait juste, je ne te demandais pas la permission.

Un sourire aux lèvres, elle se remet à la cuisine.

Je l'abandonne pour regagner ma chambre et mettre à nouveau de la musique, sur mon enceinte cette fois.

Devant mon miroir, je chante sur le rythme de la musique.

Je m'arrête de chanter au bout de quelques minutes, jouant avec les mèches de mes cheveux, péniblement.

Mes pensées sont consacrées à mon père.

À mes neuf ans il est parti, il m'a promis de revenir.

Il n'est jamais revenu.
Chaque soir, je comptais les "dodos" pour le revoir.

Il a détruit ma mère comme il m'a ignoré, moi.

Il a assombri mes pensées, ensevelies d'un nuage noir de fumée.

Sans Manon, je ne m'en serais jamais sortie.

À présent, c'est sans Ken que je ne pourrais vivre.

Je sors de mes pensées et je fredonne le refrain de Martin Eden, une des chansons du rappeur qui occupe mes pensées plus qu'il ne le faudrait.

Message - NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant