Chapitre 13

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À peine l'adolescente Troll partie, Ambre dévale son chêne pour venir enlacer et embrasser sa chérie.

-« Que j'ai eu peur quand tu t'es mise à combattre le père. Explique-t-elle en examinant attentivement toutes les blessures de sa douce, une fois leur baiser terminé.

-Moi aussi mais je n'avais pas le choix. Lui répond Lucie en contrôlant ses grimaces pour ne pas l'inquiéter.

-Je voulais le tuer pour qu'il ne te fasse pas de mal mais vous bougiez trop, je risquais de te toucher toi.

-Merci mon amour.

-Bon, tes blessures sont superficielles. » Conclu l'apothicaire, en commençant à chercher de quoi les soigner dans son sac à dos.

La cartographe pose sa main sur la sienne pour l'arrêter.

-« J'apprécie beaucoup que tu te préoccupes autant de moi, mon amour, mais ce sont plutôt nos amis qui ont besoin de tes soins. Autevielle a la moitié du visage en sang et Le Bras de Dherblay pend sans vie le long de son corps.

-Tu as raison, Lucie. J'étais si inquiète pour toi que j'en ai oublié les autres.

-Je peux faire quelques choses pour t'aider, Ambre ?

-Oui, fais un feu digne d'un forgeron. Répond l'herboriste en essuyant la blessure du capitaine. S'il faut cautériser une blessure, j'aurais besoin de chauffer une lame à blanc. »

Lucie part immédiatement chercher du bois.

-« J 'ai perdu mon œil ? Demande Autevielle une fois que la jeune fille est partie.

-L'une des griffes l'a coupé en deux. Lui annonce la soignante en retenant un sanglot. Je suis désolée de n'avoir pu tuer qu'une des trois sœurs qui vous attaquaient, les deux autres étaient vraiment trop proche de vous.

-Vous nous avez donc sauvés la vie, Ambre. A trois contre deux, jamais nous n'aurions résisté suffisamment longtemps pour que Lucie intervienne. A part mon œil, les autres blessures sont superficielles ?

-Oui.

-Occupez-vous de Dherblay alors ! Il semble proche de tomber dans les pommes. »

La demoiselle va examiner l'ancien maitre d'arme. Quinze secondes plus tard elle demande à sa chérie de venir et explique à l'homme qu'il n'a qu'une épaule luxée. Lucie revenant les bras charger de bois, elle l'interpelle.

-Amour, vu la musculature de monsieur Dherblay, jamais je n'arriverais à tirer suffisamment fort pour que la tête de l'humérus réintègre la cavité glénoïde de l'omoplate.

-Pardon ? S'exclame la demoiselle en fronçant les sourcils d'incompréhension.

-Désolée ! Lui répond-elle avec un petit sourire. La partie supérieure de l'os du bras n'est plus juste devant sa partie correspondante sur l'omoplate mais à côté. Elle pousse donc sur les muscles de l'épaule, ce qui fait excessivement mal et entraîne leur très forte contraction par un phénomène de réflexe de défense. Or, pour réparer cela, il faut ramener l'os à sa bonne place, ce qui veut dire être plus fort que la musculature de monsieur Dherblay, ce que je ne pourrais jamais.

- Ok j'ai compris. Répond la jeune femme en posant les branches près du feu.

L'ancien capitaine vient immédiatement la remplacer pour relancer le feu.

-« Comment je procède?

-Tu va tirer le bras gauche vers le bas en maintenant l'épaule immobile par un contre-appuie avec ta main gauche au niveau de l'aisselle. Il faut y aller lentement mais fermement et quand tu entends un « plop » c'est que tu as réussi. »

Lucie fait ce qu'on lui demande mais quand elle réussit la manœuvre, l'ancien soldat pousse un violent cri de douleur inquiétant tout le monde sauf Ambre.

-« C'est normal. Explique celle-ci en immobilisant le bras traumatisé à l'aide d'une écharpe fabriqué à partir d'un de ses tricots de corps. C'est aussi douloureux quand l'os réintègre son logement que lorsqu'il en sort. Je ne pouvais pas vous en avertir monsieur Dherblay parce que vous vous seriez encore plus crispé et cela aurait compliqué les choses, désolé.

-Je ne vous en veux pas. » Lui répond l'ancien soldat une fois qu'il a retrouvé son souffle.

La demoiselle lui fait un sourire d'excuse puis se tourne vers le dernier membre de son escorte, étendu parterre. Sa moitié sentant et comprenant son trouble de le découvrir peut-être mort vient lui prendre la main et l'accompagne jusqu'à lui. Il faut pratiquement dix secondes à l'apothicaire pour percevoir un pouls au niveau de la carotide malgré sa sensibilité d'elfe.

-« Il est très mal. Dit-elle en se relevant. Je n'ai aucune idée de ce qu'il faut faire. »

Lucie la prend dans ses bras. Les deux hommes abattus s'occupent en alimentant le feu.
Après quelques secondes, la demi-naine reprend d'un coup la parole.

-« Pourquoi Elessar n'est pas descendu de son noisetier ?

-Elessar! Je l'ai complètement oublié. Il s'est fait attaquer par les deux derniers de la famille. Ils ont dû le surprendre et l'assommer, les gamins n'étaient pas blesser quand je les ai abattu et notre guide n'a pas hurler alors qu'ils lui ont dévoré le mollet et la cuisse. J'espère que son artère fémorale n'est pas sectionnée sinon il est déjà mort. » Explique-t-elle avant de se précipiter vers arbre sur lequel le guide est monté.

Les trois autres la suivent avec un temps de retard. En arrivant, ils découvrent le guide, inconscient sur une branche, sa jambe droite en sang avec deux trous de la taille d'un poing là où les Trolls l'ont mordu, le cadavre de ses agresseurs gisant au sol juste en dessous de lui. Ambre est déjà à son chevet, en train de prendre son pouls.

-« Il est dans le même état que monsieur Isaac. Annonce-t-elle.

-Tu crois que si nous le descendons, nous n'aggraverons pas les choses ?

-Je ne sais pas, amour. Dit la demoiselle désespérée. Mais de toute façon, on ne peut pas l'y laisser. »

Après dix minutes d'effort de chacun, le guide est enfin sur la terre ferme.

-« Ca m'énerve de ne pas savoir quoi faire. S'exclame Ambre après avoir regardé les deux hommes étendus au sol. Pourquoi je ne suis pas une guérisseuse ? Le carnet de Salogel! S'exclame-t-elle. Je vais voir s'il n'y pas un remède pour nos amis dedans. Explique-t-elle avant de courir vers son sac à dos.

-Le hameau où se trouve maman ! S'écrit la cartographe. Nous en sommes éloignés que d'une demi-journée de marche.

-Peut-être mais ce serait un mois, ce serait la même chose ! Comment on y transporte Isaac et Elessar ? Demande Autevielle. Même toi tu ne peux les porter aussi longtemps.

-On pourrait fabriquer une civière où on les allongerait et que je tirerais.

-Même si tu pouvais tracter les deux cents kilos de nos amis sur une aussi longue distance, je pense que le temps que nous arrivions chez nos mères, ils nous aurons quitté. Après vous avoir soigné Autevielle et toi, j'applique ce baume antiseptique sur les blessures d'Elessar et cautérise la plaie d'Isaac. Ensuite, j'irais chercher un moyen de transport plus rapide pendant que vous ferez les bûchés funéraires pour tous les morts. »

Cinq minutes plus tard, l'odeur aigre de la chair brûlé flotte sur le campement. C'est l'ancien maître d'arme qui réussit à poser la lame incandescente de l'épée de fonction de la cartographe sur le moignon du géant, les autres en étant incapable. Au moment où Ambre va pour les quitter, il l'interpelle.

-Je devrais peut-être vous accompagner, mademoiselle Avenne. Je ne suis pas d'une grande utilité pour porter mais mon bras droit est toujours sûr et nous venons d'avoir la preuve que la forêt est dangereuse.

-Je ne doute aucunement de vos capacités monsieur Dherblay, seulement je dois être seule pour avoir une chance que mon plan fonctionne. Et comme vous le voyez, j'ai emmené avec moi mon arc Elfe et vous pouvez être certain que je serais en permanence sur mes gardes.

-Mais. »

Il est coupé par Lucie qui a deviné les intentions de sa belle et vient lui permette de s'y mettre au plus vite.

-« Merci Dherblay d'autant te préoccuper de mon amoureuse mais elle doit vraiment y aller seule. »

Après un moment à les observer toutes les deux, l'homme répond :

-« Si tu peux la laisser partir seule, qui suis-je pour m'imposer ?

-Merci de votre sollicitude. Conclut l'herboriste avant de disparait derrière un arbre. »

Bien que rudimentaire, la crémation des cinq chasseurs se fait dans les règles. N'ayant aucune idée des rites funéraires des Trolls, les trois compagnons décident de leur appliquer les leurs. Lucie et Autevielle se chargent des corps pendant que le troisième ramène du bois. Alors que l'ancien capitaine enflamme le bûcher, la cartographe avise le gourdin du père. Ayant entendu parler d'ancienne coutume, dans les premiers temps où Kana les a créé, où le chef de tribu se faisait inhumé avec leurs armes, elle va le chercher pour qu'il brûle avec son propriétaire. En voulant le soulever, elle manque de tomber en avant, tant l'arme est lourde. Intriguée, elle l'examine attentivement. En grattant l'épaisse couche de boue qui le recouvre, elle découvre avec surprise une structure en acier. Devinant ce qu'elle a entre ces mains, elle récupère sa gourde et lave l'extrémité bombé du bâton, apparaît alors le diamant qu'elle attendait.

-« Messieurs! Regardez ce que j'ai trouvé ! Le bâton de commandement des Nains ! » S'écrit-elle alors.

Les deux hommes viennent observer la trouvaille de la jeune femme.

-« Que vas-tu en faire ? Lui demande Autevielle.

-J'aimerais que vous m'accompagniez à La Montagne de La démesure pour le rapporter au conseil. Cela arrêtera les fouilles en territoire Troll et leur fuite dans cette forêt, mais surtout nous récupérerons ainsi la récompense, ce qui aidera Isaac et Elessar à entretenir leur famille.

-Tu veux leur donner une part ! S'étonne l'ancien capitaine.

-Evidement ! Je vais même vous en donner une à vous deux et à Ambre.

-Mais tu sais que d'après la loi comme l'expédition n'avait pas pour but de rechercher ce spectre, en le trouvant, tu en deviens l'unique propriétaire.

-Bien sûr que je le sais ! Mais c'est grâce à chacun de vous que j'ai fait cette découverte complètement fortuite donc la récompense sera divisé en six, point !

En plus, en faisant ainsi, je suis déjà certaine de ne pas pouvoir dépenser ma part au cours de ma vie, alors même qu'il est certain que je vais mettre mon père et ma sœur à l'abri du besoin, que ferai-je alors de six fois plus ? Des confitures ?


-Tu es vraiment une personne exceptionnelle Lucie Le Corbier. Conclu Autevielle. Beaucoup aurait quand même gardé toute la récompense.

-C'est clair. » Confirme Dherblay.

La jeune femme rougissant jusqu'aux oreilles, il détourne la conversation.

-« En tout cas moi, je vais profiter de cet or pour ouvrir une école d'escrime. En t'enseignant, je me suis aperçu que cela me manquait.

-Moi, je ne sais pas du tout ce que je ferais. Lui répond son ami.

Suivent alors cinq minutes de discussion sur toutes les possibilités qu'a l'homme pour dépenser sa fortune.
Après avoir bien ri, Lucie commence à trouver l'absence d'Ambre un peu longue. Elle entend alors des pas. Impatiente de revoir sa belle, elle se dirige vers eux. Seulement c'est la dernière rescapée Troll qui apparaît. Elle est couverte de blessure et de coup. En voyant la cartographe, elle s'effondre dans ses bras.

-« Maman n'a pas supporté que je rentre sans vos têtes. » Murmure-t-elle juste avant de s'évanouir.

Elle n'a pas le temps de s'interroger sur cette phrase qu'Ambre pénètre dans le campement avec une harde composée d'une dizaine de cerfs, biches et faons.


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