Suprématie (tome 1), Chiens de garde

~ Alerte confinement~ partie 1

Aaron Foster,

Salut toi! Moi c'est Aaron, mais tout le monde m'appelle Frost. Pourquoi? Peut-être parce mon prénom tout mignon ne colle pas avec mon air de fou furieux... qui n'est pas qu'une apparence je t'assure! Tu comprendras plus tard.

Aujourd'hui c'est la rentrée de classes et aussi le début de ma dernière année dans ce lycée de bourges. Enfin tu vois le style: des mecs relous, des nanas qui se la jouent inaccessibles et des noms bien à chier. Alors je t'arrête! Si tu t'appelles Jean, Louis, Julie ou Marie sache que je n'ai rien contre contre toi, mais tu peux m'accorder que la chemise sous le pull et les chaussures bateau c'est... bref.

Je me rends donc au lycée Sainte je ne sais plus trop quoi. Qu'est-ce que je fais là? C'est une excellente question! La réponse qui va avec n'est pas aussi excellente, enfait je suis orphelin depuis quelques années. Et je sais que t'es désolé et tout, bref, il n'y a pas grand chose à dire là dessus: j'avais quinze ans, on fêtait le 14 Juillet avec mes parents et ma petite sœur quand un gars à débarqué armé d'un fusil M16 plaqué or.

Il s'est mis à tirer sur tout le monde pendant qu'on était tous les quatre allongés sur sol pour esquiver les balles. Quand le type, plutôt ordinaire soit dit en passant, s'est approché pour abattre ceux qui se cachaient, mon père s'est jeté sur lui. Évidemment il a été tué dans sa tentative d'intervention, quant à ma mère, elle s'est mise en travers de la trajectoire d'une balle qui m'était destinée.

Le projectile à traversé son corps et j'ai eu droit à une jolie cicatrice le long du bras gauche. Le gars a attrapé ma sœur par les cheveux, je ne pourrai jamais oublier le regard sadique qu'il me jetait alors qu'il la braquait avec son arme. Heureusement, un agent de police, une magnifique femme d'ailleurs, genre Tomb Raider, lui a logé une balle dans le crâne avant qu'il n'appuie sur la détente.

Ma sœur et moi avons été séparés, elle a été adoptée par une gentille famille, ce qui m'a beaucoup rassuré. Moi je me suis sauvé pour ne pas me retrouver en orphelinat. Après ça j'ai mis mes talents de hacker à mon service pour me dégoter un appartement et un avenir dans un lycée bien coté, celui dont je te parle actuellement.

Tout ça pour dire que je n'ai rien à faire parmi ces produits de société, mais je n'allais pas gâcher mon avenir et mes talents. Je suis donc dans un bus, celui que je prends tous les matins avec mes deux meilleurs amis. Ou plutôt les deux seules personnes qui me supportent! Mdr.

Je te présente tout d'abord Ava, je la connais depuis... hum... le berceau si ce n'est plus loin. C'est la seule fille après ma mère qui m'ait vu tout nu pour autre chose qu'une relation torride. Elle adore les sushis, les arts martiaux et tout ce qui touche au droit et à la justice. Si on ferme les yeux un instant, qu'on oublie sa beauté rousse et qu'on l'écoute attentivement, on comprend que tout son charme réside dans ses qualités d'oratrice.

Ensuite il y a Liam, je le connais depuis la première année de lycée. Je l'ai tout de suite adoré, bien qu'il n'ait pas partagé mes sentiments. C'était un peu le beau gosse populaire à l'époque, avant que je ne déboule avec mon surplus d'énergie et mon âme dévouée à l'emmerder. Il ne pouvait pas me sentir, vraiment pas.

C'est en menant des recherches sur moi et en m'espionnant, le cinglé, qu'il a découvert mon secret. Pourtant, au moment où je pensais qu'il allait me dénoncer, il m'a attrapé par les épaules et plaqué contre les casiers qui longaient le couloir d'entrée du lycée. J'ai toujours été très léger, facile pour lui de me soulever. Il a approché son visage du miens et il a murmuré: « Putain mec t'es un génie! Tu veux m'apprendre? » Ainsi notre belle amitié de cyber malfaiteurs a vu le jour!

Ava: « Pourquoi tu souris bêtement comme ça? »
Elle me dévisage comme si j'étais entrain de commettre un crime.

Moi (bah oui je vais pas dire Aaron patate!): « Je me dis que Liam est vraiment cinglé des fois. »

Liam: « Je t'entends hein! De nous deux c'est toi le plus dingue alors chut! »
J'ai un peu de mal à l'entendre marmonner sous la capuche qui lui sert d'oreiller.

Moi: « Qui est le plus fou? Le fou ou celui qui le suit? »

Ava: « T'es sérieux de citer Obi-wan Kenobi à 8h10? »
Elle a presque l'air sincère en me disant ça, c'est le piège avec cette fille: faut la connaitre pour faire la différence entre la folle qui se cache en elle et la première de la classe dont elle a l'air.

Liam: « Je donne l'impression de suivre quelqu'un moi? Je suis le chef de la meute. »

Ava: « Un chef doit montrer des signes d'intelligence, désolé t'es pas trop concerné mon chou! »

À en croire les regards féroces que nous jettent les autres passagers, on rit beaucoup trop fort dans le bus. Dommage qu'on doive s'arrêter avant eux, on est arrivés! Ici c'est donc notre lycée, un immense bâtiment en forme de U que je trouve très laid.

Pour pouvoir entrer, une barrière automatique scanne notre E-Passeport, une puce implantée sous notre peau dès notre naissance. La mienne a dû être renouvelée quand la balle a traversé mon avant-bras gauche mais généralement, peu de gens ont l'occasion de la changer au cours de leur vie.

Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je me dis que niveau sécurité, on peut mieux faire. N'importe qui peut hacker ce minuscule système, c'est bien ce qui me fait peur. Le papier, ça c'était précieux! Le papier, ça ne se pirate pas. L'essor des nouvelles technologies, même s'il permet un meilleur contrôle et plus de sécurité, n'a pas freiné la criminalité. Au contraire, la volonté d'affirmation des groupes marginaux et sociétés en retrait n'en a été que renforcé. Mais je m'égare!

Tous les trois on n'est pas dans la même classe. Là je me rends à mon cours matinal de philosophie. Alors oui je sens d'ici ton souffle las, cependant je ne suis pas d'accord avec toi! La philosophie fait partie de mes matières préférées, et tu ferais mieux de t'habituer à m'écouter philosopher.

Ce matin j'ai droit au chapitre sur la liberté, qu'est-ce qu'on peut bien en dire? Madame Page commence son cours comme à son habitude, en définissant le ou les termes clés. La liberté est donc un état de non contrainte. C'est le pouvoir propre à l'Homme d'être cause première de ses actes et de choisir entre le bien et le mal.

J'aurais aimé que le cours continue un peu, seulement une alarme peu commune retentit actuellement dans les couloirs et résonne dans ma tête. Un coup long, un coup court puis un autre coup long. Il me semble que c'est l'alerte confinement, pourtant personne n'a été informé d'un exercice aujourd'hui.

Je jette un coup d'oeil autour de moi, mes camarades ne comprennent pas non plus ce qu'il se passe. Alors je me tourne vers ma prof pour lui demander une explication et je trouve pétrifiée, toute pâle: à mon avis l'heure de la panique a sonné.