Ce sont enfin le moment des représentations. Ceux durant lesquels je vais enfin jouer la comédie devant un public complet. Grand-mère ne viendra pas aujourd'hui, mais demain, à la dernière représentation. Car oui, je ne vous l'ai pas dit, mais nous jouons plusieurs fois. Nous avons déjà joué une fois hier, lors de la répétition générale ouverte au public, mais où seuls quelques élèves et leurs parents peuvent y assister. Nous jouerons aujourd'hui, en après-midi, pour l'école entière, ainsi que ce soir et le lendemain, pour la finale. L'ultime fois où j'incarnerai mon personnage, Cordélie, que j'ai su dompter grace aux répétitions et que j'ai appris à aimer. Mais je ne veux pas penser à ce moment d'au revoir entre elle et moi, pour le moment. J'ai encore bien le temps. Et puis, en cette demi-heure avant d'entrer sur scène, je ne cesse de songer à l'année dernière, et à mon stress envahissant. Celui qui sans mon professeur et sa soeur, m'aurait empêcher de jouer... Et de me libérer du poids de mon passé.
Cette année, c'est différent. Je me montre differemment au public. Dans le rôle d'une nourrice. Et je ne jouerais que par le corps. Sauf, un moment au piano, et non des moindres, celui de la mort de Juliette et de son Roméo. C'est une composition personnelle. Mais j'en parlerai plus tard. Car ce grand moment, nous ne l'avons pas encore joué. Pas en en entier. Simon ne veut pas que nos répétitions gâchent ce moment d'instinct. Cela me fait encore plus stresser, et pas que moi. Chloé et Marco sont dans tous leurs états. C'est le moment le plus crucial de la pièce et ils ne savent pas comment ils vont le gérer. Notre professeur leur a dit que c'était un bon exercice. Le meilleur pour un comédien. Ils devront vraiment interpréter leur personnage. Ils connaissent leur texte, ils n'ont plus cas. Je lui ai dis, en privé bien sûr, qu'il était culotté de leur laisser gérer cette scène ainsi. Surtout avec les événements des semaines précédentes, qui même si ils se sont réglés, ont laissés des traces. Simon m'a embrassé sur le front et m'a dit qu'ils nous faisaient parfaitement confiance. Et qu "'En tant que comédien, metteur en scène et excellent professeur... (ce sont ces mots, pas les miens) je sais exactement ce que je fais ! "
C'est vrai qu'il ne s'était pas raté l'année dernière. Alors, je le laisse faire. Et puis, on verra ce soir.
Je ne compte pas cette après-midi. Je vous l'avez déjà dit, mais notre option n'est vraiment pas très bien vue au sein de notre établissement scolaire. Du coup, nous nous appliquons, mais nous ne nous donnons pas à fond. La vraie représentation, c'est en soirée.
* Entracte, premier soir*
Olala... La moitié de la pièce est déjà passée, et à une vitesse ! Nous avons quinze minutes d'entracte afin de boire un coup, mais surtout pour installer du gros décors. Pas le temps de souffler.
Le public est en haleine. Tout roule. La scène du coup de foudre à été une tuerie. Maintenant, ça va devenir un peu plus sous tension...
Marie est restée près de nous tout le long de la pièce. Elle est émue de voir que Chloé et Marco on retrouvé leur complicité. Cela donne vraiment une cohérence à leur rôle.Simon vient également nous voir. Mais je reste loin de lui. Je sais que je dois me préparer psychologiquement à ce qui va suivre. Le morceau de piano que je vais jouer est inspiré de notre histoire de ce début d'année. Je ne lui ai jamais fait écouter (pour la repetition générale et pour la présentation de cette après-midi, j'ai joué autre chose - Cela faisait parti du plan de Simon. Faire paraître que c'est répété alors que Chloé et Marco, et pas qu'eux d'ailleurs, vont être complètement pris au dépourvu. Je serai sur scène au moment où Juliette va simuler sa mort et cela, jusqu'à la fin. Je serais en retrait, mais face au public.
***
Juliette est étendue sur un morceau de tissus, dans une robe blanche brodée. J'installe doucement l'atmosphère de suffocation qui va suivre... Je ne regarde pas le public. Juste les deux protagonistes. Marco/Roméo qui est dans les coulisses, me regarde de loin, en me disant que je ne joue pas le bon air... Mais il ne peut rien dire... Il arrive sur scène, le piano ne joue que quelques accords, tels un "tic tac" du temps qui passe, qui lui reste... Il prend la fiole dans la main de sa tendre, et boit à sa passion... Il tombe à côté de sa bien-aimée. Celle-ci se réveille, le piano reprend une douce mélodie... D'un amour fusionnel, aussitôt crucifié. Juliette prend un revolver. Celui de Roméo... Le piano reprend son "Tic Tac", de plus en plus fort, de plus en plus rapproché, tels les battements de coeur de cette adolescente amoureuse. Elle hésite, je joue de cela avec mes accords, donnant l'atmosphère angoissante. Tic Tac Tic Tac... le pistolet sur le tempe, un dernier baiser... Boum... Je m'arrête. Elle s'écroule.
Le drap tantôt blanc est devenu rouge... Cette couleur emprise d'une telle symbolique... Le sang coule sur la scène.
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Mon prof, mon amour. [TERMINÉE]
Novela Juvenil"-Simon, on ne peut pas ! - Et pourquoi ? -C'est évident, non ?... Tu es MON prof ! - Et alors ?" Juliette revient en Belgique après dix ans passé en Amérique avec sa mère.. Les souvenirs refont surface... Mais ce n'est pas tout... Juliette...