Sombre Espoir [FINIE, CORRIGÉE]

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(Version 2.0 réécrite)

— Une quoi ? fis-je d'une petite voix que je détestai aussitôt.

— Une Dark, une espèce de vampire supérieure. Les Darks sont depuis toujours les guides des Gardiens.

Je fermai les yeux. Pressai mes tempes. Mordis ma lèvre. Tournai et retournai la phrase de Zefi dans ma tête. Sans résultat, j'obtenais toujours cette conclusion : Pourquoi ne m'a-t-on pas dit cela dès le début ?

Ensuite, je vis ma possible réaction à l'annonce de ce nouvel élément de ce cauchemar si on me l'avait dit à mon arrivée. Bon, à la réflexion, il aurait mieux valu que je n'en sache rien. Non, en fait, je n'aurais jamais dû revivre. Ça m'aurait épargné toute cette histoire, ce désespoir, cette impression de ne rien contrôler. Pourquoi moi ? N'avais-je pas droit à une mort, comme les autres ?

— Anastasia? fit la voix de Zefi, soudain comme étouffée.

Un brouillard semblait monter dans le couloir, mes paupières papillonnaient sans discontinuer pour le balayer, en vain. Mon champ de vision fut à nouveau envahi par des taches noires. Un vertige me prit violemment. Mes jambes cédèrent sous moi et je tombai comme une poupée désarticulée.

La dernière image que j'eus fut Zefi plongeant pour me rattraper.

***

Une vive migraine meurtrissait mon crâne. L'élancement me fit froncer les sourcils. Je portai maladroitement mes mains à ma tête, pressant mes tempes dans l'espoir de faire cesser la douleur. Mais elle ne se tarit pas, au contraire, et je finis par ouvrir les yeux.

J'étais dans ma chambre. Sur une chaise, à côté de la tête de lit, Nary somnolait.

La blonde posait sa tête sur sa main, dont le coude était posé sur l'accoudoir. Ses mèches tombaient devant ses yeux. Elle semblait épuisée.

Je me redressai lentement, prévenant tout nouveau vertige, mais rien ne se passa. Je m'extirpai doucement des draps, m'apercevant que j'étais toujours vêtue de cette robe noire de dentelle et de perles que j'avais enfilée le matin même.

Je marchai jusqu'à la porte en faisant le moins de bruit possible.

— Tu pensais filer en douce, comme la dernière fois ? demanda Nary en se levant.

Elle s'avança lentement vers moi, un doux sourire aux lèvres, les yeux encore pleins de voiles de sommeil. Sa voix calme tranchait avec son caractère habituel.

— Ça va mieux ?

— Euh... Oui. C'est toi, Nary ? demandai-je d'une voix rauque qui m'écorcha la gorge.

— Bah oui, pourquoi ? s'étonna la jeune fille.

— Tu me sembles... Plus calme, bredouillai-je.

Elle sourit tristement.

— On a eu beaucoup de travail pendant ton sommeil. Je me suis prise des claques et des paroles franches données par des gens fatigués, et il faut croire que ça m'a réveillée. Après tout, j'ai eu le temps de changer.

— Que veux-tu dire ? m'empressai-je de demander, saisie par un sombre pressentiment.

— Tu as dormi, très longtemps. Trois mois, en vérité.

Je m'assis sur le lit puis pris ma tête entre mes mains.

— Et ça recommence... gémis-je.

Nary s'assit à mes côtés. Elle posa son bras sur mon épaule, doucement, comme pour me rassurer.

— Je peux tout t'expliquer, si tu veux.

Je hochai la tête, encore déconcertée face à la nouvelle personnalité mature de Nary.

— Tu sais que tu es une Dark. Ces vampires particuliers mènent une équipe de vampires appelés Gardiens au combat pour contrer l'invasion de la Mort. C'est ton rôle à présent.

— Pourquoi ai-je dormi si longtemps ?

— Tu as vu un zombie de très près. Lorsqu'un zombie te touche, tu perds de l'énergie, qu'il s'approprie. Tu as été affectée et tu as dû énormément dormir pour récupérer. À cela s'est ajouté le choc, l'épuisement mental, et le fait que tu as emmagasiné tes pouvoirs lors de ton sommeil.

— Mes pouvoirs ? Lesquels ?

J'étais perdue. Ça ne changeait pas des habitudes. Alors comme ça, je devais mener les super-vampires contre la Mort, après avoir dormi trois mois pour contrer les effets du toucher d'un zombie et avoir emmagasiné des pouvoirs ? Je n'étais pas sûre d'aimer le programme... Mais mon cerveau était anesthésié et je prenais tout comme ça venait, peu encline à me mettre en colère. J'étais détachée tout simplement.

— Nous sommes là pour te guider. On va t'aider. D'accord ?

Nary avait vraiment changé... Ce n'était plus elle, en quelque sorte. Bizarrement, le temps où elle était folle et toujours souriante me manquait. Son visage aussi sérieux ne présageait rien de bon.

— Viens. Il est temps de commencer l'entraînement et d'annoncer ton réveil aux autres.

***

Les bras de Luk m'enserraient comme s'il ne voulait plus me lâcher. Il me tint contre son torse dans une étreinte sincère, ce qui tranchait avec le regard froid que me balançait Zefi depuis sa chaise. Si auparavant il avait été impassible et distant, à présent, je conversait avec un bloc de glace.

Nary me traduisit le soulagement du vampire muet.

— Nous avions peur que tu te réveilles lorsque ce serait trop tard, mais heureusement tu es debout. Luk te dit qu'il était inquiet pour toi.

— Merci, lui soufflai-je lorsqu'il me relâcha.

Le ténébreux hocha la tête avec un sourire. Une voix beaucoup plus acide retentit.

— Il est temps qu'elle s'y mette, Nary.

— Il a raison, même si ça fait mal de l'avouer, reprit cette dernière alors que Zefi levait les yeux au ciel. Nous n'avons pas chômé mais toi, il faut tout voir depuis le début en commençant par la théorie.

Sur ces mots, elle m'entraîna dehors, alors que je sentais le regard froid du vampire aux yeux de glace se planter dans mon dos.