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(Version 2.0 réécrite)


Mon ventre gargouilla bruyamment. Je soupirai avant de me lever à grand peine du fauteuil que j'avais déniché dans un salon, faisant par la même occasion fuir un matou noir qui ronronnait sur mes genoux.

— Scuse... marmonnai-je d'un air fatigué avant de partir à la recherche de la salle à manger.

En ce moment, j'étais molle, épuisée et anxieuse. Mes pensées tournaient en rond, sans but. J'étais démoralisée. La raison ? Luk, qui restait évanoui depuis plusieurs jours maintenant. Il semblait dormir éternellement et ça me mettait le moral à zéro, en plus de m'inquiéter. Nary, quant à elle, ne quittait pas son chevet. Elle allait mieux mais de temps en temps, une crise de douleur la prenait et elle recevait la douleur de son Animi. Lorsque cela passait, elle me regardait avec tristesse et inquiétude.  « Il ne va pas mieux, ni pire » lâchait-elle simplement.

Je déambulais dans les couloirs à une allure d'escargot sous morphine quand Zefi m'aperçut. Il s'avança vers moi rapidement et je soufflai. Je savais ce qu'il allait me dire.

— Anastasia, arrête. S'il te plaît, commença-t-il. Regarde un peu l'état dans lequel tu es !

— Zefi, c'est rien... dis-je en tentant de le dépasser.

Mais il se planta résolument devant moi. Ses pupilles de glace semblaient se figer dans une détermination sans faille et je sus qu'il ne me restait que la solution d'attendre qu'il ait terminé de me déblatérer les mêmes mots depuis deux jours, chaque fois que l'on se voyait.

— Écoute, tu deviens molle, apathique ! Je t'ai annoncé la venue de notre ennemie et tu ne fais plus rien. Tu attends qu'elle vienne te cueillir ? Comme ça ? Sans te battre ? Alors c'est la défaite de tous les mondes que tu entraînes, celle de tous les êtres qui n'ont pas le pouvoir de s'opposer à elle ! Nous, on peut. Et on doit. C'est à nous de le faire, Anastasia. Alors tu vas me faire le plaisir de bouger ton cul et de continuer à t'entraîner !

— On dirait que tu t'en moques de ce qui arrive à Luk et Nary, lâchai-je dans un murmure. Il va peut-être mourir, tu sais ? Comment peux-tu le savoir et continuer comme si de rien était ?

— Si le monde s'arrête de tourner pour toi lorsqu'un proche va mal, Anastasia, c'est la preuve d'une grande sensibilité, répondit-il en se penchant vers moi, une main posée sur mon épaule. Mais ce n'est malheureusement pas ce qu'il nous faut pour défendre les mondes.

Il soupira et recula un peu, le regard baissé.

— Et contrairement à ce que tu sembles penser, non, je ne fais pas comme si de rien était. Je m'entraîne de plus belle parce que si on... Si on perd Luk, articula-t-il avec difficulté, il faudra que l'un de nous compte pour deux.

Je restai les bras ballants sans réagir, pourtant, dans mon esprit brumeux, une lueur venait de s'allumer. Zefi soupira et donna un coup dans un mur.

— Anastasia, bordel ! Réveille-toi ! Toi qui ne veux pas accepter notre mort à tous, prouve-le ! Bats-toi, parce que si tu ne le fais pas... (sa voix baissa d'un ton. Il sembla alors si fatigué que moi, en comparaison, je devais paraître fraîche. Ses yeux étaient emplis d'un tel accablement que j'eus brusquement envie de le serrer contre moi, pour qu'il redevienne comme avant) Si tu ne le fais pas, Anastasia, alors il ne reste plus qu'à regarder les mondes mourir devant nos yeux.

***

Un coup.
Un autre.
Le poing s'enfonçant dans le cuir.
La douleur remontant de mes phalanges.

Je souffrais depuis deux heures maintenant, à taper le punching-ball de mes mains rougies. Mon esprit était concentré sur une seule pensée à la fois. Taper. Frapper. Pivoter. Recommencer, encore et encore.

Les mots de Zefi, pour une fois, avaient provoqué une réaction de ma part. J'étais partie du couloir en le laissant en plan, une idée derrière la tête. Il n'avait sans doute pas compris pourquoi je m'en allais sans mot dire, les yeux dans un vague plutôt fixe devant mon visage.

Mais je ne pouvais rien lui dire. Sinon, il refuserait que je le tente.

Seulement, c'était la dernière solution, pour moi. J'y avais réfléchis dans ma chambre après avoir mangé du pain en passant par la salle à manger. Elle m'avait parue vide et morte sans la chaleur de ses occupants. Je ne m'y étais pas attardée, hantée par le souvenir de Luk et Nary attablés devant les corbeilles de nourriture, côte à côte.

Maintenant, je savais quoi faire. Mais d'abord, affaiblir mon corps. En frappant.

Mon poing vola dans le sac de sable et le heurta avec un choc sourd. Ma respiration hachée franchissait mes lèvres par saccades. Mes muscles brûlants priaient pour que je cesse de les provoquer.

C'est bon. Je peux le tenter.

Je pris une grande inspiration. Fermant les yeux, je m'assis par terre, sur un tatami. Je posai délicatement mes mains contre sa surface fraîche et inspirai l'odeur caractéristique d'une salle de sport à moitié déserte. C'était le mot : déserte. Vidée de ses occupants. Comme la salle à manger.

La tristesse enserra mon cœur dans un étau douloureux. Je me servis de ce sentiment puissant et fis venir toutes les images tristes de mes souvenirs récents pour qu'elles envahissent mon esprit. Nary sur la chaise, hoquetant de douleur. Luk aussi pâle que la neige, étendu sur cette table qu'il n'avait pas quitté depuis deux ou trois jours. J'en avais perdu le compte.

Deux Gardiens. Proches de mourir. Mes amis.

Je sentis mes yeux brûler. Mes épaules se crispèrent. Une puissante force s'éveilla en moi, et je l'effleurai mentalement. Une lueur rouge s'alluma dans les tréfonds de mon âme et je l'accueillis. Je sentais que c'était ce que je cherchais.

J'ouvris les yeux. Une silhouette apparut de l'autre côté de la salle, près de la porte qu'elle venait sans doute de franchir. Le vampire avança vers moi et s'écria :

— Anastasia ? Que...

Il se figea. Deux mètres nous séparaient. Ses yeux se plissèrent.

— Tu n'es pas elle. Pourquoi es-tu revenue ?

Mes lèvres s'entrouvrirent lentement et j'articulai d'une voix double :

— Aujourd'hui c'est différent. Nous sommes Anastasia. 











ARCHIVES novembre 2018

Ça devient glauque sur les bords, vous ne trouvez pas ? xD

Bref bref. Vos avis sur ce chapitre ? Trop lent ? Ou alors, trop de discours ?

- Est-ce que Zefi a raison lorsqu'il parle à Anastasia ? Et elle, doit-elle se réveiller, se reprendre en main ? Ou alors c'est compréhensible qu'elle se laisse aller ? 🤔

- Luk va-t-il se réveiller ? Nary va-t-elle aller mieux ?

---- MAIS SURTOUT ! Qu'a fait Ana à la fin de ce chapitre ? 😱 Des idées ? 😏 Est-ce que ça a fonctionné ?

Bref, bye ! Merci de voter et commenter ! ❤️

Sombre Espoir [FINIE, CORRIGÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant