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(Version 2.0 réécrite)


Un salto avant me déposa à quelques centimètres du premier zombie. Nary me regardait d'un air ahuri et peut-être effrayé, pourtant je ne lui adressai pas un coup d'œil et commençai à découper avec joie les premiers fous morts-vivants qui osaient s'approcher - quels inconscients !

Une épée de flammes avait surgi dans mes mains et je lacérais les ennemis tout en m'approchant de la faille. Les mouvements larges et impitoyables de l'arme, accompagnés des quelques boules de feu que je lançais de temps à autre, n'avaient aucun mal à percer la masse des zombies.

Enfin, j'arrivai au bord de la falaise. Je ne voyais pas le fond, qui disparaissait dans une nuit noire, mais je savais qu'il se situait au Royaume des morts. La Mort creusait un tunnel par lequel arrivaient des dizaines de zombies, qui escaladaient les parois avec fièvre, pressés de venir mourir de mes mains.

Alors que j'étais occupée à essayer d'apercevoir un endroit dénué de morts-vivants pour accomplir mon plan, un brusque coup m'atteignit à l'épaule et je chancelai en lâchant une plainte aiguë. La rage enflamma mes iris et je tranchai en deux l'être qui m'avait blessée. J'inspectai la plaie rapidement d'un bref coup d'œil : ce n'était que superficiel, néanmoins je distinguais quelques filaments sombres qui partaient de la griffure sous ma peau pour s'en éloigner en étoile. Cela n'augurait rien de bon...

Mais je décidai d'ignorer la vive douleur qui parcourait mon épaule pour continuer à agir afin de fermer cette faille. Mon épée transperça la poitrine du zombie le plus proche alors que Nary se défendait encore non loin. Lorsque je levai le regard, j'aperçus la Mort, au même endroit qu'auparavant seulement il me semblait que quelque chose avait changé. Mais quoi ? Elle était auréolée de noir, rayonnante d'obscurité, la colonne nébuleuse semblait tourner sur elle-même sous sa cape couleur corbeau. Les pupilles rougeâtres de la Mort nous regardaient mais l'être semblait concentré sur autre chose.

Je sentis que la puissance de la magie funèbre avait brusquement augmenté. Elle englobait maintenant l'atmosphère tout autour de moi, et les vampires présents sur la place le sentaient tous, même si je ne savais pas où se trouvaient Luk et Zefi. Ils se cachaient sûrement pour surgir au moment opportun.

Je me mis à contourner la faille petit à petit, tourbillonnant sur moi-même à une vitesse folle. Les flammes jaillissaient de mes mains, de mon épée pour exploser les corps flasques et visqueux avant qu'ils ne me touchent. Mon épaule me lançait mais je n'y prêtais pas attention. Je devais d'abord arrêter la vague de super-zombies.

Finalement, j'atteignis un coin inutilisé par les morts-vivants pour sortir du trou. Je m'y campai sur mes deux jambes, l'épée dressée devant moi, serrée dans mes mains. Mon regard se fit plus déterminé. Ils allaient tous mourir. Ensuite, ce serait au tour de la Mort de repartir d'où elle venait. Et, finalement, Anastasia, la vraie, pourrait se féliciter de mon succès à moi, alors qu'elle ne m'aura prêté que son corps. C'était injuste, en y pensant. Mais moi aussi, j'étais obligée de vaincre la Mort. Anastasia pensait parfois que cela ne reposait que sur ses épaules, mais les miennes étaient aussi des piliers. Sans mon aide, elle se serait effondrée depuis longtemps. J'avais testé Zefi à ma première apparition, il avait réussi à me forcer à repartir. J'avais été vexée sur le moment mais j'avais ensuite pensé que je devais laisser Anastasia gérer seule les événements.

Et puis maintenant, elle me laissait faire. Par lâcheté ? Peut-être. Par besoin ? Sûrement.

Je découpai une énième tête avec une rage spectaculaire. C'était injuste. Je ne pouvais vivre qu'à moitié. Au final, moi aussi, j'étais quelqu'un, mais je ne pouvais pas vivre. Tout ça à cause de cette stupide nature, de cette stupide renaissance... De cette stupide Mort, en fait.

Je poussai un cri en me retournant vers la faille. Un cri de rage, de frustration, de colère mêlées. Je brandis mes mains devant moi et projetai deux souffles de feu dans le trou. Les falaises tremblèrent. Je continuai à l'alimenter constamment avec ma tristesse et ma peine, avec ma colère et ma rage, et peu à peu, j'obtins l'effet escompté.

Des cris retentirent. Les zombies agonisaient dans le trou, en pleine ascension, brûlés vifs. Nary décimait ceux présents à la surface dans mon dos avec une précision effrayante et méthodique. Et finalement il n'y en eut plus un.

La terre fragilisée s'effondra sur elle-même. La tension de l'ouverture de la faille résorba le trou. Ce fut comme une cicatrice, une boursoufflure, qui se refermait après l'éradication du virus. Je restai là, immobile, pensive. C'était terminé pour moi, je le savais. Anastasia allait reprendre le contrôle du corps et me chasser jusqu'à ce qu'elle ait besoin de moi. Au fond, je n'étais qu'un outil pour elle.

J'aurais voulu pleurer.

Je m'éloignai du bord et me dirigeai vers la colonne de la Mort, avant de m'arrêter à bonne distance et de hurler :

— On se reverra ! Je veux voir ta chute depuis ton piédestal d'horreur !

Je serrais les poings à m'en blanchir les phalanges. La haine était puissante, extrêmement dangereuse pour celui visé et celui qui l'utilisait. Moi, elle décuplait mes pouvoirs, et une vague de flammes s'étendit en cercle autour de moi. Nary l'évita avec un petit cri de surprise. Mon regard enflammé était fixé sur la Mort, qui flottait encore dans les airs. Cela me semblait bizarre qu'elle n'ait pas participé aux combats. Qu'attendait-elle ?

Un séisme secoua encore la place. Je ne quittai pas mon ennemie du regard. Elle accumulait encore de la puissance, je le sentais. Mais comment la faire arrêter ? Si elle continuait, elle allait en avoir tant que jamais nous n'arriverions à la vaincre. Anastasia allait avoir du mal.

Une langue de flamme s'envola vers la colonne de fumée et la percuta. Le feu monta, monta... pour finir par heurter la cape de la Mort. Cette dernière chassa les flammes d'une pichenette et se tourna pleinement vers Nary et moi.

— Félicitations, tu as gagné le droit de mourir en premier.

Je sentis une force me rappeler depuis le fond de mon esprit et y succombai, alors que mon cœur s'emplissait d'amertume et de colère. 
















ARCHIVES novembre 2018

C'est vraiment affreux ce qui lui arrive, à Darky 😭

J'espère avoir réussi à vous faire comprendre ce qu'elle ressent, sans tomber dans l'ennui et la dépression. Alors ?

Bref, revenons au combat (😏) et dites-moi vos pronostics ! 😉

Bref bref, à bientôt ! Je suis super motivée à écrire en ce moment 😆












Sombre Espoir [FINIE, CORRIGÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant