Musique : The Contorsionist - Monochrome (Passive)
La première chose que je sentis en ouvrant les yeux fut la douleur rétinienne provoquée par l'affreuse lumière jaune de l'infirmerie. Je me redressais pour sentir une légère douleur dans ma cage thoracique. Il me semblait pourtant m'être brisé au moins une côte lors du choc. Je soufflais un peu avant de me lever. Les enfants, si je pouvais les appeler ainsi, m'avaient probablement injecté un activateur de division cellulaire. Ce genre de choses se trouvait dans les trousses d'urgences de toute installation spatiale et ce depuis une vingtaine d'année. Ils permettaient d'offrir une récupération accélérée à quelqu'un s'étant blessé gravement alors qu'on ne pouvait lui apporter de réels soins. Qui aurait cru que cette épave en avait encore ? Je n'aurai en tout cas moi-même pas parié sur cette probabilité.
Je m'étirai et ouvrit la porte pour tomber sur Kim.
- Vous êtes enfin réveillé ! Dit-elle timidement.
- Combien de temps est-ce que j'ai dormit ?
- Deux jours, à quelques heures près.
- Je vois, où est Maria ?
- En salle des commandes.
- Je te remercie.
Une fois sur place, mon apparition attira rapidement l'attention.
- Eh bien vous avez fait un sacré somme Colonel. Me lança Trent en se redressant d'un écran.
- Au rapport.
- Trois autres systèmes sont tombés en panne depuis votre retour. Déclara Maria juste derrière le tableau de contrôle. En plus de ça, le système de ventilation a pris un sacré coup pour refroidir le sas, votre combinaison est inutilisable, nous avons utilisé la dernière injection de CRB pour vos côtes brisées et...
- Pourquoi avez-vous fait cela ? Ces injections sont précieuses j'aurais pu m'en tirer si ce n'était que des fractures !
- C'est moi qui ai donné l'ordre. Intervint Devin en entrant dans la salle. Vous étiez mal en point vous n'auriez pas pu occuper vos fonctions dans cet état et encore moins tenir jusqu'au prochain passage de la navette.
- Je vois. Dis-je calmement. Je vous remercie. Autre chose ?
- Oui. Répondit Maria. Le moteur fait des ratés.
- Comment ça ?
- Le circuit d'alimentation semble défectueux. Il y a eu trois alarmes dans les dix-huit dernières heures.
- Je vois, ce doit juste être un problème du circuit direct entre le réacteur et le moteur. Je regarderais ça plus tard ! Qu'en est-il du fulguropode que j'ai ramené ?
- On vous attendait pour ça. Dit Devin avec un sourire en coin. Nous l'avons laissé dans le sas car il était trop lourd pour être transporté. Reprit-il en m'entraînant dans le couloir. Nous avons fait un scan de l'intérieur et il semble extrêmement dense. Plus encore que l'atmosphère extérieure.
Nous nous arrêtâmes devant la porte fermée du sas.
- Vous l'avez bien enfermé ?
- Comme vous l'aviez ordonné.
J'avais bel et bien donné cet ordre. J'avais peur que ce cadavre soit une bombe à retardement. Si son corps contenait une substance changeant radicalement de forme en refroidissant, le garder avec nous pouvait être dangereux.
- Vous avez surveillé la composition de l'atmosphère à l'intérieur ?
- Oui. Le corps semble subir un lent dégazage de dihydrogène.
- Je vois. La température a du fragiliser son enveloppe laissant échapper un peu de son contenu. Mais avec la pression de l'air extérieur, l'hydrogène devait être dans son corps à l'état liquide ! C'est fascinant !
- Laissez-moi deviner, vous voulez entrer avec lui ?
- Bien entendu ! Je ne l'ai pas ramené jusqu'ici pour le regarder à travers une porte de sas !
J'enfilais la tenue de pilote de rechange de Devin et entrait dans le sas. Il refermait derrière moi tandis que je me baissais vers le monstre. Il semblait avoir augmenté de volume depuis la dernière fois. Si l'hypothèse de l'hydrogène liquidé était exacte, il pouvait bel et bien s'agir d'un sac de gaz sous pression extrêmement dangereux. Mais la curiosité l'emporta sur la sécurité. A quoi bon avoir risqué ma vie si ce n'était pour rien apprendre de plus. J'effectuais un scanner entier du monstre mais le résultat fut peu concluant. Comme l'avait dit Devin, cette chose était bien trop dense et impossible de l'ouvrir sans prendre des risques. Je ne pouvais voir sur l'image qu'une vague structure interne.
J'entrepris donc de prélever un échantillon de sa peau mais je me heurtais à un problème majeur. La surface de son corps avait la même consistance qu'un minerai très concentré. En d'autre terme ce monstre était fait de métal. C'était extraordinaire. Cette chose ne fonctionnait probablement pas selon un système cellulaire comme nous mais plutôt comme un genre de machine naturelle. Ils n'avaient donc pas d'ADN ! Et je dirais même plus, ils n'avaient probablement même pas de matière organique dans leur corps. Incroyable ! Je parvins finalement à faire un prélèvement à l'aide d'un burin et de ma détermination et je procédais à un examen externe.
Il ne semblait posséder aucun organe sensoriel comme nous les connaissions. Pas d'yeux donc. Tout ce que je pouvais voir était leurs tentacules pétrifiés par la température ambiante et l'impact de la cartouche d'azote qui l'avait tué. Je fis également un prélèvement de leur surface et ressorti en vitesse du sas.
- Je vais réfléchir à tout cela et analyser ces morceaux ! Dis-je à Devin. En attendant, augmenter la température interne du sas. Ca réduira les risques que sa peau ne craque pour faire une bombe à air comprimé !
- A vos ordres.
Je peinais à comprendre le fonctionnement de cette chose. Une fois à l'extérieur je concevais que les matériaux qui le composent changeaient de forme et entraînait donc des réactions internes inconnues. Mais comment pouvaient-ils produire de l'énergie et être conscient sans matière organique ? La réponse me vint sous la forme de résultats d'analyse minéralogiques. Mélange de tungstène, de cuivre, de souffre et d'une molécule inconnue composée d'azote, d'oxygène et de d'hydrogène.
Je fis immédiatement le lien avec ce que m'avait raconté Maria sur leur comportement. Ils suivent les orages et sont sensibles aux champs électromagnétiques. Ils n'avaient aucunement besoin d'énergie chimique pour fonctionner. La foudre. Voilà quel était leur alimentation. Et ces tentacules étaient des extrémités polarisées qui une fois chaudes, leur permettaient de capter les électrons sous forme de plasma ! Incroyable ! Quelle découverte extraordinaire qui en disait long sur la structure de leur corps. Leur composition minéralogique leur permettait donc de fonctionner comme un énorme électro-aimant ! Quelles créatures fascinantes !
Je me ruais le clavier le plus proche pour rédiger une note détaillé sur mes découvertes. Note que je transmettrais à la base lors de note prochaine interaction avec une navette. Peut-être, la compréhension de ces créatures permettrait-elle de les combattre plus efficacement et ainsi d'améliorer la sécurité de Hope. Et par la suite d'envoyer de nouvelles stations. Nous étions des pionniers et notre rôle était d'affronter les dangers afin que nos successeurs s'en sortent mieux que nous ! Découvrir, analyser et s'adapter ! Voilà quelles étaient les missions des explorateurs. Pour moi, faire avancer l'humanité et son savoir valait la peine de se sacrifier. Peut-être même pourrais-je envoyer d'une manière ou d'une autre ce corps vers Borderland pour être analysé plus en détails ! J'étais si empli d'excitation quant aux possibilités d'innovations issues de l'étude des fulguropodes que je ne remarquais pas un danger bien plus grand qui nous guettait.
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Jupiter - The Silent Planet
Science FictionL'humanité est en déperdition. Et sa soif de source d'énergie l'a amené à coloniser la Lune. Désormais nous visons Jupiter pour en exploiter la couche inférieure. C'est là que nous avons découvert un ennemi mortel contre lequel nous avons développé...