De retour près de la gare, Nicole remarque qu'il y a plus d'enfants qu'avant. Ils s'amusent à remplir des fonctions d'adulte : une guichetière écrit elle-même les destinations sur les billets ; un contrôleur ne cesse de jouer de son sifflet sur d'autres enfants, qui jouent au football avec un ballon de cuir brun...
Nicole trouve qu'ils sont imprudents, de jouer si près des rails. Elle se rapproche d'eux quand elle voit au loin la fumée d'un train. Elle ne sait pas si elle peut faire confiance encore à ses yeux qui lui montrent une vieille locomotive noire à vapeur arriver, semblable à celles qu'elle a déjà pu voir au musée de Mulhouse... Tout ce qu'il y a pourtant de plus réel !
Ce n'est pas une reconstitution historique, pense Nicole dont les pensées bouillonnent. Il y a trop de détails, trop d'enfants sans surveillance... Elle se sent en danger, il n'y a pas de caméras, ce n'est pas un film.
Nicole, déboussolée, se perd dans ses pensées, comme si le temps et tout ce qui était vrai l'avaient abandonnée en chemin. Elle revient à la réalité quand elle voit une petite fille jouant insouciamment sur les rails. Elle tire l'enfant sur le quai, pour sa sécurité.
Au moment où elle l'aurait sermonnée, Nicole fixe la chevelure de la petite fille. Elle porte des boucles brunes, elles ont toutes les deux les mêmes : Nicole vient de sauver sa propre mère !
Tenant cette petite fille par la main, Nicole lève les yeux et regarde autour d'elle. Elle se rappelle que ses parents se sont connus étant enfants. Et si son père n'était pas loin ? Elle le cherche, mais est-ce que c'est bien sa mère, peut-elle réellement retrouver ses deux parents ?
La petite fille essaye de s'en aller, méprisant cette adulte qui l'empêche de jouer. Nicole aimerait la protéger, mais tous ces enfants sont turbulents, profitent de leur jeunesse, ont envie de jouer, de s'amuser, de prendre des risques sans réfléchir... ce sont juste des enfants.
Nicole croit en reconnaître certains, mais ils ne voient dans cette adulte qu'une trouble-fête. Ils ne savent pas qui elle est, lui marche sur les pieds pour qu'elle les laisse tranquille. Nicole finit par s'éloigner d'eux, et s'assoit pour pleurer sur un vieux banc. Elle aimerait être ailleurs, comprendre ce qui se passe, ou bien revenir...
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Egarée
Paranormalune histoire présentée dans son intégralité, extraite de "La trilogie colmarienne" : Que dire de la surprise de cette voyageuse, qui arrive plus tôt, beaucoup plus tôt que prévu, en gare de Colmar ?