Chapitre 8 - La folie

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- Tu plaisantes, j'espère ? demandai-je à ma grand-mère, ma voix tremblait légèrement. Ce n'était pas possible que tout ce qu'elle venait de me dire, tout ce qu'elle venait de me révéler, avec, de surcroît, sa dispute avec la voix stupide ne soit que le fruit de mon imagination. Non. C'était impossible.

Eléane fronça les sourcils, se demandant sûrement ce qui me passait par la tête. Je me serais posée la même question à sa place, mais je ne pouvais concevoir que tout ce que je venais de vivre n'était que le fruit de mon imagination. Il y avait forcément une réponse. Quelque chose de rationnelle et de logique. C'est vrai que ma vie est parfaitement logique en ce moment... pensai-je amèrement.

- Je pense que tu devrais aller te reposer, ce combat t'as épuisé et...

- Pourquoi m'as-tu assommé ? la coupai-je sèchement en la regardant droit dans les yeux, prête à tout pour obtenir des réponses. Je ne lâcherai pas le morceau. Plus jamais. Et avant qu'elle ne puisse me répondre, je rajoutai : Et ne me dis pas que c'était parce que j'étais simplement... « excitée », repris-je en effectuant des guillemets avec mes doigts de façon sarcastique.

Ma grand-mère me regarda d'un air sceptique, un pli amer s'était formé sur le coin de ses lèvres. Apparemment, elle n'appréciait pas mon comportement, encore moins que je la pousse dans ses retranchements. Ah ! Si elle croit qu'elle va s'en sortir cette fois, elle se fourre le doigt dans l'œil. Et bien profondément.

- Je t'ai assommé car tu es devenue... hystérique, expliqua-t-elle calmement, me scrutant de son regard perçant.

- Hystérique ? Quoi, tu n'aimes pas la défaite alors tu m'assommes pour que je ne gagne pas à ta place ?

Je ne pouvais m'empêcher de lui envoyer des piques. Je n'en pouvais juste plus, beaucoup trop de choses s'étaient passées en si peu de temps. J'étais épuisée, autant physiquement que mentalement. J'avais l'impression de me voir dans un de mes livres fantastique où l'héroïne découvrait qu'elle était, en fait, un être exceptionnel. Sauf que dans ce genre d'histoire, elle ne s'en prenait pas autant plein la tronche. Dès le début on lui expliquait ce qu'elle était et les dangers qu'elle encourait. Mais ici, ce n'était pas un conte, ni une histoire fantastique. C'était la réalité. La vie était une salope et avait décidé de l'être davantage avec moi. Je sentis des larmes de rage embuer mes yeux, une boule se formant dans ma gorge, je déglutis difficilement, tentant de me contenir tandis que je me rapprochai de ma grand-mère.

Je regardai sa main calleuse qu'elle laissait pendre le long de son corps, cette même main qui quelques minutes avant m'avait poignardé avec un couteau. Je remontais mes yeux vers son visage, ce même visage qui quelques minutes avant était crispé dans une expression de pure détermination à mon extermination.

- Je t'ai vu me tuer, soufflai-je difficilement, en serrant les poings. Je t'ai vu me parler de ces créatures... les... je ne me rappelle même plus de leur nom ! Je t'ai vu m'avouer que tu avais fait des promesses auprès de ma mère, continuai-je les larmes dévalant mes joues tandis que je continuais à vider mon sac, et... je t'ai vu parler à cette chose dans ma tête ! Je t'ai vu l'appeler ! Et tu m'as poignardé ! Avec... Avec cette expression... si... si froide. Alors, grand-mère, vas-tu encore continuer à esquiver mes questions ? crachai-je de frustration, ne prenant pas la peine de sécher mes yeux, laissant ces dernières s'écouler le long de mes joues, vas-tu me dire que je suis folle à lier et que ma place devrait être dans un asile ? Parce que c'est bien l'impression que j'ai ! Plus rien ne va, plus rien n'a de sens, et personne ne me donne de réponses ! Et quand j'en ai, je ne peux même pas m'y fier apparemment !

The inheritance of stonesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant