Chapitre 10 - Les Serhnok

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- D'après les informations que j'ai pu recueillir, elles auraient plusieurs noms, mais nous les nommons les Serhnok. Ces pierres sont capables de contenir des puissances incommensurables. Ce sont des armes redoutables contre tout êtres surnaturels. Mais cette puissance a un prix. Et ces pierres qui sont contenues dans cette boîte Eïlynn, te feront payer le prix fort si tu venais à les utiliser. Malheureusement, elles ont déjà réagi auprès de toi aux vues des évènements qui se sont passés. Elles se sont réactivées. Leur pouvoir qui jusque-là était endormis par un sceau s'est sûrement activé à ton contact ou à ta présence, je ne peux pas encore réellement affirmer comme cela a pu se produire, ni de quelle façon tu as pu mettre la main dessus sachant qu'elles étaient invisibles à tous. Surtout à toi. La seule chose que je peux affirmer, c'est que les évènements qui vont suivre ne seront pas plaisants. Il n'est plus possible de faire machine arrière, voilà pourquoi je t'en révèle autant. Voilà pourquoi tu dois savoir la vérité, cette même vérité que ta mère et moi avons tout fait pour te la cacher.

Je n'osai couper les explications de ma grand-mère, de peur qu'elle se referme comme une huître. J'étais stupéfaite par tout ce qu'on m'avait caché. C'était sûrement pour mon bien, et je pouvais le comprendre. Mais d'un côté, cela faisait mal de se sentir si... trahie. Comme si on me relevait une facette de moi-même que je n'avais jamais connue, qu'on m'avait tenu jusque-là à l'écart. Cela me faisait peur mais en même temps me réconfortait. C'était très étrange. J'étais rassurée de savoir que les choses que je voyais, que j'entendais, les évènements que j'avais jusque-là vécue et ressentis, étaient bien réelles. Il y avait encore beaucoup de choses que je ne comprenais pas, et que je n'arrivais pas à assimiler, mais c'était un début, et cela me convenait.

Je remuai d'un air distrait mon thé qui devait désormais être froid mais je m'en moquais. J'étais captivée par ce que disait Eléane. Je sentais que petit à petit ses traits se détendaient, elle était moins crispée, comme si elle aussi, était soulagée d'enfin pouvoir me partager tout cela. Je me renfonçais dans le canapé moelleux, continuant de l'écouter et de la questionner de temps à autre. J'avais tellement de questions à lui poser. Mais il y avait bien une chose dont je ne pouvais parler : c'était la créature qui résidait dans mon esprit. Comme un disque rayé, cette phrase refaisait continuellement surface, m'interdisant de révéler quoi que ce soit. Je ne savais pas si ma grand-mère avait remarqué mon comportement étrange à ce sujet, je n'en pouvais plus de ne rien dire, j'étais frustrée à un point inimaginable. C'est ainsi que je ne pus révéler à Eléane ce qu'il s'était passé dans ma chambre quelques heures avant. Elle avait dû me prendre pour une folle à hurler qu'on devait s'enfuir, je ne sais pas si elle se doutait de quelque chose mais j'espérais que si. Si seulement elle pouvait savoir.

- Tu as dit que toi et... maman, m'aviez protégées en m'éloignant de ces secrets. De quoi me protégiez-vous ? Étais-je déjà en danger plus jeune ?

- C'est peut-être mieux que tu ais fini par oublier ces évènements, ma fille. Tu sais, tu n'étais pas une enfant solitaire, loin de là. Tu étais toujours entourée d'enfants de ton âge. Tu étais même très populaire dans ta classe. Malheureusement, un évènement a... bouleversé les choses.

Je fronçai les sourcils tentant de me souvenir de cette époque pourtant pas si lointaine. Je me voyais seule dans la classe, les élèves ne m'approchaient, ni ne m'adressaient la parole. J'avais toujours pensé que c'était parce que les enfants étaient durs avec les gens un peu différents. Peut-être que j'étais trop mature pour eux m'étais-je dis en grandissant. Pourquoi n'arrivai-je pas à me souvenir de ce qui s'était passé ? Tout était si flou, j'avais toujours pensé que cela était normal, en grandissant on finit par oublier petit à petit son enfance, ce n'était que des détails superflus, j'avais retenu le plus gros de ma vie et cela me suffisait. Mais, et si le superflu m'aidait à comprendre ce qu'il m'arrivait ? L'aurais-je oublié intentionnellement ? Me l'aurait-on fait oublier ? Je frissonnai en sentant un grattement dérangeant dans mon esprit, je l'avais déjà ressenti, cette sensation de gène, quelque chose qui ne devait pas être là, qui n'était pas à sa place. Mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Pas encore.

The inheritance of stonesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant