- On ne peut pas la laisser comme ça, ce n'est pas un animal sauvage qui va nous attaquer à tout moment !
- Eléane, tu sais aussi bien que moi que dans son état actuel, on ne peut pas baisser notre garde. Il en va de notre sécurité mais aussi de la sienne.
- Bon sang, on s'en sortait très bien sans toi, tu n'étais pas obligé de revenir pour poignarder ma petite fille.
- Tu sais que je n'avais pas le choix. Tu aurais peut-être préféré qu'elle finisse sa petite affaire avec toi ? J'avoue qu'un tapis de ta personne ne serait pas de refus devant ma cheminé.
Ce brouhaha constant finit par me réveiller, d'un sommeil agité. Ma tête me lançait, je sentis une migraine poindre. Mes membres étaient entravés, une douleur lancinante me traversait tout le côté droit. J'ouvris difficilement les yeux, m'acclimatant à la lumière aveuglante qui régnait dans la pièce. J'étais dans la chambre de ma mère, je reconnaissais le papier peint vert pâle. Qu'est-ce que je faisais ici ? Cela faisait une éternité que je n'étais pas rentrée dans cette pièce. Elle recelait beaucoup trop de souvenirs. Des souvenirs bien trop douloureux, et c'était pire maintenant que je connaissais la vérité.
- Tu n'aurais jamais dû la laisser seule sans surveillance, encore moins continuer à lui cacher sa vraie nature. Regarde ce que cela a engendré !
- Tu sais ce que l'on dit : Les absents ont toujours tort, tu ne sais rien de ce qu'il s'est passé, tu ne sais rien des sacrifices que j'ai fait pour la préserver !
- Et la préserver de quoi ? Je vous avais prévenu que tôt ou tard cela se retournerait contre vous, regarde Kei-...
- Je t'interdis de parler d'elle en ma présence !
J'entendis un grand fracas, ce qui finit de me réveiller. Ouvrant grand les yeux pour inspecter les alentours, je tentai de me relever pour mieux apercevoir ce qu'il se passait sous mes yeux, mais je dus constater que mes jambes et mes bras étaient maintenus fermement contre le lit par des liens serrés. Je regrettai aussitôt d'avoir autant bougé lorsque la douleur se rappela à elle. Mon gémissement alerta les deux protagonistes qui continuaient de se disputer sur je-ne-sais-quoi.
- Eïlynn, tu es réveillée ? me demanda Eléane en s'asseyant doucement sur le rebord du lit, passant sa main dans mes cheveux pour les retirer de mon visage.
Son geste affectueux me perturba légèrement, sachant qu'elle n'en avait que très peu à mon égard, mais la douleur ne me permettait pas de trop réfléchir sur cela. Je n'osai même pas respirer trop fort, tant la douleur était atroce.
- Ne bouge pas, ta blessure va se rouvrir, et ta grand-mère me tuerait si cela arrivait.
Quelqu'un d'autre se rapprocha de moi, une voix d'homme. Il était grand, des cheveux coupés ras, couleur châtain foncé comme ma grand-mère lorsqu'elle était plus jeune. Il devait avoir dans la quarantaine, de petites pattes d'oies commençaient à apparaître au niveau de ses yeux. Il se tenait droit, les bras le long du corps, une posture rigide tandis qu'il me scrutait intensément de ses yeux marron foncé.
- Je pourrais te tuer pour moins que ça, crois-moi, répliqua sèchement Eléane, sans me quitter du regard. Je la sentais crispée et sur le qui-vive tout comme cet homme derrière-elle. Était-ce à cause de moi ? Tout était si flou. J'en avais tellement marre de tomber toujours dans les pommes au pire moment. Je voulus me relever mais me rappelai à la dernière minute que j'étais saucissonnée à ce maudit lit.
- Bon sang, pourquoi je suis attachée ?
Ma grand-mère voulut me répondre mais elle fut coupée par l'homme, ce dernier parla lentement, détachant ses mots, formant des phrases très courtes et simples comme s'il parlait à une attardée.
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The inheritance of stones
FantasyEïlynn, est une jeune fille de 18 ans, tout à fait ordinaire. Du moins, en apparence. Que signifient ces souvenirs qui ressurgissent petit à petit de sa mémoire ? Les a-t-elle effacés de son plein gré ou l'a-t-on fait sans son consentement ? Sa vis...