7 : Substitut.

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« L'esprit du mal m'envahira. Une fois que j'aurai laissé toute ma bonté s'envoler, la perversion s'emparera de moi entièrement. Orgueilleux, vaniteux, profiteur, tout mon être déchu pourrira dans les entrailles de l'enfer. Auprès de cet être aux yeux à la couleur démoniaquement vive, je frôlerai les flammes et brûlerai toute mon abnégation une bonne fois pour toute. Je renoncerai à tout, seulement par sa faute. J'oublierai le reste et ce qui m'entoure et cesserai indéfiniment de m'inquiéter pour ma prochaine vie puisque de toute façon...mon propre cœur ne sera plus mien. » page 110

– « Peut-être préférez-vous le faire vous-m... » Ma main s'est emparé de son intimité. Comme si...comme si subitement, cette foutue main avait eu l'impression d'en avoir tous les droits. Les yeux écarquillés, je détourne immédiatement le regard vers le maître. Yoongi n'a pas bougé. Il fixe toujours silencieusement le lustre de la pièce, ignorant totalement la pression que je fais inconsciemment apparaître sur son sexe. Je sens mon coeur battre plus fort. Il cogne contre ma poitrine comme s'il allait y sortir d'un moment à l'autre. Je ne comprends plus rien. Je suis juste...totalement perdu. Je ne suis plus maître de moi-même. Mes faits et gestes, ils ne m'appartiennent plus. Je suis là, perplexe à caresser l'entre-jambe de mon supérieur de manière tout à fait naturel. Cependant, je ne peux pas en dire autant de mon état. J'essaye de lutter en vain contre ces émotions. Mais une force invisible m'empêche d'y arriver. J'ai ce sentiment, cette ambition complètement spontanée et hésitante comme si un autre prenait le contrôle de moi-même. J'ai à peine le temps de réaliser ce que je fais qu'une sensation de bien-être s'empare de ma libido. J'augmente la vitesse de mes mouvements lorsque à mon insu je fais le rapprochement surnaturel entre sa timidité et la mienne. C'est lui que je touche, c'est à lui que je suis en train d'offrir du plaisir sans raison justifiée pourtant, je ressens aussi cette étrange sensation. C'est comme si j'étais moi-même en train de me faire du bien. Alors que je débute un combat intérieur contre moi-même dans le but de faire cesser ces conneries, le maître se met à soupirer, retenant ses gémissements plus qu'attrayant entre ses lèvres. Ce ne peut pas être vrai. Je ne peux pas être là, à branler mon supérieur. Ce ne peut pas être vrai, à moins que je sois définitivement devenu fou... Le corps fiévreux, les yeux mi-clos, je ne peux détacher mon regard de l'homme avec qui je partage cet intense moment. C'est bon, si bon que je n'ose même pas imaginer ce que signifiera la fin de cet instant. Il finit tout de même par croiser mon regard. Oui, Yoongi me fixe désormais de son regard ténébreux. J'essaie de couper tout lien malgré ma folle envie de ressentir le moment opportun. C'est plus fort que moi, j'ai tellement envie de lui... Les iris du maître virent miraculeusement au marron juste avant, qu'à une seconde près, je n'explose dans mon pantalon. Et merde. Qu'est-ce que je viens de faire, bordel ? Je me redresse, les joues rouges, honteux. « M-Maître, je... » Je suis tellement confus, non seulement par la situation mais aussi par les différentes sensations que je devine en moi. Pourquoi ? Pourquoi est-ce si difficile de comprendre ce qui m'arrive en ce moment ? Trop apeuré par sa réaction, je me contente de courir hors de la salle de bain. Je fuis lâchement jusqu'à ma chambre et m'enferme à double tour dans celle-ci de peur que le maître ne vienne me traîner de force hors de cette maison. Paniqué, je me retrouve à faire les cents pas dans ma chambre, la tête lourde, le coeur tambourinant. Mais qu'est-ce qui m'arrive putain ? A moitié éclairé par la lumière de la lune, je me déshabille entièrement, laissant mes vêtements voler un peu partout jusqu'au sol. J'ai l'impression d'être possédé, dirigé par un esprit invisible. J'accoure jusqu'à ma douche et allume l'eau froide pour m'obliger à reprendre mes esprits. J'ai totalement merdé. Totalement... Je ressors après plus de quinze minutes, encore échauffé par mes précédents sentiments. Il faut que je cesse de me ressasser ces images, je vais finir par faire une connerie... Allongé en sous-vêtement sous mon épaisse couverture, j'étouffe. Je transpire d'envie, de désir et d'angoisse. Partagé entre l'envie d'en ressentir davantage et l'envie de revenir en arrière, je ne sais plus quoi penser. Les yeux du maître Min me reviennent en tête. Il a soupiré, je n'ai pas rêvé. Il...Il aurait très bien pu me repousser mais non...il m'a laissé faire, il m'a laissé le toucher, le caresser... Mais pourquoi...pourquoi ai-je ressenti autant de plaisir à lui faire du bien ? C'est la première fois de ma vie qu'une chose pareille m'arrive. Même avec Ren, les choses n'ont jamais été aussi sensuelles et intenses... Suis-je...vraiment attiré par lui ?

– « Winwin ! » m'appelle Jaehwan de l'autre côté de la porte. Je n'ai bien évidement pas beaucoup dormi cette nuit. J'étais tellement préoccupé par ce qui s'était passé la veille que j'ai à peine eu la chance de fermer les yeux. Je somnolais entre réalité et souvenir me faisant même plusieurs fois douté de la nature des faits. Alors quand huit heure a sonné sur mon portable, je n'ai pas trouvé la force de me lever. A vrai dire, je ne me sens pas du tout d'humeur à quitter mon lit ce matin. Je n'ai envie de parler à personne. Je veux les éviter, je n'ai pas le moral pour partager une conversation, sourire et donner mon avis. Je suis morose, morose et frustré de savoir que je ne pourrai pas ignorer la présence des autres. De mauvaises impressions apparaissent déjà alors que je n'ai même pas encore commencé ma journée. C'est comme si la discussion qui m'attendait, peu importe avec qui je la créerais d'ailleurs, me répugnait. Ce futur affrontement, quelqu'il soit, il me rend las, il me dégoûte avant même d'avoir commencé. Je suis à la fois furieux et dérangé mais je ne saurai vraiment dire à propos de quoi. C'est juste...ce que je ressens en ce moment. Je suis énervé contre la terre entière si ce n'est contre moi-même pour avoir été aussi stupide hier. Je me redresse après avoir compris que Jaehwan n'abandonnerait pas aussi facilement. Il continue de toquer contre le bois de ma porte pour tenter de capter mon attention. « Ah ben enfin ! On a du mal à se réveiller ce matin ? » me sourit-il magnifiquement.

– « Hum...à vrai dire, j'me sens pas très bien. J'ai pas beaucoup dormi cette nuit et...j'sais pas, j'me sens patraque... Il est préférable que je reste enfermé ici aujourd'hui. J'voudrais pas que le maître tombe malade par ma faute. » mentis-je, bien que la moitié de mes dires soient vrais. Je n'ai surtout pas envie de tomber nez à nez avec le maître. Il sera sûrement faible et de mauvaise humeur, je préférerai attendre jusqu'à demain pour subir son jugement. Jaehwan plaque presque instantanément sa main contre mon front pour vérifier ma température.

– « Mais...j'croyais que tu n'étais jamais tombé malade ? » s'inquiète-t-il. C'est un détail qui m'avait presque échappé. Mais même si je ne suis encore jamais tombé malade, je sais comment faire croire que je le suis... Du moins, à l'école, cela fonctionnait plutôt bien.

– « C'est vrai mais...j'sais pas trop...j'me sens vraiment pas bien. J'crois que j'ai besoin de dormir... » Jaehwan m'observe longuement, apparemment en pleine réflexion. Pitié, ne m'oblige pas à aller consulter Bora ou à descendre pour prendre un peu l'air. Je veux juste...rester seul.

– « Tu devrais retourner au lit alors. J'vais m'occuper du maître, t'en fais pas. » avance-t-il tout en me poussant gentillement jusqu'à mon lit. Il me force sans grande délicatesse à m'y allonger avant de venir refermer la fenêtre que j'avais laissé exprès ouverte pour ne pas mourir de chaud. Finalement, je suis peut-être vraiment en train de tomber malade ?! J'étouffe comme un fou alors peut-être ai-je vraiment de la fièvre ? « J'vais te monter quelque chose à manger. Toi, tu fermes les yeux et tu te reposes, d'accord ? » propose-t-il adorablement. Mais même comme ça, même en voyant son sourire sublime qui me met toujours de si bonne humeur, je n'ai pas envie de continuer cette conversation. Même Jaehwan ne pourrait me remonter le moral aujourd'hui.

– « Tu n'es vraiment pas obligé de... »

– « S'il te plaît, Win. Pas de ça avec moi... » me coupe-t-il rapidement avant de refermer la porte derrière lui. Au moins, j'ai encore le temps de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir dire au maître demain. Je me cache sous la couverture, pensant là que c'est le seul endroit où mon esprit se sentira apaisé aujourd'hui. La solitude me tiendra très bien compagnie.

J'ai finalement réussi à m'endormir après avoir avalé le petit-déjeuné que m'avait spécialement préparé Jinyoung. Je ne sais pas si le maître a gobé mon histoire de fatigue mais puisque personne n'a débarqué en furie dans ma chambre pour me foutre dehors un coup de pied au cul, j'ai finis par comprendre que le maître n'avait pas été rapporter à propos de mes gestes plus que déplacés. Alors pour m'occuper le reste de l'après-midi, puisque j'étais définitivement décidé à ne pas quitter cette chambre pour la journée entière, j'ai ressorti le livre que mon grand-père m'avait fait livré avec sa lettre pour le relire une deuxième fois. Je l'ai terminé la semaine dernière, un goût de déception et d'amertume en bouche. Moi qui avait passé tellement de temps à maudire le mauvais personnage, j'avais presque l'impression d'être trahis. Le maître Min avait vu juste l'autre fois. Il parlait d'un ange déchu, d'un ange qui avait par malheur, fait les mauvais choix, pris les mauvaises décisions. Il avait raison. Le monstre décrit dans mon livre n'était pas le mal incarné. En réalité, il mentait pour pouvoir survire dans un monde emplit de terrestre et de jugement, il manipulait pour pouvoir connaître l'amour, la joie, le bonheur. S'il avait fais le choix de cacher sa véritable identité à la femme qu'il aimait, c'était pour pouvoir se sentir normal au moins aux yeux d'une personne. Malencontreusement, la vérité finit toujours par être dite. Et les conséquences de l'attente ne sont que plus désastreuses. Le protagoniste dont j'aurai dû me méfier depuis le début, c'était elle. C'était cette fille, celle qui était décrite comme le personnage principal du livre. En réalité, elle qui avait tranché sur l'état de son petit-ami sans même aucune once de compassion, avait commis des crimes bien plus réprimandé que ceux du monstre dont elle était tombée amoureuse. La fille qui était même apeurée par la dissimulation des mensonges de son compagnon avait en réalité assassiné son père. Elle mentait en permanence sur son enfance, sur le statut de sa famille, sur ses goûts et son travail. Grande paresseuse, elle manipulait à la perfection l'une de ses collègues de travail pour pouvoir en tiré tous les mérites de son travail. Elle était tellement gourmande de succès qu'elle ne savait même plus elle-même où s'arrêter. Elle se considérait au-dessus de tout le monde, son orgueil dépassait même la limite du possible. Autrement dit, à part rejeter la faute sur autrui, elle ne s'était jamais remise en question. L'avarice, le désir, l'envie, mais surtout la luxure... Oui, parce qu'aimer un seul homme était bien trop compliqué pour elle. A elle seule, elle avait commis les sept grands péchés capitaux. Et même en ayant parfaitement conscience de cela, elle avait pointé du doigt celui qu'elle accusait être un imposteur. Comment pouvait-on être aussi lâche ? Je balance nerveusement le livre loin de moi, atteignant sans le faire exprès le miroir accroché au mur.

– « Putain de bordel de merde... » soufflais-je entre mes lèvres. Je m'avance, à la fois furieux et déconcerté. J'analyse les bout de verre étalés un peu partout sur le sol. Pourquoi suis-je ainsi ? Pourquoi est-ce qu'un rien m'énerve ? Je suis si sensible que je ne peux même pas en comprendre la cause... Je décide alors de nettoyer ma maladresse avant d'aller prendre l'air. Il faut que je sorte de cette maison, au moins pour quelques heures avant le coucher du soleil. « Fais chier. » me plaignais-je lorsque je constate que je saigne. Mais alors que je suis sur le point de vérifier l'état de mon pied, une étrange sensation se fait soudainement connaître au niveau de mon poignet. Curieux, je me contente de le regarder curieusement jusqu'à voir apparaître une couleur verte se propager dans mes veines. Qu'est-ce que... Un cri assourdissant m'interrompt dans ma réflexion. Je jette rapidement un œil à mon réveil et constate qu'il est certainement l'heure de l'injection du maître. Puis, sans que je n'en comprenne la cause, je m'étale sur le sol. « AH ! » J'hurle alors à plein poumon. J'ai mal. Très mal. La douleur se développe miraculeusement jusqu'à mon épaule, m'obligeant difficilement à retire mon t-shirt pour mieux pouvoir analyser mon torse. La couleur verte continue de se disperser dans toutes mes veines. Mais alors que je la vois rapidement s'étendre, je comprends qu'elle est sur le point d'atteindre mon coeur. Je frappe contre ma poitrine pour empêcher que la souffrance ne devienne plus affreuse mais c'est trop tard. Le coeur atteint, je gémis de douleur. « AH ! » Je n'ai même plus conscience de ce qui se passe. C'est la première fois que je connais l'affliction. Moi qui n'ai jamais ressenti la douleur, je suis totalement perdu. J'hurle encore et encore. Je supplie pour que le cauchemar ne cesse, pour que tout cela prenne fin. J'en pleurs même tellement tout cela est difficile à supporter. Pitié, que quelqu'un me vienne en aide. J'ai l'impression que toutes les cellules de mon corps se déchirent les unes après les autres, c'est un réel supplice de ne rien pouvoir faire.

– « Sicheng ! » apparaît Jinyoung, suivit de Bonhwa et Jaehwan. Je cesse de crier au même moment, lorsque presque de manière irréel, la souffrance disparaît. Je la ressens toujours légèrement mais plus je tente de la localiser, plus j'ai du mal à la définir. « Il s'est coupé ! » remarque le brun tout en s'emparant de mon pied pour mieux examiner ma plaie.

– « Je vais chercher la trousse de secours ! » déclare le majordome avant de s'en aller en courant. J'ai presque la tête qui tourne, je suis complètement épuisé par ses secondes qui m'ont semblé durer une éternité. Pourquoi j'ai l'impression que quelque chose ne tourne pas rond chez moi ? Pourquoi est-ce que cela m'arrive-t-il maintenant ?

– « On va t'allonger sur le lit, d'accord ? » m'annonce Jaehwan alors que lui et Jinyoung m'aident tous les deux à me relever. Je me laisse tomber comme un moins que rien, trop épuisé et troublé par ce que je viens de vivre. « On devrait aller chercher Bora. Il est clair que quelque chose ne va pas. Sicheng n'est jamais tombé malade et il ne ressent pas la douleur habituellement... » pense le blond, visiblement soucieux de mon état. J'aimerai pouvoir leur dire que ce n'est pas à cause du verre que j'ai crié mais comment expliquer ce que j'ai vu et ressenti quand toute trace de ce que j'ai vécu a disparu ? Je contemple mon torse et mes bras, totalement dépité. Je n'ai pas rêvé... je n'ai pas inventé ce que j'ai vu. Mes veines sont devenues vertes à tel point que j'arrivais parfaitement à deviner leurs positionnement sous ma peau.

– « Poussez-vous, j'vais m'occuper de lui. » intervient Bora alors que les yeux mi-clos, je me bats pour ne pas me laisser porter par la fatigue. « Sortez. Il a besoin d'espace. » ordonne-t-elle froidement. Bonhwa qui était entré avec elle, dépose délicatement la trousse de secours à mes côtés avant d'inviter les deux autres à sortir le plus rapidement. J'observe Bora. Elle ne semble pas particulièrement surprise de me voir dans cet état. J'imagine qu'elle ne me croyait pas vraiment lorsque je disais ne pas connaître la souffrance physique. Après tout, Bora est médecin. Rare sont ceux qui ont osé croire mes parents lorsque j'étais plus jeune. « Ouvre la bouche. » commande-t-elle sans aucune délicatesse. Elle sort un petit flacon de sa mallette professionnelle et m'en tend une cuillère pour que je le boive. « Maintenant, dors. Tu verras. Tout ira mieux demain matin. » J'ai simplement décidé d'écouter ses conseils. Alors sans chercher à lutter une seconde de plus, j'ai laissé les bras de Morphée m'accueillir parce que je n'avais définitivement plus envie de vivre dans la réalité pour aujourd'hui.

– « Maître... » murmurais-je instinctivement lorsque je me redresse. Le réveil indique encore et toujours trois heure zéro trois. Je me relève, le corps entièrement transpirant. Cette fois-ci, je ne prends pas la peine de noter ce que j'ai vu dans mon rêve. J'ai tellement l'habitude désormais que je m'en souviens presque comme s'il faisait entièrement parti de moi, comme si ce n'était qu'un souvenir du passé qui ne cesse de se répéter dans ma tête. Je me dirige rapidement jusqu'à la chambre de Yoongi. J'étais de nouveau ce corps allongé, entouré de médecin ou de je ne sais qui. J'étais là, la vision brouillée, les jambes endolories. J'analysais les alentours et tentais de comprendre ce que les autres disaient. Ils ne parlaient pas chinois, ni même coréen. C'était une langue que je n'avais encore jamais entendu. Ils s'activaient, l'air nerveux, comme s'ils étaient sur le point de commettre un acte incroyablement important. Puis, alors que j'ai tenté de les interroger, une souffrance improbable s'est manifestée. J'ai craché du sang, pleuré et supplié pour de l'aide mais aucun n'a bronché. Ils se sont contentés d'observer, les bras croisés. Une femme est entrée à toute vitesse, obligeant les médecins à intervenir alors qu'elle tentait de venir vers moi. Mon fils. Yoongi. Je t'en supplie, ne meurs pas. Puis soudainement, ce fût le noir complet. Je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien mis à part le silence effrayant de la mort. L'agonie que je subissais jusqu'alors s'est évaporée. Et alors que je pensais pouvoir quitter mon corps en toute liberté, mes paupières se sont ré-ouvertes et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je venais de revenir parmi les vivants. Le fait qu'on s'adresse directement à moi dans mes rêves en tant que Yoongi me préoccupe. Cela m'angoisse tellement que je ne peux m'empêcher d'aller vérifier si le maître respire toujours. Il sera certainement en train de dormir. Donc je ne risque pas grand-chose, si ? J'entrouvre lentement la porte de peur de ne faire trop de bruit. Je veux juste m'assurer qu'il va bien.

– « Encore un cauchemar ? » m'interroge sa voix grave. Mon coeur a fait un bond tellement énorme que j'ai presque cru faire une crise cardiaque. Le maître Min est assit au bord de son lit, face à la fenêtre, la couverture autour de lui. Comment a-t-il su que c'était moi ? Je me gratte honteusement la gorge. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir inventer ?

– « Je...je voulais m'assurer que vous alliez bien. » dis-je faiblement. Le maître se retourne vers moi, m'offrant au même moment de long frisson dans tout le corps. Je crois que je commence à éprouver des choses pour lui. Je ne peux pas vraiment expliquer de quelle façon cela a pu arriver alors que je ne partage pas grand-chose avec lui mais...cette pression inexplicable, cette sensation de besoin, d'envie, de désir que je devine parfaitement en moi à chaque fois qu'il pose les yeux sur ma personne...n'est-ce pas la preuve que quelque chose se passe en moi ? C'est presque comme si je ne pouvais pas retenir mes pulsions, comme si je mourrais d'envie de lui sauter dessus alors que je n'ai même jamais agis de cette façon avec quelqu'un.

– « Allonges-toi. Je meurs de froid. » prononce-t-il sèchement. J'observe le maître se positionner sur le lit avant de venir en faire de même. Je devrais dire non. Je devrais créer de l'espace entre nous, après tout, j'ai déjà dérapé une fois...

– « Vous...permettez ? » demandais-je. Le maître hoche rapidement la tête m'autorisant donc à venir le serrer dans mes bras. Vu ce qui s'est passé la dernière fois, je devrais être gêné de me retrouver ainsi contre lui. Mais en réalité, lorsque dans mon rêve, j'ai compris que le corps dans lequel j'étais était celui du maître, j'ai commencé à m'inquiéter. C'est un peu comme si je me souciais du sort qu'il pouvait subir dans mon imagination. Et le savoir en sécurité, dans mes bras, me soulage d'un poids que je ne saurai définir. Le torse nu, je ressens la froideur du maître Min contre moi. Comment est-ce possible ? Comment peut-il avoir aussi froid ? Je le resserre plus ardemment contre moi lorsque je repense au malaise qu'il a fait il y a de cela deux semaines. Je ne serai pas en mesure d'agir cette fois-ci s'il lui arrivait quelque chose, j'aurai bien trop peur de lui faire du mal.

– « Win... » commence-t-il alors que cela faisait déjà plus de vingt minutes que nous ne parlions plus. « Ils m'ont dit que tu avais ressenti la souffrance. Comment était-ce ? » souffle-t-il contre mon cou. Sa question me paraît tout d'abord étrange puis, en y réfléchissant bien, venant du maître, cela ne m'étonne pas vraiment. Est-ce qu'il essaye de savoir comment est-ce que je me sens ? Pourquoi j'ai l'impression que son attitude a changé envers moi ?

– « Je ne sais pas s'il y a vraiment un mot pour définir ça. Mais c'est comme si, l'espace d'un instant, j'avais même souhaité mourir pour mettre fin à cet enfer... J'imagine que c'était tout aussi douloureux que pour vous, lorsque Bora vous fait l'injection. » Savoir que le maître ressent ce genre de douleur toutes les deux semaines, savoir qu'il a conscience de ce qu'il s'inflige à lui-même, qu'il sera dans l'obligation de continuer son traitement pour pouvoir survivre le reste de sa vie...tout ça me fend le coeur. Mais d'un autre côté, je comprends mieux le courage dont il fait preuve. A sa place, j'aurai déjà abandonné depuis bien longtemps.

– « Parfois je me dis...que la douleur n'en vaut pas vraiment la peine. » avoue-t-il de manière presque inaudible. Je baisse le regard vers lui, surpris qu'il se confie à moi de cette façon. Pense-t-il tout arrêter ? Souhaite-t-il mourir ?

– « Ne dite pas ça. Je ferai en sorte que cela en vaille la peine. Je vous le promets. » J'ai déjà dis à Bora que je donnerai le meilleur de moi-même pour qu'il se sente un minimum normal. C'est difficile d'agir quand mon attirance physique pour lui finit par prendre le contrôle mais j'essayerai de surpasser ça. Je n'ai pas le droit de penser à lui de cette façon. C'est un homme malade, attristé, souffrant. Il a certainement mieux à penser, certainement mieux à souhaiter. Min Yoongi étire un léger sourire, visiblement heureux de m'entendre dire cela. A moins qu'il ne soit en train de se moquer intérieurement de moi, comme à son habitude. « Maître... Peut-être devrions-nous évoquer ce qui s'est passé... » avançais-je, peu convaincu par mon initiative. Puisque je le serre contre moi, puisque je ne suis pas en mesure de subir son regard ténébreux et jugeur, peut-être est-ce le meilleur moment pour parler de ma stupidité.

– « Que veux-tu dire ? » susurre-t-il, la voix presque endormie. Oui, vu son état, c'est le moment où jamais de discuter de ça.

– « Vous savez, j'ai...j'ai idiotement dérapé la dernière fois. Je n'sais pas ce qui m'a pris, ni même... Enfin, c'que j'voulais dire, c'est que je regr... »

– « Sicheng. Depuis combien de temps n'ai-je pas ressenti le plaisir, à ton avis ? » m'interrompt-il promptement, sa respiration caressant toujours ma peau. Sa question me fait instinctivement rougir, comme si mentionner le plaisir sexuel du maître éveillait en moi un désir inexpliqué. Attends-t-il vraiment une réponse de ma part ? Je bougonne quelques mots, perdu et légèrement intimidé. « Il y a eu une femme autrefois. » continue-t-il toujours aussi sérieux. Pourquoi... Pourquoi savoir que la maître a déjà eu des rapports sexuels m'excite-t-il autant ? Je m'immobilise malgré la chaleur qui s'évade de mon entre-jambe. Je suis vraiment devenu fou... « C'est elle qui m'a appris à éprouver de la satisfaction. Je l'ai désiré pendant des années. Je convoitais ses hanches, sa poitrine...son intimité. » Le maître Min s'est emparé de la mienne à la prononciation de ce dernier mot. Les lèvres ardemment serrées, je tente de contenir ma surprise. « Je lui ai tout donné. J'ai fais d'elle le centre de mon univers, à tel point que je ne pouvais m'arrêter de penser à elle même en rêve... Puis, après quelques années à l'aimer. J'ai dû tout arrêter. Après ça, je n'ai plus jamais ressenti le besoin de me faire du bien. » Toujours complètement paralysé, je tente de comprendre où est-ce que mon supérieur souhaite en venir. J'ai réellement envie de prendre le dessus sur la situation, de l'embrasser langoureusement, de le ressentir intérieurement, je sais que la jouissance de cet acte ne serait que plus savoureux que les rêves érotiques que je fais de ses mains. « Mais puisque tu m'as de nouveau redonné l'envie de ressentir cette bienfaisance...j'avoue avoir du mal à ne pas y penser. » C'en ai trop pour moi. Impatient, je viens me positionner au-dessus du maître. Mes lippes se dirigent machinalement vers sa bouche mais mon supérieur les évite, m'incitant indirectement à venir embrasser son cou. Ma main a rapidement glissé sous son pyjama en soie pour venir trouver son membre et le malaxer. Je suis de nouveau possédé par le désir charnel. J'en veux plus, tellement plus... Le maître se laisse faire, accrochant fortement mes cheveux pour ne pas avoir à gémir. Mon sexe est déjà durci, tout comme le sien. Je tente de soulever le chemisier de son pyjama mais Yoongi ne souhaite pas s'attarder là-dessus. Il me pousse presque autoritairement jusqu'à son pénis, exigeant que je le prenne en bouche. J'éprouve alors de nouveau cette étrange sensation. C'est son intimité que je suce de mes lèvres pourtant, sans même porter la main contre la mienne, j'arrive à parfaitement discerner ce qu'il ressent. C'est presque comme si j'étais de manière surnaturelle en train de me prendre en bouche. Je m'active avec acharnement sur sa queue turgescente, gémissant la bouche pleine sous toutes les émotions sexuelles qui s'emparent de moi. Je n'ai jamais pris autant de plaisir à sucer quelqu'un... Je bouillonne littéralement de l'intérieur, prêt à exploser tellement c'est bon de le ressentir de cette façon. Le maître Min débute des mouvements de bassin contre mes lèvres, cherchant certainement à s'enfoncer davantage en moi. Sa peau est toujours aussi glaciale, comme si c'était presque impossible pour lui d'avoir chaud. Pourtant, vu comment je m'empresse de le prendre, il devrait être tout aussi fiévreux que moi. « Ah... » Nous nous déversons au-même moment, dans une coordination effroyablement parfaite. J'ai à peine le temps de finir de savourer ce délicieux sentiment de jouissance qu'une part d'ombre refait rapidement surface en moi. Me voilà de nouveau frustré, énervé, furieux contre le monde et l'univers. Je n'ai pas d'excuse, pas de raison valable, je veux simplement frapper et cogner contre tout et n'importe quoi.

– « Bonne nuit. » me contentais-je de dire alors que nous nous installons tous les deux dos à dos. Je ne saurais pourquoi mais le maître aussi semble atteint d'une frénésie extrême. Certainement parce qu'on s'en veut tous les deux d'avoir de nouveau franchi la limite du raisonnable.

Beside me |sugawinwin|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant