« Il avait fausse apparence à sourire si gentiment. Il était comme déguisé du visage d'autrui. Cette créature du mal m'appelait, elle me demandait de l'écouter, de le croire, de me laisser porter entièrement par ses dires et ses promesses. Ses belles paroles ne faisaient que me rendre plus confuse. Pourtant, je savais. Je savais qui il était. Il n'était rien d'autre qu'un démon divin. Alléchant et fascinant mais effroyablement odieux et exécrable. Malgré tout, je continuais de vouloir de lui. » page 66
– « Tu ne dors pas ? » me questionne la voix grave et intimidante du maître Min. Je sursaute, manquant même de renverser mon verre d'eau tellement j'ai eu peur. Min Yoongi est là, avec son pyjama noir en soie, les cheveux en bataille, presque magiquement illuminé par la lumière de la lune extérieure.
– « Oh, vous...vous êtes réveillé ? » bégayais-je, nerveusement. J'essaye tant bien que mal de cacher mon torse avec mes bras mais il est évident qu'il arrive parfaitement à le voir vu la façon dont il me fixe de son air méprisant. « Je...je ne dors jamais habillé. Enfin, si...je dors habillé, c'est juste que je ne porte pas de pyjama habituellement. Je...suis désolé. » avançais-je, pour justifier le fait que je sois torse-nu avec pour seul habit, un jogging gris. Le maître Min, se contente de détournez le regard, comme presque blasé par mon comportement. Je ne pensais pas tomber sur quelqu'un vu l'heure qu'il est.
– « Encore un cauchemar ? » suppose-t-il tout en attrapant la bouteille de jus d'orange dans le réfrigérateur. En réalité, je ne sais plus vraiment si je dois appeler ça un cauchemar ou un rêve érotique vu la façon dont mes rêves ont tourné cette nuit.
– « Hm. Je pense que je ne suis pas encore habitué à dormir ici... Et vous ? Est-ce que vous avez mal quelque part ? Si vous voulez, je peux aller réveiller Bora pour lui demander de vous donner quelque chose. Vous devriez être mort de fatigue après la journée qu... »
– « Je veux juste...me désaltérer. » me coupe-t-il autoritairement, certainement pour me faire comprendre que je parle trop. Merde, c'est tellement gênant de me retrouver face à lui parfois. « Tu devrais en parler à Bora demain matin...pour tes rêves. Tu as presque les cheveux mouillés tellement tu transpires. » remarque-t-il en restant fixer ma chevelure. Ce n'était certainement rien, mais à mes yeux, la sensation de son regard sur ma personne avait beaucoup plus d'importance que sa curiosité naissante. Quelque chose ne va vraiment pas chez moi... Alors que Min Yoongi profite de ce silence pour venir boire à la bouteille, mon attention se perd une nouvelle fois sur sa pomme d'Adam. Puis j'ai comme des flash-back ou peut-être bien des visions. L'espace d'un instant, le maître s'approche dangereusement de moi. Il attrape le dessous de mes cuisses pour me porter sur le plan de travail de la cuisine avant de venir faire pénétrer sa langue entre mes lèvres. Le plaisir s'empare de moi, mon bassin se frotte instantanément contre son corps pour le ressentir réellement. Mais qu'est-ce qui est en train de se passer ? « Tu veux que je m'occupe de toi ? » souffle-t-il contre ma joue. « Sicheng. » m'appelle-t-il brusquement. Le maître est face à moi, la bouteille de jus dans la main. Il m'observe curieusement, comme si j'avais agis ou dis quelque chose d'étrange. Il me faut bien cinq secondes pour comprendre que tout ça n'était qu'une illusion. Je suis là, debout, totalement déconcerté. J'ai...tout imaginé ? J'ai pourtant cru ressentir son souffle chaud contre ma peau... « A quoi penses-tu ? » me demande-t-il. Je ne sais plus quoi penser. Quelque chose est en train de se passer en moi. Est-ce parce que je suis obsédé par le maître ?
– « Je... En fait, je... » Je ne trouve rien à dire, je suis à court de mensonge. Je ne m'attendais pas à devoir mentir pour justifier mon comportement étrange mais vu la situation, il est préférable que je change de conversation. « Les agust...elles se sont de nouveau tournées vers le château. » C'est tout ce que j'ai trouvé... Le maître affiche un léger sourire moqueur avant de venir ranger sa bouteille.
– « Peut-être que ce dont elles ont le plus besoin se trouve ici. » présume-t-il d'un ton que je ne saurai décrire. Je le regarde quitter la pièce, déconcerté. Non seulement par ce qu'il vient de dire mais également par ce que je crois avoir échangé avec mon supérieur il y a de cela quelques secondes. Bordel Sicheng, cela ne fait même pas une semaine que tu es ici et tu es déjà en train de devenir fou...
– « Winwin ! » hurle impatiemment Jaehwan au rez-de-chaussée. Je dévale les marches à toute vitesse, ma doudoune blanche sur les épaules. Ce matin, le maître a pris la subite décision de se rendre en ville avec Bonhwa et les deux autres. Même si je suis satisfait de constater qu'il se sent beaucoup mieux et qu'il a plutôt fier allure, je suis tout de même surpris qu'il ai exigé de lui-même une sortie de groupe. « Grouille, le maître est déjà dans la voiture à attendre... » m'apprend le blond avant de me pousser hors de la maison. Je m'avance rapidement, toujours essoufflé, vers la petite Mercedes des années je ne sais combien pour y prendre place à l'arrière. Les bras croisés, les paupières clauses, Yoongi est déjà installé sur le siège passager. C'est plutôt gênant d'avoir à poser les yeux sur lui après ce qui m'est arrivé cette nuit.
– « On peut y aller ! » annonce Jinyoung une fois tous réunis dans la voiture. Bonhwa démarre promptement pour ne pas perdre une minute de plus. Nous roulons depuis dix minutes environ et personne n'a encore pris l'initiative de débuter la conversation, ce qui est plutôt pesant quand on sait que la seule chose qui retentit dans le lecteur cassette est une compilation de musique coréenne des années 80.
– « La prochaine fois, on devrait prendre deux voitures... C'est...un peu serré derrière maintenant que Sicheng est là... » me sourit niaisement Jaehwan. Parce qu'ils ont d'autres voitures ? Pourquoi ne pas l'avoir dis plus tôt ? Le maître ne répond pas, laissant de nouveau un blanc s'immiscer dans la conversation. Je sens que les trente prochaines minutes risquent d'être longues, très longues...
– « Enfin un peu d'air frais ! » souffle Jinyoung en étirant les membres de son corps. Jaehwan me tend la main pour m'aider à sortir de la voiture à trois portes me laissant par la suite admirer toute la beauté de la ville qui me fait face. C'est bien moins majestueux que Shanghai mais ce contraste de modernité ne peut que me faire rêver. J'ai l'impression d'être retourné dans le passé, l'architecture traditionnelle, la couleur du bois coréen et cette simplicité solennel me fait totalement fondre. J'aime déjà être ici...
– « Bien... Vous n'avez qu'à aller faire les courses, Moi et Sicheng, on va voir Bora. Si vous finissez avant, attendez nous à la voiture, sinon...on vous rejoindra là-bas. » organise le maître de son éternel visage stoïque. Pourquoi suis-je obligé de rester seul avec lui ? Les autres obéissent sans contrainte, me laissant suivre le maître curieusement. Est-il malade ? Est-ce pour cela qu'il souhaite voir Bora ? « C'est pour toi que nous allons la voir. » marmonne-t-il soudainement comme pour répondre à mes interrogations silencieuses.
– « Pour moi ? » répétais-je, perplexe. Je me sens parfaitement bien... Yoongi s'immobilise brusquement me forçant même involontairement à venir lui rentrer dedans par mégarde. Merde, la honte... Je le suivais de tellement prêt que je n'ai pas même pas eu le temps de réagir à son comportement inexpliqué.
– « Sicheng... Tu as bien lu ton contrat, n'est-ce pas ? » m'interroge-t-il froidement. J'hoche lentement la tête, peu sûr de ce que je suis censé comprendre. « Te souviens-tu avoir signé pour une prise de sang ? » Je me souviens avoir trouvé cela étrange. Jamais je n'avais entendu parler de ce genre de clause dans un contrat de travail mais je ne voyais pas vraiment en quoi cela pourrait me déranger alors, j'ai finalement signé sans me poser de question.
– « Je m'en souviens... » déclarais-je calmement. Je suppose donc que c'est de cela dont il s'agit aujourd'hui. Yoongi reprend son chemin, satisfait de voir que je n'opposerai aucune résistance. « Maître...ai-je le droit de vous demander les raisons de cette prise de sang ? »
– « Comme tu le sais, je suis très malade. Complètement affaibli, il ne me faut pas grand-chose pour me tuer alors...je veux juste m'assurer que tu es en bonne santé et que tu ne risques pas de mettre fin à mes jours par ton immoralité. D'ailleurs... » Le maître se stoppe une nouvelle fois, m'obligeant à en faire de même. Sans que je ne m'y attende, il vient refermer la fermeture de ma doudoune jusqu'à mon cou. Gêné, je sens rapidement mes joues virer au rouge. Ne pouvait-il pas simplement me demander de le faire moi-même ?
– « Oh, bonjour Maître Min. Daehyun, dis bonjour. » commande une femme à son fils lorsqu'il croise le chemin de Yoongi. Le petit garçon s'empresse de s'incliner respectueusement pour nous saluer comme si le maître était quelqu'un d'extrêmement important pour eux. Comme à son habitude, Yoongi se contente d'un mouvement de tête avant de continuer sa marche.
– « Bonne journée à vous, madame. » dis-je pour clore la rencontre. Je ne peux m'empêcher de me questionner quant au maître. Qui est-il mais surtout pourquoi les gens sont-ils si respectueux envers lui ? Est-ce à cause de sa maladie, ou bien de sa fortune ? Nous entrons tous les deux dans le petit cabinet médicale où travaille Bora. Il n'est pas bien grand mais il reste tout de même en bon état. Un veille homme se redresse instinctivement lorsqu'il reconnaît Yoongi, à croire qu'il est bien plus populaire qu'il n'y paraît. Lui qui n'ouvre presque jamais sa bouche...je me demande bien comment c'est possible. Le maître lui fait signe de se rasseoir avant d'en faire de même, toujours l'air impassible.
– « Ce n'est qu'une simple visite. Alors ne stresse pas, tu pourrais faire fausser les résultats de ta tension. » prononce-t-il en détournant le regard sur moi. Je n'étais pas vraiment stressé...du moins, jusqu'à ce qu'il ne fasse une réflexion à ce sujet. Pourquoi est-ce si important ? Ce n'est pas comme si nous allions découvrir que j'étais sur le point de mourir. Et même si c'était le cas...cela n'aurait aucun impact sur le maître...
– « Vous êtes déjà là ? » Visiblement, nous étions attendu... Bora fait imprimer quelques feuilles face à nous, derrière le bureau de l'accueil avant de les tendre à l'homme qu'elle vient de consulter. « Prenez soin de vous, Monsieur Kim. L'hiver va encore durer deux mois... Monsieur Choi, c'est à vous. » appelle-t-elle rapidement.
– « Occupez-vous du maître Min avant, je peux attendre. » répond-il d'un large sourire, assit sur sa chaise.
– « Ne faite pas l'idiot, vous attendez depuis plus d'une demi-heure déjà. Suivez-moi. Le maître ne va pas mourir pour quelques minutes. » menace-t-elle Yoongi de son regard de folle. Le maître invite l'homme à la suivre bien qu'il ne soit pas totalement emballé à l'idée d'attendre ici avec moi. « Tu n'as qu'à l'installer dans l'autre salle si tu veux. Il peut commencer l'exercice. » Le maître acquiesce, comprenant parfaitement ce qu'elle veut dire. L'exercice ? De quoi est-ce qu'ils parlent ? Je ne suis pas là pour la prise de sang ?
– « Suis-moi. » m'ordonne-t-il de manière tout à fait fascinante. Bordel, pourquoi est-ce que je le trouve toujours aussi captivant ? Il nous fait entrer dans une pièce où se trouve toute sorte d'engin dont même un tapis roulant. J'ai à peine le temps d'examiner les lieux que le maître referme déjà brusquement la porte pour me ramener à lui. « Déshabille-toi. Et enfile ça. » Je reste analyser le jogging entre mes mains, perdu et choqué à la fois. Est-ce qu'ils veulent vraiment me faire courir ? « Dépêche-toi. On ne va pas y passer la journée. » se plaint-il face à mon exaspérante vitesse. Je retire ma doudoune puis mon pull, embarrassé de devoir faire ça alors qu'il se trouve dans la même pièce que moi. Le maître s'active à allumer une espèce de machine avec de longs fils. Il semble s'y connaître, c'est indéniable mais pourquoi savoir que c'est lui qui s'en charge me met-il autant la pression ? Je retire mon jean à la vitesse de l'éclair puis enfile le vêtement sans même chercher à protester. Puisque je suis là de toute façon...autant obéir. Surtout que le maître ne semble pas vraiment d'humeur à plaisanter... Yoongi s'approche de moi et vient étaler une espèce de crème sur mon torse. Les yeux levés au ciel, je tente de contenir ma surprise et l'effet que ses caresses provoquent en moi. Ce n'est certainement pas le moment de me faire subir ce genre de chose, surtout après mon rêve de cette nuit et l'envie incessante de partager un échange sexuel avec mon meilleur ami. Ren...c'est dans ce genre d'instant que je regrette le plus ta présence... La chaleur me consume déjà entièrement lorsque Yoongi vient délicatement poser les capteurs sur ma poitrine. Pour lui, tout est affreusement normal, il ne voit là aucune idée déplacée ou malsaine. Contrairement à moi... « Maintenant, cours. » Je monte sur le tapis roulant et attends qu'ils fasse démarrer la machine pour me mettre à courir. C'est étrange. Bien plus étrange que toutes les visites médicales que j'ai bien pu faire lorsque j'étais plus jeune. Et pourtant, j'en ai vécu plusieurs à cause de ma différence... Mon supérieur a pris place sur une chaise, les jambes et les bras croisés, inexplicablement concentré par mon activité. C'est limite s'il ne cligne plus des yeux tellement il semble hypnotisé par mes mouvements. J'essaye de faire abstraction de son regard noir et de cette prestance bien plus qu'intimidante mais c'est plus fort que moi. Je ne peux détacher mon regard du sien. Et comme la première fois, comme lors de notre premier repas ensemble, je suis incroyablement et totalement absorbé par l'éclat magique qui se fait connaître à travers ses iris. Du noir, ils virent rapidement au marron. La pression que j'avais déjà connu depuis vendredi réapparaît. C'est bon...extrêmement bon, comme si...comme s'il était en train de me toucher en ce moment. Je continue de courir mécaniquement, sans même y penser. Les mains fermement accrochées sur le tapis de course, je m'exalte de cette sensation surnaturellement délicieuse tout en prenant le soin de contenir un maximum mon ressenti. Les lèvres du maître s'entrouvrent légèrement avant que l'une d'entre elles ne viennent violemment se faire mordre par ses dents. Il est toujours si stoïque et imperturbables pourtant j'arrive à deviner qu'il se passe également quelque chose en lui. Je repense alors à cette main, celle qui m'est apparue en rêve cette nuit, celle qui me caressait ardemment le pénis, celle qui me faisait jouir de plaisir, qui m'accordait la jouissance ultime sans même me pénétrer. Oui...mon désir refait surface. Ce désir ardent et inexplicablement somptueux. Je l'imagine alors être le propriétaire de cette main. J'imagine mon supérieur, mon patron s'acharner sur mon intimité, je me ressasse ces étranges flash-back de la veille, ceux dans lesquels j'arrivais féeriquement à imaginer la langue de mon maître entre mes lippes. Et l'espace d'une seconde, l'espace de quelques instants je souhaite plus que tout le savoir en moi.
– « Merde, tu cours depuis combien de temps, ducon ? » La subite interruption de Bora a tout cassé. Je ne ressens plus rien mis à part la chaleur et la transpiration qui dévale sur mon corps. Sa présence m'a totalement refroidie me faisant même douter de mon comportement de ces dernières minutes. « Tu peux t'arrêter, idiot ! Tu n'avais besoin de courir que cinq minutes, pas trente ! » Trente ? Depuis combien de temps suis-je là ?
– « Je lui ai dis de s'arrêter. Mais Sicheng avait envie de continuer... Je suppose qu'il voulait voir combien de minute il pouvait tenir. » marmonne insensiblement le maître en se levant de sa chaise. Est-ce vraiment arrivé ? J'ai l'impression que cela ne fait que quelques minutes que je suis là. « Fais vite. Je vais attendre à l'extérieur... » termine-t-il après m'avoir vulgairement jeté une serviette sur le torse. Je le fusille du regard, à la fois complètement perdu et furieux. Je ne sais pas vraiment pourquoi, j'ai juste envie de le maudire intérieurement...
– « Allonge-toi imbécile, je vais t'examiner... » souffle Bora, épuisé d'avoir à faire à des gamins comme nous. « Au moins, il ne pourra pas dire que tu n'es pas endurant... » Endurant ? Moi ? J'étais limite en train de mourir hier lorsque je courrais derrière le maître pour ne pas le perdre dans la forêt. Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi suis-je aussi changeant et bizarre ces derniers jours ?
– « Bora... Est-ce que je peux te demander quelque chose ? » La brune acquiesce silencieusement, bien trop concentrée sur ma prise de sang pour pouvoir me répondre. « Est-ce que le maître a essayé de consulter à l'étranger ? » J'imagine qu'avec l'argent qu'il a, il pourrait se faire ausculter par tous les plus grands médecins du monde. Je sais qu'il existe des maladies incurables, des maladies rares dont on ne connaît pas encore l'antidote par manque de cas ou de moyen financier. Mais j'aimerai juste m'assurer que Yoongi et ses parents ont fait le nécessaire avant de baisser les bras et de se contenter d'infiltrations douloureuses. Même si je ne sais pas grand-chose à son sujet, je m'inquiète pour lui. J'aimerai réellement qu'il puisse guérir. Personne ne mérite de vivre comme ça...
– « Oui...il l'a fait. Mais c'est...difficile. Sa maladie est très rare, voire unique. Il y a des cas légèrement similaire mais les autres ne possèdent pas les mêmes symptômes, la même malédiction. Parce que c'en est une, Sicheng... Sa maladie lui permet de supporter ou de faire des choses incroyables. Malheureusement, les conséquences n'en sont que plus grandes. Et souffrir éternellement, sans trouver le moyen de pouvoir apaiser cette douleur, c'est épuisant. » explique-t-elle sérieusement. Je n'avais encore jamais connu un tel comportement chez Bora. Même si je n'ai pas passé beaucoup de temps avec elle, j'avais fini par croire qu'elle était moins atteinte par la maladie du maître. Finalement, passer son temps à crier, à mal parler ou jurer sur la tête des autres n'est qu'un moyen pour elle de cacher ses angoisses. Parce que le poids de la mort du maître doit être bien plus lourd pour elle que pour les trois autres... « Sicheng... Je sais que tu vas trouver ça étrange mais...autorise-le à se servir de toi. Je veux dire...laisse-le profiter de ta présence, de ton innocence ou de ta naïveté pour lui offrir une vie plus normale. Agis comme s'il était de ta famille, comme s'il comptait pour toi... Parce que nous, il a dû mal à nous croire. Il ne le dit jamais de vive voix mais je sais qu'il pense qu'on reste à ses côtés seulement parce qu'on lui est redevable. » Je ne cherche pas à cacher mon avis sur sa maladie. Même si cela ne fait que quatre jours que je suis là, j'ai mal de le voir vivre dans une telle situation. Jamais je ne resterai pas dépit. Si je suis là, c'est sur les conseils de mon grand-père, c'est par choix personnel. En apprendre plus sur le maître, sur son mode de vie, sur sa personnalité et ses mystères, c'est le choix que j'ai fais pour honorer mon grand-père. Mais c'est aussi pour pouvoir offrir mon amitié à quelqu'un qui ne peut se permettre de sortir de chez lui pour vivre pleinement sa vie.
– « Tu me demandes de le faire vivre comme le ferait n'importe quel autre homme ? » la questionnais-je pour être sûr. Bora me sourit largement, affirmant mes dires au passage. « Alors...c'est ce que je vais faire. Même s'il doit me détester et me virer après... » ricanais-je. Une fois tous les tests terminés, Bora m'invite à retrouver mes habits et à rejoindre le maître à l'extérieur.
– « Hé, Winwin ! » Je me retourne vers elle après avoir aperçu le maître sous le porche du bâtiment, les mains éternellement fourrées dans les poches de son pantalon. « Merci... Merci d'être là. T'es en quelque sorte, l'espoir qu'on n'attendait plus... » Je me contente de sourire bêtement avant de lui offrir un petit geste de la main pour la saluer. « A ce soir, idiot ! » Même si je sais que ce doit probablement être dur de subir la maladie du maître au quotidien, j'aurai largement préféré qu'elle évite de prononcer ces dernières phrases. Parce que maintenant, sans le vouloir, je suis en train de me mettre une pression énorme pour pouvoir donner au maître, un minimum de plaisir avant sa fin...
– « Amen ! » s'exclame fermement Jaehwan au dessus des autres voix. Immédiatement, nos regards se portent en bout de table, sur le maître Min. Le visage pâle, presque totalement affaibli, il porte une première cuillère de riz dans sa bouche, nous donnant par la même occasion l'autorisation de débuter notre assiette. Cela fait déjà deux semaines que je suis ici. Rien n'est bien différent de mes premiers jours, mis à part le fait que j'ai finis par m'habituer à vivre en Corée. Jaehwan, Jinyoung et Bonhwa m'en apprennent tous les jours à propos de Yoongi mais aussi à propos de leurs petites habitudes ou autre... Je n'arrive toujours pas à dormir, ce qui fait que je me sens toujours obligé de faire une sieste l'après-midi, généralement en même temps que le maître. Au bout de quelques jours, j'avais fini par assembler mes rêves les uns avec les autres. Malgré le fait que cela ne semblait pas avoir beaucoup de sens, j'avais le sentiment profond que mon subconscient essayait toutes les nuits de communiquer avec moi à 3h03 précises. Alors pour m'occuper durant les longs moment de solitude auxquels j'avais le droit lorsque le maître décidait subitement de m'exclure de sa vie, je me convainquais que je n'étais pas encore devenu complètement fou même si je voyais également là l'occasion de m'occuper et pourquoi pas de me lancer dans l'écriture d'une fiction ou de quelque chose dans le genre... Puisque les deux premiers jours après mon arrivée, je n'avais pas réussi à me souvenir de mes rêves avec beaucoup de détail, j'avais pris pour habitude de noter chaque détail dans un carnet, même au beau milieu de la nuit. Il faut dire qu'à première vu, rien ne semblait coller ensemble pourtant, l'histoire s'écrivait. J'en étais certain. Quant à la pression presque insolite et divine à la fois que je ressentais parfois en présence du maître, je la ressentais toujours. Parfois de manière trop intense, me poussant même à la définir comme un besoin inexpliqué de sexe et de plaisir. Puis, de temps en temps, c'était à peine si j'arrivais à définir le lieu de sa provenance à l'intérieur de moi. C'était toujours inexplicable et inexpliqué malgré les nombreuses suppositions que je me faisais, toutes aussi absurdes les unes que les autres. Je ne savais toujours pas comment vivre avec, ni même comment la faire disparaître pourtant j'appréciais la ressentir de temps à autre, me demandant même si ce n'était pas simplement mes hormones qui me jouaient des tours.
– « Yoongi...est-ce que ça va ? » demande Bora, inquiète de l'état dans lequel se trouve le maître. Comme les autres me l'ont expliqué lors de mon arrivé, le maître effectue son infiltration une fois toutes les deux semaines. Je trouve cela extrêmement long, surtout lorsqu'on constate que l'effet de l'injection ne dure qu'une semaine et demi. Alors depuis trois jours, j'ai la souffrance de devoir le regarder subir sans rien pouvoir faire.
– « Je vais bien. Mangez. » prononce froidement le maître. Les autres ne savent quoi répondre. Alors, dans un silence accablant, ils se contentent de manger. Moi, j'ai perdu tout appétit. Je n'échange pas grand-chose avec le maître, surtout depuis la visite médicale chez Bora. En réalité, j'essaye simplement de prendre mes distances avec lui à cause des fantasmes qu'il m'arrive parfois de créer dans ma tête. Je ne le repousse pas. Je le traite toujours comme un patient, je me soucie toujours autant de lui. C'est juste que j'essaye ardemment d'arrêter de le voir comme un homme.
– « Peut-être pourriez-vous procéder à l'injection ce soir ? » supposais-je calmement à mon supérieur, assis à ses côtés. Bora, face à moi, me foudroie rageusement du regard. Attendre jusqu'à demain soir va tout simplement me rendre fou. Je suis frustré de devoir le laisser souffrir comme ça. Être totalement impuissant alors que je sais que quelque chose est en mesure de le soulager me donne presque envie de frapper sur tout ce que je trouve. Comment font-ils pour fermer les yeux, eux ?
– « Win...on vous l'a déjà expliqué. Ça pourrait être dangereux s'il le prend trop tôt... » avance doucement Bonhwa. Est-ce que cela serait vraiment nocif pour lui, vu son état ? Un jour de plus ou de moins, peut-il vraiment faire la différence ?
– « J'en ai conscience... Mais peut-être que... »
– « Je vais aller me coucher. » me coupe le maître promptement. Jaehwan se lève instinctivement pour lui venir en aide lorsqu'il prend appuie sur la table à manger pour se redresser. « Termine ton repas, Jaehwan. Sicheng va m'aider à monter... » J'agis immédiatement, entourant sa taille de mon bras pour le laisser se reposer sur moi.
– « Appelez-moi si vous avez besoin ! » ajoute le blond alors que nous quittons tous les deux le grand salon. Je n'ai pas eu le temps d'analyser son regard mais le timbre de sa voix trahi parfaitement la déception qu'il a ressenti lorsque le maître a refusé son aide. Je ne comprendrais jamais pourquoi Yoongi souhaite mettre autant de barrière entre lui et les autres alors qu' il se fiche bien de dormir contre moi ou de me demander de l'aide. Je le fais s'asseoir sur son matelas après de longues minutes difficiles à monter les escaliers. Il n'arrivera certainement pas à les descendre demain... Ça me tue de me dire qu'il lui faudra vivre dans de telle situation jusqu'à sa mort. Le maître est si jeune...à vingt-et-un ans, ce n'est pas une vie...
– « Maître, est-ce que vous avez froid ? » Je constate que je le mettre tremble et frémis à chaque geste pourtant, son corps entier transpire sous la chaleur. Min Yoongi referme les paupières pendant quelque secondes, inspirant et expirant profondément, me laissant paniqué seul dans ma réflexion. « Maître... »
– « J'ai envie... » m'interrompt-il faiblement. « J'ai envie de prendre un bain... Fais couler l'eau. » proclame-t-il alors qu'il se laisse tomber en arrière pour s'allonger complètement. J'exécute rapidement, coincé entre la porte de la salle de bain pour garder un œil sur l'eau qui continue de remplir la baignoire et le maître qui respire de plus en plus vite sous ses vêtements chaud. Peut-être devrais-je appeler Bora... J'ai l'impression que la situation est sur le point de m'échapper...
– « Je vais...je vais vous déshabiller, maître. Puis-je ? » osais-je demander après trois minutes de combat intérieur pour le faire. Je ne sais jamais vraiment comment agir avec lui. La dernière fois que j'ai pris l'initiative d'ouvrir la chemise de son pyjama, il m'a foutu à la porte de sa chambre, fou de rage.
– « Sicheng...dépêche-toi...j'ai terriblement froid... » susurre-t-il. Je retire son jean puis ses chaussettes. Je bug quelques secondes sur son sous-vêtement, préférant le retirer au dernier moment, lorsque nous serons à côté de la baignoire. Alors que je m'apprête à retirer son pull, le maître s'empare de mes mains pour m'en empêcher. « Ma chemise...va chercher la chemise de mon pyjama dans la salle de bain... » Je ne suis plus sûr de rien. Veut-il prendre un bain tout habillé ou bien, a-t-il changé d'avis ? J'exécute malgré tout, toujours aussi stressé et perdu. « Retourne-toi. » me commande-t-il. Si j'ai bien compris, il ne souhaite pas se retrouver complètement nu devant moi.
– « Si vous avez besoin d'aide pour l'enfiler, je... »
– « C'est bon. Aide-moi à marcher maintenant... » Je le porte contre moi, du mieux que je peux et l'aide à entrer dans son énorme baignoire d'eau chaude. Le maître soupire de soulagement lorsqu'une fois complètement allongé dans celle-ci, il commence à retrouver une température normale. « Lave-moi. » ordonne-t-il sèchement, la tête appuyée sur le rebord de la baignoire, les yeux rivés sur le plafond. Je retire donc mon pull pour être plus à l'aise. Heureusement pour moi, j'ai eu la fantastique idée de mettre un t-shirt en-dessous...vu comment je meurs de chaud, je n'aurai pas pu supporter mon gros vêtement plus longtemps. Je commence donc par lui mouiller les cheveux afin de les savonner. Le stress qui m'avait auparavant envahis redescends bien rapidement. Le maître semble plus apaisé. Un gant en main, je viens frotter ses pieds, ses jambes, remontant petit à petit jusqu'à son intimité qui elle est toujours recouverte de son boxer. « Enlève-le. » intervient Yoongi alors qu'il n'avait pas pris la peine de prononcer un mot ces dernières secondes. Les joues rouges, la gorge nouée, je plonge mes deux mains dans l'eau pour venir trouver ses hanches et retirer son sous-vêtement sans pour autant le brusquer. Mon supérieur n'a toujours pas bougé d'un pouce. Il observe toujours le lustre du plafond avec intérêt. C'est lorsque je comprends que je suis censé laver son intimité que les choses deviennent plus compliquées...
– « Peut-être préférez-vous le faire vous-m... »
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Beside me |sugawinwin|
Fanfic« Je n'écris plus une phrase affirmative sans être tenté d'y ajouter : « peut-être ». » Because the world is dark. kpopfanfiction | SugaWin | yaoi | +18 | @Kyunggy