Partie 1

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Aujourd'hui, je vais inventer une date. Celle-ci déterminera le début de notre histoire. Nous sommes le 1er janvier de l'année 2020.

J'ai un sentiment d'inexistence au plus profond de mon être. La musique me permet de m'évader, elle évacue des sentiments trop lourds pour rester à l'intérieur de mon âme. En ce jour, je me suis dit que je devais sortir. Sortir et admirer le paysage, avant qu'il disparaisse. L'on regrette bien souvent les choses, une fois qu'elles ne sont plus. J'ai perdu mes parents et mes grands-parents jeune. La majeure partie de mon éducation a donc été assurée par mon parrain. Le parrain est "le père devant Dieu", car j'ai suivi une éducation religieuse qui m'a notamment permis de voir que tout ne pouvait pas correspondre à la vision de l'Église.

En sortant, je prends mes écouteurs et mon lecteur MP3 Sony. Il est très vieux, mais j'apprécie la qualité du son, et non l'aspect physique de l'objet. J'écoute cette musique, si belle est sa voix ! N'est-ce pas ? Cela est surprenant.

Je marche dans la rue. Je suis seul (j'écrirai toujours au masculin, il s'agit d'une convention et non de la preuve à l'appartenance à un sexe). Les gens me bousculent, j'ai la tête baissée. Peut-être que c'est moi qui les bouscule. Je n'en sais rien, et je n'en saurais jamais rien de ce moment. Une entrée complètement faite en lianes de fleurs se présente à moi. Entrons dans ce petit jardin que la ville a mis à notre disposition.

Une douce odeur parfume mon corps. C'est une fleur rose pâle, dont le nom m'est inconnu. Je suis ici, pour profiter et faire agir mes sens. La beauté de la nature se trouve dans le savoir se laisser transporter physiquement et mentalement. Il y a, tout au fond, une sorte de tunnel qu'ont formé de jeunes bois repliés sur eux-mêmes. Cet endroit ombrageux, abrite deux bancs, l'un face à l'autre. C'est très beau. Comme si de l'autre côté, nous attendions quelqu'un. En réalité, ce banc, où l'on s'assied seul, nous pousse simplement à l'espoir sans la concrétisation de ce rêve tant attendu. J'avance encore, je sais qu'au-delà, il n'y a plus personne.

L'endroit est abandonné, délaissé car le lac contient des bêtes étranges. J'emploierais le terme de bêtes étrangères à l'homme. Quand quelque chose ne nous est pas familier, on le distingue et le met à l'écart. C'est de la bêtise que de conserver des opinions aussi sévères. Aujourd'hui j'ai confiance en l'Homme. Bientôt, nous serons capables de nous accorder sur tous les différents termes, ainsi la philosophie n'aura pas exister seulement pour la littérature, mais pour l'histoire de nos pays.

Je m'assieds au bord du lac, j'ai du mal à regarder mon reflet. L'eau est agitée. Quelque chose produit des ondes au-dessus de cette surface ordinairement si paisible. Cette présence ne me dérange en aucun cas. L'air frais passe dans mes cheveux, je peux ressentir tous les bienfaits de cet air pur sur mon corps entier. Puis, il y a cette chose dans l'eau, que je ne peux distinguer et qui ne cesse de susciter mon attention. Elle semble s'approcher de moi. Ma peur est normale, c'est "humain" dit-on. Je recule d'un pas, après tout à cette distance il n'y a aucun risque qu'elle puisse m'atteindre. Quelque chose de noir sort de l'eau, un bruit de respiration, c'était quelqu'un. C'était un homme. Il ne m'avait pas encore remarqué, ses yeux étaient encore fermés. Ma frayeur s'en alla et je gardai silence.

Quant à lui, il ouvrit enfin les yeux, sortit de l'eau sans rien dire. Il me fallait trouver un autre endroit de solitude. 

La vie couleur saumonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant