J'utilisai le peu de courage qu'il me restait et me dirigeai vers la salle de bain. J'ouvris le robinet et fis couler de l'eau chaude en grande quantité. La pièce était minuscule, il n'y avait pas même de fenêtre. Le miroir disposé au-dessus du lavabo était fissuré, Anne était maladroite ou bien colérique. N'est-ce pas ? Mon reflet était fragmenté, tel un puzzle. J'enlevai avec peine mes vêtements flottant sur mon corps. Les jambes tremblantes du poids de cette bestiole, j'entrai. Une vapeur s'éleva et fit rougir ma peau. Cette chaleur était agréable, je sentis mes muscles se détendre. Toute cette lourdeur, cette rigidité s'étaient envolées avec ce nuage.
Je plongeai ma tête sous l'eau quand quelqu'un vint frapper à ma porte. Était-ce encore une de ces blagues peu marrantes ? La personne frappa de nouveau, agacé je sortis et me séchai. «Attendez deux minutes. J'arrive !» criai-je. Je me chaussai de mes pantoufles et allai répondre. Ouvrant la porte, je ne pus que constater la porte du voisin d'en face. Il n'y avait personne. Furieux et désolé pour cette attitude, je vidai l'eau de la baignoire et repartis au lit.
Et si cette personne me voulait vraiment quelque chose ? Je méditai sur cette hypothèse et ne voyais que l'homme aux cheveux de feu. Mais, comment pourrait-il connaître mon adresse ? Il m'aurait suivi ? Jusqu'ici sans que je ne ne m'en rende compte ? C'est peu probable. Ce doit être quelqu'un d'autre. S'il voulait me voir ce bel inconnu il serait plus souvent au parc Newton. Enfin, c'est peut-être ce qu'il fait. Après tout je n'y vais pas tous les jours non plus. C'est ma faute.
Les douleurs me reprirent brutalement dans le dos. Sur ma table de chevet, il ne me restait plus qu'un médicament contre les douleurs. Je le pris à l'aide d'une petite bouteille d'eau que j'avais laissé glisser sous le lit. Je fixai le plafond, fissuré lui aussi. Bâtiment peu solide ? Ancien ? Tremblement de Terre ? J'étais aussi stupide que mes pieds. Il faudrait réparer tout ça et arranger une décoration beaucoup plus moderne. Je consens à dire qu'un étudiante n'a pas le temps de se livrer à ce genre d'activités... Les vacances ? Non. C'est perdre son temps de loisir, et de repos. Regardez-moi, je veux décorer cette pièce ! Avec quel argent ? Celui que je n'ai pas ?
On est inconscient lorsqu'on accorde de l'importance à tant de choses, pourtant si banales au cours d'une vie. Ce SDF est mort à cause de ça. À cause de notre égoïsme, notre avarice et notre orgueil. Et moi je pense à dépenser inutilement. Que m'arrive-t-il ? Aurais-je perdu mon esprit critique ? Non, il ne faut p...
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La vie couleur saumon
Spiritual"Je suis ni un homme, ni une femme. Bien au contraire, je suis toute l'humanité de cette société." Il m'arrive de sortir quelques phrases de ce genre, lorsque la solitude m'envahit. Je n'ai pas de nom, pas d'âge, pas de caractère. Je suis, la person...