On frappa à ma porte, le 10 janvier 2020. Qui voulait me déranger ? Le bel homme aux cheveux de feu ? La personne frappa à nouveau, trois coups successifs. Je me levai et regardai ma montre. Il était 9H00. Le soleil qui illumine mon esprit n'était même pas réveillé lui. J'enfilai un peignoir et répondis que j'allais arriver d'une minute à l'autre. Je croyais que l'inconnu allait répliquer. Mais rien de cela, il attendit comme je lui ai demandé. Il ne m'a fallu que quelques secondes pour ouvrir la porte. Cette porte si abîmée, battue, qui a du être témoin de nombreuses choses. Le propriétaire n'avait pas verni la porte, le bois en souffrait énormément.
J'ouvris la porte, il n'y avait plus personne. Quelle mauvaise blague ! Hélas, j'étais encore trop fatigué pour laisser paraître une quelconque forme de colère. La liberté, c'est également ça. Refermant la porte, je me déchaussai et enlevai toute cette couche d'habits inutiles. Mon lit avait gardé le contour de mon corps, si mince et... et si creux. Je m'allongeai, les yeux fermés, et redéposai la couverture sur moi jusqu'aux épaules. Je me sens protégé, une carapace que personne ne veut et peut casser. C'est bien le seul endroit où je peux affirmer mon autorité.
Il était désormais 11H47, cela faisait déjà trois jours que je n'avais rien mangé. Le réfrigérateur était vide, je ne mange pas régulièrement. Je sais que remplir le frigo ne serait que du gaspillage. J'ai pensé à ces gens, qui vivent dans la rue et qui mangent nos déchets. Si ils peuvent encore les manger, c'est qu'on a gaspillé. Est-il donc nécessaire d'en acheter autant ?
Quand j'étais tout petit, ma mère achetait beaucoup de choses : des jouets, des boîtes, des vêtements, de la nourriture. Je ne voulais jamais partager ce qui était à moi, cette notion de "propriétaire" s'est bien vite dissipé, lorsque j'ai commencé à regarder le SDF qui vivait dans la rue de l'école. J'avais de la pitié pour lui, et je n'arrivais pas à le comprendre. Mais pourquoi est-il ici ? Il n'a personne pour l'aider ? Où sont ses parents ? Sa famille ? Ses enfants ? Et je demandais tout ça à ma mère, qui me répondait toujours : "ne le regarde pas ! Il est saoul, il a tout dépensé pour mener une vie de débauche, tu finiras comme lui si tu ne m'écoutes pas." Ça lui arrivait d'être inconsciente ma mère, elle jugeait facilement, pour me protéger je crois...pour répondre à mes questions. Bien plus tard, j'ai vu les enfants le bousculer et le donner de francs coups de pieds. Les parents las, laissaient leur enfant faire cela. Il ne gênait personne, et n'avait rien demandé. Il restait tout le temps assis, tête baissée, à demi-mort. Pourquoi le frapper ? Et il ne répondait rien, il se laissait faire. Quel genre de personne pouvait accepter des coups ? Les honteux, les honnêtes, les enfants de Dieu ? QUI sur Terre en était capable ? Personne. Quelques mois plus tard je compris qu'il était mort, il n'y avait plus rien de lui. Seuls des morceaux de carton sur lesquels il dormait n'avaient pas encore été retirés. Je m'en suis voulu, j'aurais pu lui donner un morceau de mon pain le matin, quand ma mère me laissait y aller à pied. Peut-être qu'avec ça il aurait résister à la mort. Je n'en sais rien...
Je préfère manger des pâtes, des conserves et des biscuits secs. J'ouvris le meuble et n'y trouva un paquet de biscuits au chocolat. C'était tout ce que j'avais pour le mois. Le paquet ne contenait que trois pauvres biscuits. Je ne pouvais pas les manger tout de suite, même pas un seul ! La faim, c'est passager. Sortons
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La vie couleur saumon
Espiritual"Je suis ni un homme, ni une femme. Bien au contraire, je suis toute l'humanité de cette société." Il m'arrive de sortir quelques phrases de ce genre, lorsque la solitude m'envahit. Je n'ai pas de nom, pas d'âge, pas de caractère. Je suis, la person...